1 l \ ■^ fx .%,l"?î^ m ^ li I RÉPUBLIQUES Cff pour honnère homme. 11 méprifoit le favoir , & diioic que, s'il avoit autant lu que les autres gens de let- tres , il feroit aufîl ignoraiK qu'eux : en quoi il avoit raifon à certains égards , puifqu'un favoir pédanrefque fans philofophie , ne fervoic qu'à perpétuer les erreurs. L'homme , fé- lon lui , cft méchant par fa nature : principe qui ne tait pas honneur au çaradere de ce philofophe. Aulîi lui reproche-t-on d'avoir favorifé la ty- rannie. Harvey acquit une véritable gloire Harvey. en découvrant la circulation dufang, regardée jufqu'alors comme une chi- mère, ou du moins comme une chofc douteufe. Mais le plus illuftre génie de l'An- MUcoa. gleterre fut Milton. Miférable décla- mateur quand il écrivit pour les ré- gicides , il s'éleva dans le Paradis perdu au plus haut degré du fubli- me. Les défauts énormes de ce poëme n'en éclipfent point les beautés. Ce qu'il y a de plus étonnant, c'eft que l'auteur le compofa fous le poids de l'info 1 tune , pauvre , aveugle 3 nié- prifé ; & qu'un ouvrage iî admiré eu ^ TQmclIL % ^¥^ RÉPUBLIQUE. Angleterre, refta long-temps inconnu dans une boutique. Finances; Sous le gouveniemenc républicain , toutes les taxes montèrent , année commune , à plus de douze millions de livres fteriing. Le revenu des rois n'avoic jamais approché de cette fomme. En 1^50 , des commiOTaires furent chargés de l'accife de des droits de douane ; mais Cromwel les afferma , félon l'ancienne coutume , en 1^57; & Ton offrit onze cent mille livres (lerling pour ces deu5Ç impôts j qui valoient moins fous la régie des commiifaires. Le protedleur lailïa deux millions de dettes malgré . . . " Ion économie de fa vigilance. Les difficultés du gouvernement, l'efpio- nage , la guerre, une armée toujours fublidante , ne pouvoient manquer d'engloutir les revenus. Troimes La république en 16^1 avait fur leur paye, pied plus de cinquante mille hom- mes , dont la paye étoit ordinaire- ment d'un fchelling par jqur pour l'infanterie , & de dertX' fcnellîrfgs Se demi pour la cavalerie. U n'eft pas furprenant , comme l'obferve M. Jlunie, que l'armée s'opposdç, aurQ- RÉPUBLIQUE. ^f rabUfTcment da gouvernement civil , qui devoir encraîner la chute d'un® profeflion fi lucrative. Les troupes par- lementaires , tant milices que trou- pes réglées, faifoient environ quatre- vingt mille hommes vers le tempç de la bataille de Worcefter. Avant les guerres civiles , le com- Commerce, merce s'accrut beaucoup fous Char- les I. Celui des Indes orientales & de la Guinée étoit fort avantageux. Sept cQnt mille livres fterhng . for- toient chaque année de la monnoie, Tous les ans on envoyoir vingt mille pièces de drap en Turquie. Le gou- vernement républicain i établit cette fource de richelTes , altérée par les guerres civiles. Ce fut en grande partie le fruin de l'aâie de navigation publié en iCjjiicar les Hollandois ne faifant plus dès-lors le commer- ce maritime de l'Angleterre , les Anglois s'y porrerent avec ardeur. On aobfervé que fous Charles I ,il n'y avoir pas trois vailîeaux marchands 4u port dè^jco tonneaux; & qu'il y en eut plus de quatre cents fous Charles H , qui renouvela l'ade de Ccomwel en 16^0. E ij '|00 RÉPUBLIQUE. Noblefle Une des chofesqui contribua prin-» fçmmerjance cipalemenc à faire fleurir le commer^ ce , c'eft que les principes de la dé- mocracie atfoiblirent les préventions de la vanité. On vit les enfans de la la petite nobieiTe entrer en apprentif-? fage chez les marchands. Cette pro- feflion utile à l'état devint honora- ble. La même façon de penfer s'eft maintenue jufqu'à nos jours , &c l'ex- périence de l'Angleterre en démontre les avantages. Pourquoi feroit-ii hon- teux à un noble de s'enrichir par le commerce , plutôt que de croupir dans une oifive & malheureufe pau- vreté ? Rédudion L'intérc-t fut réduit au fix pour cent -' i'^n^erec. ^^^ i6^o, Nous l'avons vu au qua- torze pour cent avant le règne d'E- lifabeth. Cette différence prouve une grande augmentation d'efpeces & un meilleur fyftême de gouvernement, t'argrentde- Faifons ici une remarque impor- v.nu le réf. tante. Depuis la chute du gouverne- yïncmsns.'" nient féodal , les diverfes puilfances de l'Europe s'étant agrandies ; for- mant de vaftes entteprifes au dehors ; ç'unilîant ou fe divifant entre elles , pat des intcrçts d'^p;ibiti(?n ^ 4? PQ-i R É P Ù B L î Q U E.' 1 0 1 litique; ne connoilfant point les rap- ports de la vraie politique avec le' bonheur particulier de leurs fujers ^ avec le bien général de l'humanité ^ ajoutant le luxe & le fafte aux char- ges déjà il onéreufes de i'érat : l'ar- gent étoit devenu le principal reifort des grandes atîaires, les finances dé- voient prefoue décider de tout. Ce mal auroit dû faire fentir la néceffité d'un plan d'économie très - exaét^ Henri IV j EHfabeth , Cromwel l'avoient fentie. Plus nous avancerons dans l'hiftoire , plus nous verrons que les fautes du gouvernement à cet égard entraînent une infinité de malheurs* CHARLES IL m ■ ''■ JL ouTES les apparences arinoncoîent i6 loij Charles il de quelques garnifons , premier exemple d'armée fubfillante ious la monarchie. tcp^rJe- Charles congédia le parlemenc mcnrd ficus, d'une manière gracieufe & honora- OiTre 'r-11- b'^- ^^ aiiroîc pu , s'il fauc en croire «jnceaiiroi. quelques auteurs , en obtenir deux millions fterling de revenu fur les terres , outre les droits d'accife & de douane : cette fomme auroit pu ren- dre la couronne indépendante. Les mêmes auteurs ajoutent qu'un mem- bre des communes lui ayant fait la propofition, il la rejeta par les con- feiis du ihamelier. Le meilleur revenu de votre rîiajepé, lui die Clarendoiï en vrai citoyen , efl de gogner les coeurs de vcs Jujets : avec ce fccours y l'argent ne vous manquera jamais. On a tout lieu de pcnfer que cette offre d'un membre n'auroir point été du soût des communes. Elles accoF- derenr beaucoup , mais avec Ats pré- cautions qui prouvent combien elles avoientàcœur de maintenir les droits du pr.r'ement. Il n'y eut pas même de fonds aiîignés pour les deux tiers de la fomme deftinée au rot. rc'taHi avec •*- Cpilcupat teUOU Cil q.UÇlqUC loil* C H A R L Ê s îî. itj'^ à la monarchie , îk n'avoir été aboli par aucun pouvoir Icgal ; il tut reLa- bli fans violence par la leule auto- riié du prince. Dans une affaire fî délicate , fi odieule pour les presby- tériens, Charles fe montra d'abord très-niodcré , & réfolu de ne pas donner atneinre à la liberté de conf- cience qu'il avoir promife. La juri- didion épifcopale devoit être conte- nue i?c limitée^ la liturgie, déchar- gée de ce qui choquou les partis con- traires j de chacun, libre de ne rien faire contre (es principes. Un foulé- soulèvement vemenc des millénaires * , qui fe je- de fatinti^aes terent dans Londres , proclamanc le roi Je/us, Se qui fe défendirent en furieux , fournit au minifteredes rai- fons ou des prétextes d'abandonner cette indulgente politique. Ceux qu'on exécuta loutinrent jufqu'au dernier foupir que j s'i/s avoient été dans Verreur , c'écoic U Seigneur au Us de- vaient en accufer. Quelle démence du fanatiîme î * C'efi: le nom d'une frct^ qui s'imigi- noir que Jefus-Ciirift dfevoit légntr mill©' ans fui la câiie, Ê vj ic8 Charles IL lespreîby- Clarendoii haïiroit furtoutlespres- térieas trop bvtériens , doiu le çénle factieux fâûrneâre. avoit occationnc tous les Troubles du royaume. 11 n'attendoit que roccafioii de les afFoiblir & de détruire leur fede. La prélatare , d abhorrée eu EcoiTe , y fut rétablie ar.ui bien qu'ert Angleterre. On calla le covenanr , -•lit V cet acte autrefois rcvere comme di- vin. Le parlement écoflois témoigna' la plus entière déférence aux imen- rions du monarque j mais le corps de la nation conTerva un levain de mécontentement toujours dangereux^ Charles auroic voulu réunir les pres- bytériens à l'églife nationale. On tint pour cela une conférence eccléfiafti- que ; d'autant plus inutile, que les deux partis n'y apportèrent que leur entêtement j avec la réfolution de ne rien céder. ^ Un nouveau parlement , où Ton iC6j, n© comptoit que cinquante-fix près- Parlemenr bytérieus daus la chambre bafle , fi- A'fle en "i ' ,. f. -, , „ '.e:ir de la gnahi lou zcle pout la couronne oC tciixonie. pour l'églife. il déclara qu'entrepren- dre d'emprifonner le roi ou de le dépofer , étoit un crime de haute- traJiifon j c^ue l'accufer d'héréfie oa. Charles ÏÎ. î05)> de papifme , & le décrier pat des libelles , écoit un délie qui dévoie exclure de toutes fortes d'emplois; que le pouvoir de l'épée lui appar- tenoit j de même qu'il n'étoit pas permis de fe défendre contre lui» On ^^ ^'\^n,■^ condamna au feu le covenant Se d'au- formiic, très ûéles des républicains. Enfin on palfa un bill d'uniformité en matière de religion , portant que tout mi- niftre qui n'avoir pas reçu l'ordina- tion épjfcopale , feroit obligé de la recevoir j qu'il feroit profefiion d'approuver fans réfetve le livre àe& prières communes ; qu'il prèteroit le ferment de TobéilTancc canonique y qu'il abjureroit le covenant , de re- nonceroit au principe , quil eji des- cas où. l'on peut s'armer contre le ro'u Ce fameux aéte fut un coup de fou- dre pour les presbytériens. Confon- ^ . « jl. .ri j r • c\ Cet acte (SfO'"- dus avec les autres non-conrormiltes, pre à aigir* avec les catholiques mêmes, ils fe i"^«^i'^«*' voyoient expofés aux peines portées contr'eux , après avoir vu Te presby- rériar dominant fous la république. L'égiife anglicane étoit remife dans l'ancien état ; les lois pénales alloient revivre i la liberté de confcience^ex- i\ù Charles t Ï. preiTémenî promife par le foiiverairf^ ie trruvoit nnéaiitie. C'étoïc déchirer des cicatrices bien délicates. L'expé- rience découvrit le danger de ces violentes mefures. On les attribua aux catholiques , qui defiroient ou de par- tager le bieiinic de la tolérance avec les presbytériens , ou que ceux ci partageaHent avec eux les rigueurs de la perfécution. Le roi donna, malgré Jui , fon confentement à ce bill. Cla- rendon en tut canfe plus que per- sonne ,& fe fît par- là beaucoup d'en- nemis. L n fublîc'e extraordinaire, de douze tfioiàAalTt, cent milie livres fterling , prouva enco'e l-c; zcle du pailemeiu ; &: l'on accorda de [lus au roi, fa vie durant, un impôt de deux f hellmgs fur cha- que fover. Rapin Toyras en conc'nf que cQ parlement vouloir rendre Charles allez riihe pour fe fourenit par lii-même. Hume remarque aa contraire (;^ue, malgré une augmenta- tion Ci ai.fidérable , le revenu de la couronne . penoant.plufienrs années , n'ex éda pas un rniHion de livres fter- ling \ fomme infuffifante pour lesdé- penfes publiques. Il êII évident qu» ?^ hfv]' C n A R L É 3 n. il t Li couronne ne pouvoic fe fontenif fans une augmencation conlîdérable de revenu j piiifque tout écoic confî- dérablemenc augn"senré de prix , en proportion des richeiTes \ & que les charges de l'érat fe rnultiplioient chaque jour. ^ Lamberr & Vane croient toujours ■ — ^77^7^ en prifon. Ils n'avoient point trempé Procès rfs dans la mort de Charles l ; mais leur y,'"L* '^^ ' Lambert* acharnement contre la couronne Jes ayant fait excepter de Tamniftie , les royaliftes demandèrent avec ardeur qu'on les jugeât. On inftruifit enfin leur procès. L'accufatîon contre Vane ■ ne tomboit que fur la conduite qu'il avoit ténue deouis l'exécution du roi, en qualité de confeilier d'état 8c de fecrétaire pour la marine- Il allégua Défenfas pour -fa défenfe la nécefllté d'obéir ^"P^'^^^'^^- au gouvernement établi, quelque il- légitime qu'il puitîe erre. « Si cette « obéilïance eft crin->inelle , dit-il^ » dès que la force aura changé le gou- 33 vernement d'un état, toute la na- « tion doit s'attendre à périr par les j> fupplices. Les ufurpareurs puniront n les uns de leur fidélité au prince *> dépolTédé , & le prince punira les 1 I 2 C H A R L î S ï î, a antres cie la foumiflîon aux uraf-' j> pareiirs. Pour prévenir cet afFieux >r défordre , & mettre à coivvert la vie îj &c la liberté des citoyens^ Henri » Vil a décl.iré qu'on ne feroic un » crime à perfonne de (on obéiirance »5 au piince a les titres de ceux qui gouvernenr« » D'ailleurs, les plus honnêtes gei::s a ayant éré divifcs entre le roi & la;' «république, pourroit-on le cou-- 55 damner pour r.voir fuivi un parti 3> auquel il étoit iié par le cavenant , >•? obligation fa^nre & indifîoloble ? »• Ces raifcns ii'efîacerent pas le fou- venir des démarches féditieiifes da l'accufé. Les juges s'en tinrent à la lettre de la loi. Vane, naturel lem.enr tinTide , reçut la mort avec toute l'iri' trépidité des fanatiques. C'eft lui qui avoit le plus influé dans le jugement du cotr.ce de Strafford; & il fut la dernière vitlime de ces r.mg;lnnres que- relles. Lambert , condamné comme ïui , obtint une furféance d'exécution. Il vécut encore près de trente ans ; plus heureux peut-être dans fon exil> c^u'il ne l'étoit dans la carrière épi-; iieafe de la fortune. Charles II. iif Tour prince fans économie s'ex- DimkrrqHô , r \ 1 11 ' /T' /~>'."^1 vendu à la pôle a de cruelles necellites. C. etoïc le prince faute principal défaut de Charles U'-, d'ai- d'économie, mer les pîailirs avec excès, &: de prodiguer l'argent pour fatisfaire (gs goûts. Les charges de la couronne abforboient des fommes immenies. il auroit dû Te rc-ftreindre fur le refte, autant que l'exigeoit une prudente politique. Si un monarque abfola s'expofe beaiuoup en fe ruinant, que fera-ce d'un prin.e qui n'efr pas maî- tre de lever un feuî impôt ? Cepen- dant le dernier fubfiae , la dot de la nouvelle reine Catherine de Portu^ gai , deux cent mille écus que la France avoir donnés , tout étoit déjà englouti. Le roi avoit encore à payer la dot de Henriette fa fœur , cpoufe du duc d'Orléans. Prelfé par le befoin, il vendit Dunkerque à la France qua* tre cent mille livres fterling. Cla- rendon lui-même approuva cette dé- marche. On faifoit monter à cent vingt mille livres fterling les frais annuels de la garnifon j & les avanta- ges qui en revenoient alors n'appro- choient point d'une dépenfe fi oné- leufe. Ce marché excita néanmoins i t4 Charles 1 Î. les plus grands murmures : il en aa- roit excité, quand même le roi eCic été à couvert du reproche de dilïipa- tion. Louis XIV fit de Dunkerque un port , également utile à Ion royaume^ & redoutable à l'Angleterre, î^^^rp'hv- L'aéte d'nnitormité produifit une drîens vexés forte de révolution eccléhadique. On le nommoif l'afte de la faint-Barthe- lemi; parce que rexécution éteit fixée au 24 aoûtj fête de cet apôtre. Sans être comparable à la faint Barthe- lemi de France , il mit à l'épreuve l'invincible opiniâtreté àss enthou- fiaftes. En un iouf & de concert, en- viron deux mille miniftres presbyté- riens renoncèrent à leurs bénéfices , plutôt que de ligner les articles de cet afte. Le clergé anglican fe vengea de laperfécution , en devenant perfé- cuteur : ( c'efl: le penchant trop na- turel du cœur humain, & l'hiftciire de tous les (iecles. ) Les pre^^byté- tiens j dans le temps de leur triom- phe, lui avoient du moins laiflé le cinquième des bénéfi es. On leur re- fufa une fi légère reffource , quoique demandée par les pairs. On porta la dureté jufqu'à leur défendre en 166^ Charles II. uj d'approcher plus près que de cinq milles , excepté en voyage , des lieux où ils avoient exercé le miniftere , fous piine de lîx mois de prifon ince ménager les coniciences icrupuieules défapprouvcc qui crai^noient de fe conformer au P" '= P*''-^ culte établi ; & comme le parlement '^' * étoit prorogé , il aOura qu'aux pro- chaines feflîons , il tâcheroit de lu^ î 1 (J Charles î Î. faire autorifer cette indulgence. Le parlement ralTemblé peu de temps sprès , loin d'approuver la déclara- tion, repréfcnta au roi que fon ex- trême douceur avoir attiré dans le royaume un grand nombre de prê-*- très romains 6c de jéfuires ; & de- manda un ordre pour lès obliger d'en forcir. On exceproic cous les prêtres étrangers de la maifon des deux reines, ( la reine mère étoit revenue dans le royaume) & ceux qui croient à la fuite des ambalfadeurs. Charles publia une proclamation conforme aux defirs du parlement ; mais au fujcc de ces prêtres, le moc d'etrûngers fut omis; ainfi la procection des reines s'étendit fur les Anglois comme fur les autres. Le parlement accorda qua- tre fubfides , le clergé autant ; l'un Se l'autre fatisfaits de la complaifance , du prince. i6 6^. Une guêtre entreprife contre les Gii.rrs av-c Hollandois augmenta bientôt Ces bê- la Hollande. /• • r ^ r \ • ' ^ loms. Les communes le plaignoient des Etats généraux, plus par jaloufie que par équité. Leut enviant un commerce que l'économie rendoit fupcrieur à celui de l'Angleterre, ellesf Charles IL 117 ^ttencîoient impatiemment l'occafiou de le craveifer qli de l'alîoiblir. Le duc d'York , foie intérêt national , io\t haine contre une république prq- teftante , pouCToic fon frère à une rupr lure. Ciarendon n'approuvoit point ces dedeins; mais il avoit perdu beau- coup de fon crédit , &z touchoit au moment de la dilgrace. Quelques violences des Anglois f uren: fuivies de repréfailles. Ruyter leur enleva prefque tout ce qu'ils avoient pris. Charles fit équiper une flotte , préfi- dant lui-même à l'ouvrage ^ parcou- rant les ports , animant les travaux par fa préfence & fa libéralité. Un fubfide de près de deux millions & demi die livres fterling , le plus fort que l'on eût jamais accordé aux rois, le mit en état de faire d'immenfesi préparatifs. La guerre fut déclarée à quoique la Hollande n'oubliât rien pour la prévenir. Jean de Wh gou- vernoic alors cette république en qualité de grand penfionnaire*. Aulli *hc: penfionnake en Hollande eft celui ^ue la république charge priacipalei^ept 4^ |cs ajîairç^, '{i3 Charles II. courageux que prudent , il s'arma contre les périls qu'il ne pouvoic éloigner, I- La flotte angloife , commandée i66j. par le duc d'York, étoitdecent qua- Eacaiilcs tQfze vailfeaux , & avoir à bord vingt- deux mille hommes. Opdam , amiral hoilandois , rifqua la bataille. Son Vâitreau fauta malheureufement; les Hoilandois furent vaincus. Alors de Wit fe rendit lui-même fnrla flotte , ôc (on génie répara les fuites de ce , . ^„, revers. Louis XiV, après avoir tenté Louis XIV. ., , , '^ ... , , pouriesHol. inutilement de réconcilier les deux iandois. nations, fe déclara en faveur de la Hollande , malgré l'offre que faifoiç Charles , de lui abandonner les Pays- bas efpagnols , s'il ne s'oppofoit point à fes avantages. Colbert , ce fameux miniftredes finances, auquel louis dut en grande partie l'éclat de fon règne , avoit déjà commencé l'é- tabliflemcnt d'une marine. Le duc de Beaufort commandojt une efcadre de quarante vaifl^eaux : les Hoilandois dévoient la joindre. I a flotte angloife, fous les ordres de Monk duc d'Al- bemarle & du prince Robert , étoit (de foixante de quatorze voiles. Albe? Charles II, IJ5) marie eut la confiance d'en détacher vingt vailTeaux , qu'il envoya contre les François. Avec le relie , il attaqua Combat âe les Hollandois fupérieurs en forces, ^"*"' J°"^*' Ce furieux combat dura quatre jours, & parut finir à l'avantage des der- niers. Leurs amiraux Ruyter & Tromp , quoique divifés par un efprit de fadlion , foutinrent également l'm- térêt de la patrie. Bientôt les Anglois vinrent encore les attaquer. Ruyter Ruyter bs^ battu fit une retraite gloneufe ; mais indigné de plier devant l'en nemi: Que je fuis malheureux ! s'écria-t-il , de tant de boulets , n'y en aura- t-il pas un feul qui puijfje finir ma mijerable vie f' Les Anglois devinrent paï cette action les maîtres de l'océan. Beaufort paifa prefque fous leurs yeux pour Joindre la Aozze hollan- doife; Ôc ne la trouvant plus , il eut le bonheur de rentrer à Breft fans autre perte que celle d'un vaifleau. Plus de cent mille habitans de Lon- Pefte & dres étoient morts de la pefte l'année '""';'''^^^ ' 'j T r L ' j 'r I Londres, précédente. Le reu acheva de deloler cette capitale. 11 prit dans la maifon d'un boulanger , & pendant trois jours §C trois nuits il continua fes ravages. 'lio Charles II, On compte environ quatre cents rues & treize mille maifons réduites en cendres. Les rues étoient fort étroi- tes , les raaifons prefque toutes bâties de bois. Un changement avantageux fuivit ce défaftre. Londres fut bientôt une ville plus belle ce plus faine. La pefte qui y.etoit auparavant très- commune , n'y a jamais reparu de- puis. Daacciifede . Telle eft 1 injuftice de la haine : rincendieles [q^ événemens les plus naturels lui paroilient des crimes médites, bans laifon , fans preuves , les ennemis des catholiques leur attribuèrent l'in- cendie. A la foilicitation de la cham- bre - baffe , Charles bannit tous les prêtres ôc les jéfuites ; ou plutôt il fit pour cela une ordonnance, dont l'inexécution rendit fa foi plus fuf- pede. 1^'"'—" — ' Ce double fléau du feu & de la Négociîc'ion P^^^ > j^"'"^ ^^^ dépenfes exceflives deSrsda, de la guerre & au peu de profit' réel qu'on en retiroit, lui infpira^ ainfi qu'a toute la nation , le defîr de trai- ter avec la Hollande. On ne veut pas prévoir les maux de la guerre : on (^ repenc prefque toujours de ne les avQJç Charles II. izt àVoir pas prévus. Charles propofa lui mcme raccomraodemenc. Les Hollandais , gae leurs richeflis & leur marine foutenoient fur un meil- leur pied que l' Anglererre , demandè- rent l'alrernarive , ou que l'on remîp les chofes dans l'état où elles étoient avant la rupture , ou que les deux peuples confervafTent leurs acquifi- tions préfenres. 'Certe dernière offre fut acceptée , de l'on ne difputoit plus que fur l'île de Poleron dans les Indes orientales. Tandis que la nécro». iat'ion traînoit , Fnt-rq^rife \ t) / j I r • • i "^idic des aBrcda, le penlionnaire entreprit de HoUandois* venger avec éclat les injures faites à fa patrie. Comme il n'y avoit point de fufpenlion d'armes il profita de la négligence de Charles qui , pour payer fes dettes avec les fubfiJes , fe coiitentoit d? tenir en mer deux foi- bles efcadres. La flotte de Hollande , fous le commandement de Ruyter , alla brûler des "vailieaux anglois uf- ques dans leurs ports, jufques dans laTamife. On craignit même pour -j.^^-^ ^ Londres. Mais le traité de Rréda mit Bréda. fin aux alarmes &c à la deftrucLioii. Les Anglois eurent laNouvei'le-York , .Tome IIL f m Charles lî. les HoIIandois Poleron, & les Fraiw çois l'Acadie. îFîi'grace Une guerre fl ruineufe , terminée ^u comte de ^yg^. f^ pg^^ d'avantage , ayant aigri l'humeur inquiète des Anglois j Char- les leur facriha Clarendon , ce grand miniftre j dont il avoir refpedé long- temps le mérite , mais dont la vertu lui étoit devenue importune. Dans une cour pleine de diiTolution, Tin- corruptible chancelier confervoit tou- jours rintégrité de (es mœurs j il n'a- voit aucune complaifance pour les maîtrefles du roi j il gênoit fes plai- firs , ôc s'oppofoit à fes prodigalités, "Une favorite , connue depuis fous le titre de duchefTe de Cléveland , femme infatiable 5c prodigue » tra- vailloit efficacement à fa ruine. Le peuple ingrat j moins attentif au bieri qu'on lui fait, que frappé des chofes qui lui déplaifent, loin de favoirgré à Clarendon de cette conduite , Ip regardoit comme l'auteur de fes fouf- frances. D'une part, les presbytériens lui reprochoient la perfécution , & ce reproche étoit fondé \ de l'autre , les catholiques , connoifTant fon zèle pour i'églife nationale, défefpérpiênç Charles II. 115 ^'o^tenlr la tolérance fous (on nii- niftere. Quoique la guerre de Hol- lande eût été entreprife contre fou avis j on lui en attribuoit les mal- heurs , parce qu'on vouloit le trouver coupable. Le comte de Southampton, grand- tréforier, mort depuis trois mois , avoir rendu juftice au chance- lier. » Tant qu'il confervera de l'aa- »> torité, avoit'il dit en plein confeil, » nos lois, notre liberté & notre ce- M ligion feront à couvert : s'il eft j> éloigné, je tremble pour les fuites >». Cependant les fceaux furent ôtés i Clarendon. Auditôt un membre des commii- iieftaccuSé nés fe porta pour accufateur. L'ac.- & "^""^* cufation rouloit fur dix-fept articles, dont le plus grave étoit la vente de Dunkerque ; comme fi un confeil imprudent faifoit un crime capital» La chambre haute refufa de faire ar- rêter le miniftre. Mais il aima mieux fe retirer que de fe défendre. Le par- lement le bannit , & le roi donna foti confentement au bill. Clarendon fixa Sa retraîtw fon féjour en France j où il vécut en- " Fuace» core fix ans. Il employa fon loifir à compofer l'hiftoire des demierss 'a^4 Charles II. guerres civiles, ouvrage digne de îa plume d'un homme d'état ôc d'im ilr luftre citoyen. 11 avoir paCfé fa jeu* nelTe dans l'étucle des lois. Son père , dit-on 5 Texhortcit louvent à ne poin^ relever la prérogative royale aux dé- pens de la liberté publique, & mourut d'apoplexie un jour qu'il lui répétoic cette leçon. Un accident fi terrible J'imprima profondément dans fon cœur. Son zèle pour Charles I fux toujours le zèle d'un Anglois citoyen, attaché aux principes de la conftitu- tion nationale. Aianîie Si la conduite du roi excitoit déjà. » r troubles. point les loupçons que la conduite de Charles avoit excités. Il le flatta en vain de tirer du parlement des fe- cours proportionnés à ùs befoins. Une nouvelle propolîtion de toléran- ce , en faveur des non-conformiftes , «fTaroucha le zèle des communes j elles demandèrent auffitôt une pro- clamation contre les conventicules. Pour avoir de l'argent, il falloit les faùsfaire. Leur bill fut confirmé. sssïïsseîsS Tout membre d'un conventicule .^'^■^°,' "ou d'une alfemblée non-conformifte, ics conve» i« de plus de cinq perfonnes , outre la '^"^"* famille cKez qui Ton s'afTembloic ^ étoit condamné à une amende ; & j contre le principe reçu dans les af- faires criminelles , le doute dévoie toujours être expliqué dans le fens le moins favorable. Cette rigueur des communes parut d'autant plus étrange, que le même efprit de per- fécution avoit depuis peu occafionnc un foulèvement en Ecoire. Environ deux mille presbytériens , après avoir renouvelé le covenant , y avoient pris les armes j on n avoic éteint que dans F iv II? Cil A R Lî s IL le fang une flamme allumée par f^ défefpoir/Un de ces fanatiques, mou- rant avec joie des douleurs de la tor- ture , s'écria: Adieu Joleil , lune y étoiles j adieu monde & temps ; adieu co'ps foiNe & perijahle ! Je te Jalue éternité ! je vous falue , anges & faints ; je vous falue Sauveur du monde , ô Dieu.^ juge de tous ! On ne fentoit pas con^bien il étoic dange- reux de faire de tels martyrs. Enha l'églife anglicane & fes feâiateurs ignoroient encore , ainfi que leurs adverfaires , les bornes que la juftice & la charité prefcrivenc au zèle de- religion. T.eroimé- Quelques autres démarches du ecr.:er.r. parlement mécontentèrent le roi. Oii fe défioit de Charles , comme il fe défioit des autres, Elclave des plai- firs 3 il négligeoit les affaires, ôc mul- tiplioit fes embarras. De perfides confeils lui firent perdre enfin de vue toutes les règles de la fagelTe , & l'ex- poferent à une fatale révolution. Noiiveriii Cinq nouveaux miniftres parta- fti:r f le ou geoie,-,[ Çr^ confiance: Ashîey, comte de Shahesbury , diltingucpar les ta- lens & emporté dans fes piaffions \ le. >M' Charles II. ii^ àuc de Buckingham , fans principes , fans conduite , avec tous les avanta- ges de l'efprir, de la figure & de la fortune; le duc de Lauderdale, fa- vant, mais entêté , flatteur du prince & tyran pour les fujets \ le cheva- lier ClifFord , capable d'entraîner les' efprits par rimpétuofiré hardie de foit caractère ; enfin le comte d'Arling- ton, fore verfé dans les affaires, digne de fa place , s'il avoir eu la force de fuivre fes propres fentiméns plutôt que les impreflions de la cour. Les -Jeux derniers étoierit catholiques. Ce confeil fut appelé I2. cabale*. L'évé- nement fit connoître leur fyftême de politique , trop conforme aux defirs du roi , & furtout aux difpofitions de fon frère le duc d'York. Charles, pour s'affranchir delà' tyUmtîît' dépendance où le tenoit l'économie roi pour fs du parlement , & pour étendre fon femenct^**^ autorité au - delà des bornes qu'il: s'étoit lui-même prefcrites \ oubliant l'intérêt de l'Angleterre , changeât tout-à-faic de vues par rapport à feà ■* En anglais cabal t mot compofé des kttzes ùiuiales de leurs noms.^ '.^ 150 Charles II, voifins. Une liaifon écroiteavec Louis XIV , une nouvelle guerre contre la Hollande , lui parurent des moyens prelqu'infaillibles de parvenir à fon but. Louis le fouriendroir de Tes tré- fors & de (çs armées; la Hollande foumife ne feroit plus un objet d'é- mulation pour l'Anglois, jaloux de {es privilèges. Ces idées s'accordoienc parfaitement avec la politique du roi de France. La triple alliance oppofoit une barrière à (on ambition. Un Voyagequ'il fit à Dunkerque , accom- .pagné de fa cour, fervit de prétexte pour voiler de profonds defîèins. -, . ,. La ducheOe d'Orléans va rendre Il fe ligue -r y r-U ] r C C- fecièremenr vilite a Charles , Ion trere , lur qui avec Louj5 gj|g ^voit beaucoup d'afcendant: au milieu àts fêtes &: àts plaifirs , elle l'engage dans une ligue contre la Hol- lande •, el-Ie lui donne pour maîrrelïè «ne femme de fa fuite , capable d'en- chaîner fon-cœur, { mademoi'elle de Kerouet'^ qui reçutbienrôt le titre de ducheffe de Portfmouth , & à laquelle ce prince fut toujours extrêmement attaché. La mort tragique de la prin- cefîè ne rompit point les engaoemens* Bieutôt iç chevalier Temple fut rap- Charles lit i^f ftlé ; Se le fage de Wit commença a ic défier du roi d'Angleterre. Cepen- ^ nompé danc Charles , pour obtenir des fubfi- ^^" emenîir des, repréfente au parlement l'aug- mentation de la marine françoife ^ Ja néceflîté d'équiper une flotte confi- dérable , & de remplir les obligations contradbées pour le bien commun de l'Europe. Les communes donnent dans le piège. Trompées par ces fauf- fes apparences , elles accordent deux millions cinq cent mille livres fter- ling. Mais les pairs ayant fait quel- ques changemens aux bills de fubfi- de; les conteftarions , nées à ce fujec entre les deux chambres , obligent le roi de proroger l'alfemblée , &c de fe" priver par-U du fecours qu'il en ef- péroit. Pendant la fe(Tion , il montra peit Deu*fauêé# de iuftice & de fa^efle dans deux af- d-roî» f. ' • r ^ • Oiitraesfi.c" aires particulières, qui eurent un à un géntU* grand éclat. On avoir propofé une tomme, taxe fur les fpeâracles Les partifans de la cour objectèrent que les comé- diens ctoient au fervice du roi , & fervoient à fes plaifirs. Le chevalier Coventry demanda en plaifantant, fi c'écoienc les aâ;eurs ou les adlrices** -152 Charles H. Charles entretenoit réellement de? aétrices , outre (es autres maîtrefTes. BlelTé de ce trait ofteiifant , il fe vengea d'une manière indigne de fa dignité. Quelque gardes attaquèrent Coventry , le défarmerent malgré fon courage , & lui coupèrent le net jufqu'à l'os. Les communes ea témoignèrent leur indignation par un a6te , qui déclaroit les agrelTeurs incapables du pardon de la couronne. vtUvluiJ^^ Vers le même temps , Blood, an- cien officier de Crom-wel , Scélérat d'une audace fans exemple , après avoir attenté à la vie du duc d'Orr mond , après avoir enlevé de la Tour la couronne & tous les ornemens royaux , fut arrêté sConfeûTa fes cri-.- mes , refufa de déclarer fes com* plices ; difant que la vue de la mort ne pouvoir lui faire ni défavouer un crime , ni trahir un ami. Le roi eut la curiofirc de le voir-, & Blood eut l'effronterie de lui dire que, fionle faifoit exécuter , (es compagnons en. grand nombre ne manqueroient pas de le venger. Soit crainte , foit ca- price, Charles non- feulement lui fît grâce , mais lui domia uiie terre y W C H A R L E S IL 15^ reçut a la cour j Ôc le traita même- avec diftinétion, tandis que de bons- ferviteurs étoient oubliés de fans ré-^ compenfe. On pardonne difficile*- ment aux princes l'oubli des fervices; mais fur -tout lorfqu'iis placent fi indignement les bienfaits. Ces imprudences en annortçoient Autresimi de plus dangereufes. Le duc d'York, P'»^^"«s- en fe déclarant catholique , réveilla, les anciennes inquiétudes d'un peuple- tranfporté de rage au nom de papif* me. Le roi j en fufpendant par une proclamation les lois pénales , que le parlement avoii à cœur de maintenir, fe fit foupçonner de tendre au pou- voir arbitraire fi abhorré dans la nà* Hon. En fermant l'échiquier , c'eft-à-; dire, en retenant les fommès que les^ banquiers avançoient fur la créance des £onds parlementaires , il inrer-- rompit le commerce , ruina un grand nombre de familles, & répandit unev défiance générale. On ne pouvoit encore fe perfuader Guerre av6c- qu'il eût conjuré avec Louis XIV^ la '^ Hoib.nde, perte des Holiandois. Ses réfolutions i..'s prétexteîl fe manifefterenc enfin. Le capitaine' d'un . yacht eut ordr^ de faire bailïèr pa?^ 134 Charles ÏÎ. villon à toute une flotte hollandolfe > & de lircr en cas de refus. La flotte de Smyrne qui apportoit en Hollande un million &c demi de livres fter- ling , fut attaquée par une efcadre angloife qu'elle repoufla glorieufe- ment. Une déclaration de guerre fui- vit CQS hoftilités. Rien de plus fri- vole que les motifs qu'on alléguoit. Charles inlîftoit fur des peintures i/z- jurieufes faites en Hollande. Les Etats-généraux furent long-temps à deviner quelles étoient ces peintures. Ils'agiiroic d'un portrait de Corneille de Wit , frère du penfionnaire , qui s'étoit fignalé dans les expéditions maritimes. Des vaifleaux en flammes étoient repréfentés au fond du ta- bleau. Voilà l'injure qu'il falloir ven- ger par les armes. Louis , avec plus de dignité , mais fans raifons bien folides , n'apporta d'autres motifs de guerre que fon mécontentemeut de' la conduite des Etats. Deux faâ:ions divifoienr malheu- reufement la Hollande ; celle des^de Wir , inflexibles républicains , qui, en 1 66-j ; avoient fait exclure pour toujours la maifon d'Orange , d\i Charles II. i^f ftathoudérat , aboli en 1(750*; & celle du prince d'Orange, Guillaume m , qui afpiroit à l'autorité donc fes ancêtres avoient joui dans la ré- publique. Ce prince, âgé de vingt & Le'prince un ans, ctoit capable des plus grandes ^'^""S?» chofes par la folidité de fon juge- ment , la gravité de Tes mœurs &c fon application aux affaires. Jean de Wit avoir eu foin de lui procurer nne excellente éducation , pour le mettre en état , aux nfques de fa propre fortune , de fervir un jour la patrie , lî le gouvernement chan- geoit de *ace. Dans ces terribles con- jondtures , à l'appioche de l'orage le plus violent , Guillaume fut créé général & amiral , mais fans avoir aucune part a l'autorité civile On lai donna une armée de foixanre & dix mille hommes ; troupes nouvelles > que le défaut d'expérience & de dif- cipline rendoit faciles à vain re. La marine avoir fixé tous Us foins du, penfionnaire ; & ne prévoyanr pas le * On appelle S arhondcr le chtfcjtie Ie& Provinces - unies Ce donnoienr pa' choix. Le ilât!K>udcrac cii devenu héicduaùe» i'^6 Charles 11. danger d'une invanon foudaine , îl' ne s'étoit point appliqué aux moyens de s'en garantira- Combat na- L^ combat naval de Solebay foil- va! de Sole- tint l'honneur de la république. Ray- ter , avec quatre-vingt vailfeaux de guerre & quarante brûlots , attaqua les flottes angloife &c françoife réu- nies, l'une fous le commandement du duc d'York, 5c l'autre fous celui du comte d'Ellrées. Le duc d'York , après avoir elTuyé long-temps un {eu. terrible, fut contraint de changer de vailTeau. Des deux côtés la perte fut à peu-près égale. Comme les François • ne prirent guère de parc à l'adtion , l'on conjeâiura cu'ils avoienr ordre de ménager leurs vailfeaux , tandis que les deux puiflTances maritimes LeuisTf V s'afFoibliroient mutuellement. Mais eaHollande. Louis XIV, à la tête d'une armée formidable , ayant avec lui les plus fameux généraux ^ paffa le Rhin , & porta l'effroi jufqu'au fein de la Hot- lande. Les provinces d*Utrecht , de Gueldres, d'Overylfel furent conqui- fes en une feule campagne. Amfter- dam fe vit près de fa ruine. Les Etats demandèrent grâce au vainqueur, S'il- Charles ÏX. i^y ear impofé des conditions fuppor- cabîes , la république fe foumettoic. Trop de dureté ranima le courage Le prîneé en infpirant le défefpoir. De Wit ''O'^nge pernltoit néanmoins dans Ion oppoir- \fafiacre des tion au ftathoudérat. Alors le peuple, '^*^ ^"•" kii imparanc ces défaftres, ôc regar- dant le prince d'Orange comme l'u- nique foutien de la patrie , fe révolte avec fureur ; force les magiftrats a reconnoître le prince pour ftathouder. Des alTallins attaquent le pcnfion- naire en pleine rue. Corneille de Wit, accufé par un impofteur , fubit une^ cruelle torture , en répétant des vers d'Horace qui expriment les fenti— mens héroïques du vrai citoyen. Son frère va le trouver dans la prifon , réfolu de partager fon fore. Une po- pulace effrénée les y pourfuit - les met en pièces , ilantiatîon dans le facrement de I^ -3> cène du Seigneur, ni avant , ni après 3> Ja confécration faite par quelque « |jerfonne que ce puifle être ». Ainfî tous les catholiques furent exclus àQs emplois , & le duc d'York lui- même , réduit à quitter le com- mandement de la flotte. Une entre- prife précipitée en leur faveur devint, par cet événement , la fource d'une plus grande difgrace. Le comte de Shaftesbury fat le infidélité de principal auteur des réfolutions for- sluftesbury, mées contre la cour. Dès qu'il avoit vu le roi rétraéter fa déclararion, prér* voyant que les frdverfaires de la couf . alloient prendre le deflTus ^ il s*étoii: jeté fans pudeur dans leur parti ; & fon infidélité le rendit encore plus dangereux qu'il ne l'étoit auparavant par fes confeils. On lui ota les fceaux. Le parlement , qui ne vourloit point approuver la guerre , accorda un fub- iîde , mais pour les h.efoins extraorr d'maires du roi. Gependaiu les HoIIandois com- j^ Hollande mençoient à refpirer. L'empereur délivrée. Léopold, l'Efpagne & le Danemark |>rirenjc leur défenfe, Louis , pouf 14* Charles H, n'avoir pas rafé leurs places , comme Condé & Turenne le propofoient , afFoifbli par un trop grand nombre de garnifons , fut contraint d'évacuer les trois provinces conquifes. Ruyter , quoiqu'inférieur en forces aux Fran- çois & aux Anglois réunis , foutinc trois batailles navales avec la gloire qui l'accompagnoit toujours. Charles raiïembla le parlement. Le voyant difpofé à cenfurer l'adminiftiation , & à ne plus accorder de fubfide pour g i._i une guerre odieufe , il fit prompte- 1674. ment la paix. On convint d'un règle- ïa Hollande! *"^"^ ^^ Commerce avec la Hollande, qui céda de nouveau tous les hon- neurs du pavillon , & promit envi- ron trois cent mille livres fterling. Les Anglois , dit Rapin Toyras, payè- rent les frais de cette guerre , le roi en recueillit feul tous les fruits. Il lailTa dix mille hommes au fervice de la France. Toujours attaché par in- clination à cette couronne , il fit va- loir auprès de Louis XIV la néceflité qui l'avoir détaché de fon alliance , & il offrit fa médiation pour une paix générale. iConfeiis. Le chevalier Temple fut envoyç Charles II. 14/ en Hollande avec le titre d'ambalTa- du chcvzWet dear. Avant fon départ , il eut le cou- J^^™^^* *** rage de repréfenter au roi les incoia- véniens du fyftême de la cabale : combien il étoit difficile, pour ne pas dire impolfible , d'établir en Angle- terre le gouvernement & la religion de France ; qu'on ne changeoit pas en (î peu de temps le génie & les principes d'un peuple j qu'on ne pou- voit parvenir que par la force des armes à faire plier les Anglois fous un joug dont ils avoient horreur : & quelle apparence de réuflîr par cette voie ? que les catholiques ne faifoient pas la centième partie de la nation ; que des troupes étrangères ne pour- roient être levées &: entretenues en grand nombre^ ou que, fi elles étoient en petit nombre, elles ne ferviroient qu'à exciter la haine & la révolte. Enfin il lui rappela ces paroles de Gourville , gentilhomme françois , fore eftimé de Charles II ; Un roi d' Angleterre qui veut être l'homme de fon peuple , ejl le plus grand roi du monde ; s'il veut être quelque chofe de plus j il nefi rien du tout. Ce dif- cours déplut au roi j mais il favojç Î44 Charles îl. di/limuler : Ha bien , dit-il , je veu^ être Chon.me de mon peuple. Nous jugerons bientôt par les effets, du pea de iincérité de cette réponfe. Louis conti- Sa médiation n'empêcha point les a«"i^faccé7^ alliés de poulTer la guerre avec vi- gueur. Le prince d'Orange trouvoic fa gloire & fon intérêt à la prolonger. Il égala prefque le grand Condé à la fanglante bataille de Senef. Condé dit de lui : Le prince d'Orange s'ejl conduit dans toute Vaàion en grand capitaine , excepté d'avoir expofé fa vie en jeune Joldat, Cependant la conquête de la Franche - comté , & les exploits de Turenne en Allema- gne 5 confondirent les efpérances des ennemis de Louis XIV^ fi——»; Dans une nouvelle feffion du par- 1^75- lement , les communes, toujours Dirputespar- . • j l'i* r i c lementaires. piemes de dehance lur les ientimens du roi , drefferent d'abord plufieurs bills capables d'inquiéter la cour. Le parti de la cour s'agita d'un autre côté c.««««, que Lauderdale s'eft fort mal con- ii duit envers mon peuple d'Ecodej 3> mais je ne vois pas qu'il ait rien » f:iit de contrMte à mon imérêc ». Quand le prin* e diftingue Ton inté- rêt de celui du peuple , on ne doit pas s'étonner que le peuple fe falfe un intérêt différent de celui du prince. , . Le récit de ces violences toucha Confpiratîon • 1 a 1 • m ■ j abfurdeattri- Vivement les Anglois. Pleins des biipe auxca- idées Ics plus ftniftfes , perfuadés que '^'^"* les liaifons de Charles avec Louis tendoient à rétabli0èm€nr du pou- voir abfolu & de la religion romai- ne , ils prêtoient l'oreille à toutes les •^ extravagances qui confîrmoient leurs foupçons. La haine eft follement cré- dule. On en vit alors une preuve ^n- . guliere dans l'effet oiie^produifit la fameufe confpiration/'iî/'.^e , ( c'efl: le nom que les Anglois lui donnèrent ) fable abfurde s'il en fut jamais , re- çue avidement comme une vérité iri- cpnteftable , & qui tnême fervic dt Charles 11. 151 prétexte pour exclure lé duc d'York de la couronne. Titus Oates , auteur Oatesaccu- de cette impofture, étoii un homme '"«-"'■• décrié , réduit à la dernière mlfere. Etant accufé de parjure dans ia jeu- ' neire , il s'éroit fait vatholique , &c avoit vécu quelque temps chez les Je- fuues de Saint-Omef , qui le congé* dierent comme un fujet dangereux. Le re^fentiment contribua fans doute À le rendre accufateur. Il atfuraque fa converlîoii n'étoit qu'une feinte pour pénétrer dans les fecrets du pa- pifme ôc des Jéfuires. Voici le mer^ veilleux réfultar de fes découvertes. Suivant les dépolltions d'Oatei, le ,Sesd<5pofî- ; '■', '• i r • ^' r _ tlons contre pape s actribuoit la louveramete lur icsjcfulus. le royaume , & avoir confié aux Jé- fuires l'exercice de fes droits: en con- féquence le P. Oliva , général de l'or- dre , avoit difpofé par des patentes munies de fon fceau, de tous les prin- cipaux offices , foit civils , foir mili- taires : dans un confeil de cinquante Jéfuites tenu à Londres , on avoit pris la réfolution unanime de fe défaire du roi j le père de la Chaife , ( qu'il appelle la Shee) confefleur de Louis XIV , avoit configné dix mille livres G iv I52. Charles II. fterling pour récompenfe de ce régf- cide : la couronne devoir être offerte au duc d'York , à condition qu'il l'a recevroic comme un don du pape; fans quoi il devoir périr par le fer ou le poifon: le grand incendie de Lon- dres étoii l'ouvrage des Jéfuites , Se ils avoient gagné par le pillage qua- torze mille livres fterling: leur plan écoit déjà tracé pour un nouvel in- cendie & un manacre général j enfin ils vouloient bouieverfer le royaume, mettre tout à feu & à fang pour éta- blir leur domination avec le papifme. Ces abfurdités , quoique démenties par des contradictions palpables j ré- pandirent la plus grande terreur. On ne douta point de la réalité du complot. Lettres de Coleman, fecrétaire de la duche(T« Couman au d'York , ayant été arrêté , les papiers chaifc/ ^ ^^ ^^ correfponc^.ance avec le père de la Chaife, avec un nonce du pape èc quelques autres catholiques, fourni- rent de nouveaux fujets d'alarmes. Ces lettres indifcreres parurent des pièces de conviétion. 11 écrivoit nu confeiïeur de Louis : » Nous avons w entre Iqs mains un grand ouvrage; C fl A R LE s 11. I 5 J S» il ne s'agit de rien moins que de la » converfion de trois royaumes. Dieu >5 nous a donné un prince { le duc j> d'York) qui eft devenu miraculeii- 35 fement très-zélé pour l'honneur de >j fervir d'inftrument à ce glorieux « delTein. Mais étant fûrs de trouver »3 de grandes oppofitions,il importe »5 de nous procurer autant de fecours >5 qu'il fera poflible ». Dans une au-- tre lettre, il lui marquoit : « Avec >5 de l'argent, on perfuadera tout au T> roi. 11 n'y a rien qu'on ne puilfe i> obtenir de lui par ce moyen. L'ar- » gent a tant de pouvoir fur lui , qu'il » n'eft pas capable d'y rélîfter. La 13 logique fondée fur l'argent a plus >5 de force dans cette cour que tous »' les argumens du monde ". Trois cent mille livres fterling, qu'il de- mandcit au Jéfuite , engageroient Icf roi , ajoutoit-il , à dilfoudre le par- lement , dont les réfolucions étoient extrêmement oppofées aux intérêts de la France. Ces lettres , il fnut l'avouer , ouvroient un vafte champ aux foupçons & aux coniecbares. L'idée qu'on avoir du zèle des Je- ît cànf^-U' fuites , tic trouver vraifcmblable tout "euainj,^'^^* G V 154 Charles II. ce que leur imputoit la calomnie. XJn nouvel incident fortifia les préjugés, Godfrey , juge de paix, qui le pre-- mier avoit reçu la dépofirion d'Oares, fut trouvé mort dans un foiré, ayant encore fes bagues aux doigts & fon argent dans la poche : il n'avoin donc pas été tué par des voleurs. Aux yeux de la multitude furieufe , cet aflaiïi- nat, dont l'auteur n'a jamais été con- nu, ne pouvoir être qu'un crime de catholique. Chacun fe crut en dan- ger de mjrt ; on tendit les chaînes à Londres \ on éleva des paliiïades y comme li l'ennemi eût paru aux portes» Ottdénone; Quoique Charles méprifat toute» la conjura- , • ^ -, i î i r ■ tion au par- ces chimeres , Il parla de la conlpi- kment, ration au parlement, que le befoin de fubfides lui avoit fait raffembler; mais il ajouta que , dans la crainte d'en dire trop ou trop peu , il aban- donnoit l'affaire aux magïilrats. Le comte de Danby , grand tréforier Sc principal miniftre , ne lai'fa pas de * dénoncer te complot à la chambre- haute j foir par haine contre les catho- liques , foit pour rendre la perfonne du roi plus chère à la nation, en per- faadanc que les Jéfuites avoient coor: C lï A R L E s IJ(. 155- jare fa morr. Auilicoc les deux chau> bies fairuenc l'aftaire. Gares fut en- Oates ré- 1 r\ j ' I 1 • n coîTipcnfe. tendu. Un déclara que Jes papiltes récufans cramoienc un complot in- fernal contre le roi, legouvernemenc ëc la reiig>3n. On donna au déla- teur , à l'infâme Oates , un lo^emenE dans le palais de W^hitehali avec une peafion de douze cents livres fler- linfT. Cette récompenfe fufcira un Autre déis^ *■ , . f , . ^ tetir , fu'.cné nouveau tcmom ; car les impolteurs parcetcxei^- ne manquent point , lorfqu'on paye P'^» aiiUÎ rimpafture, Bedloe , fcéiérat qui avoir parcouru l'Europe en four- be & en voleur , accufa du meurtre de Godfrey des catholiques , dont quelques-uns étoient au fervice de la reine. Il ajouta aux dépofittiqns d'Oates quelques circonftances en- core moins croyables. Ceux qu'if noniTia ^ parmi lefquels il y avoit des-- fcif^neurs , furent mis en prifon. On établit un r^ où le papiflue ^f^S^J^^; eft taxé d'idolâtrie. Tous ceux qui kmcHt, refufent de le recevoir font exclus du parlement. Le duc d'York, les larmes- aux yeux , demande à la chambre-' haute une exception en fa faveur ^ proteftant que fa religion dert\eat&iA G ^1 I5. C II A Pv t E S H. t$^ paratifs immenfes , de tant de rela- lions avec les étrangers , n'ait pu fe prouver que par le témoignage d'un petit nombre d'hammes inïâmes , maj'jré les récompen{es promifes à quiconque en découvriroit quelque chofe, malgré le zèle ôc les recherches du parlement : c'eft une preuve (qh- fible de rimpoilure. Les chefs du parti populaire, Shaf- Nouveau tesbury furcout , profîtoient adroi- P^'em^nc, / •' i ^ On en vcuc tement de la fermentation générale , auducdVoït pour exécuter un complot réel contre le duc d'York, héritier préfomptif de la couronne j- dont ils craignoienc éga- lement & le caraétere & la religion,. Un nouveau parlement ayant été con- voqué, les éleâions fe firent contre le vœu de la cour. Charles ne tarda point à s'appercevoir que cette afiem- blée fuivroit les traces de la dernière» Le danger preiranr le tirade fa lé- thargie, ôc donna plus de report à fon ame. Pour diffiper les foupçons teroîrb- de papifme , il obligea fon frère à ''^'^^ ^e f* r • 1 J T J retireror le retirer hors du royaume. Le duc obéit, après avoir demandé des aflu- rances par rapport à fon droit de fuc- ceÛion. Shaftesbury vouloic mettra ^i6o Charles Î Î, ■tm jour fut le trône le duc de Mort- mouth , hls naturel du roi : & le bruit fe répirudoit déjà qu'il y avoir un contrat de mariage enae le roi & Lucie Walters , mère de Monmouth* Mais Charles défavoua en plein con- feil cette impofturej &c déclara que ion fils étoit illédtime. Le duc d'York choifit Bruxelles pour le lieu de fa retraire. Onpourfuit Malgré fa retraite , qui auroit dû l'affaire de calmer les factieux , l'accufation con- tre Danby rur renouvelée par ies com- munes. Quoique le roi lui eût accordé un pardon général , quoiqu'il a(Turâc que ce niiijiftre n'avoir rien fait que par fes ordres , la chambre prétendît qu'un pardon de la couronne ne pou- voir arrêrer une accufation àes com- munes; prérenrion jufqu'alorsinouie, mais conforme , félon les principes d'Angleterre, au gouvernemenr d'une monarchie limitée , où les miniftres font fuppofés comptables à lalTem- blée nationale , des abus qu'ils peu- vent commettre par les ordres mê- mes du prince. 11 fat décidé que iî Danby ne comparoilToit pas un cer- tain jour , il feroit jugé coupablc^ Charles IL i^^^i Ayant compara par la crainte d'un jugement lî rigoureux , on l'envoya prifonnier à la Tour. Le chevalier Temple , plus fenfi- ^^^fç-J."^"'^ ble aux avantages de la philofophie qu'aux attraits de l'ambition j rappelé par fon maître pour travailler dans le mlniftere ; propofa de former un confeil où fuflent admis les princi- paux de ceux qui avoient la confiance du peuple. Par- là , difoit il , les pré- tentions du parlement ne manque- roient pas de diminuer , ou du moins on auroit un parti confidérable à op- pofer aux fadtieux. Ses.raifons pa- shaftesburj rurent tres-lolides •, mais contre Ion avis j Charles créa le comte de Shaf- tesbury prcfident du nouveau con- feil. Cet homme dangereux ne prie point le change j êc trouvant moins de fincérité que de poHtique dans la conduite du prince à fon égard , il relferra les liens qui l'attachoient aux mécontens. Jufqu'où ne pouvoient-ils pas aller fous un tel guide ? D'abord les communes déclarent Le c?ic que le zèle du duc d'York pour fa ciTrde^â religion , & l'efpérance de le voir couronne, monter fur le trône, avoient forte- 161 Charles lî. ment excité les confpirations des pîl- piftes. Le roi fe hâte de prévenir les fuites naturelles de cet acte, en pro- pofant , pour affûter les droits de fou jfrere , des coniiitions capables d'a- doucir les plus furieux. En cas que la couronne pafsât à un catholique ,011 l'obligeroit de renoncer au droit de conférer les dignités de l'églife: les membres du confeil privé, les juges, les gouverneurs mêmes des comtés & leurs lieutenaris , tous les officiers de la marine ne pourroiejit être nom- més ni deftitués fans l'aveu du parle- ment. Ces concefîions extraordinai- res , qui limitoient (i étroitement la prérop.iriye , ne cahT>'=»'ent Hoinr l'îfi- quiétude de la chambre , où les caba'es de Shaftesbuiy allumcient un feu ter- B;ii d'ex- rible. Le bil! d'exclnfîon futdrelTé; * " '^"' & l'on déclara qu'après la mort du roi , les couronnes d'Angleterre & d'Irlande appartiendroient au plus proche héritier j le duc d'York ex- cepté j que s'il paroifToit dans l'un ou l'autre de ces royaumes , il feroit coupable de trahifon ; & que ceux qui fouriendroient {on titre , feroienc punis comme traîtres & rebelles. Charles IÎ. i6^ C'eft ahifi que le prétexte àe la reli- pion avoir dépouillé de Tes droits en -ïrance l'imn'^ortei Henri IV, bien plus die^ne -de régner que le duc d'York. ' Les communes fe (î^nalerent par Autres aôei ,, - ^ ^^. ,, ^r . des comœu- d.iutres actes, ou relpirent 1 elprit nés. de liberté &c la jaloufie contre la cou- ronne. Elles exclurent de leur cham- bre quiconque polfédct quelque of- fice lucratif, pour otcr à la cour le moyen de (e faire des putifans. Elfes déclarèrent lilf'-gales les troupes tou- jours fubfirtaïues , &c mcme la garde du roi , ce qui écoit une forte atteinte à la prérogative royale. Enfin elles Bill d'/.Vi profcrivirent les emprifonnemensar- ^^''^ «'*?'■-'- • • I 1 -1 1 1? pour les cm"- bicraires , par le bill aHabeas corpus , prifomicincns qu'on regarde en Angleterre comme un rempart de la furerc àts citoyens. En vertu de cet aâ:e célèbre , nul fujet du royaume ne peut être envoyé en prifon au delà àes mers ^ un juge ne peut refufer à quelque prifonnier que ce foit l'ordre à'Hiibeas corpus , qui oblige le geôlier de le produire de- vant la cour que cet ordre déiignera, & de certifier la caufe de l'empri- fonnement ; le prifonnier doit ètrck inecic c'afl'é. h'64 Charles ÎÎ. accufé &: jugé au terme pr«fcrlt;^ û la cour de juftice le fait élargir , on ne peut le remettre en prifon pour le Hiême fujet. Le bill pafla en loi. le parle- A CCS opératiofts des communes iuccederent de nouvelles attaques contre Danby. On décida que fou- tenir la validité du pardon que lui avoit accordé le roi , étoit un crime attentatoire à la liberté -de la cham- bre. On demanda que lès évèques s'abfentafTent pendant la fuite de cette affaire ; tant leur dévouement pour la cour les rendoit fufpeéts au parti. La ciiambre haute s'y oppofa. Les communes préparoient une re- montrance. Leur chaleur jfit crain- dres des effets finiftres. Alors Char- les calTa le parlement fans la parti- cipation du nouveau confeil. 11 en avoit tiré de foibles fecours, & ne pouvoir en attendre que de funeftes éclats. Exccunon Cinq Jéfuites & Langhorn , habile jurifconfulrc j leuravocat, furent en- core exécutés pour la confpiration pa- pifte. En vain feize étudians de Saint- Omer atcefterent qu'Oates étoit avec eux au collège de cette ville , dans le de cinq iéfui- les innccen Charles II. Kjj temps qu'il juroic avoir été à Londres. Leur témoignage ne leur attira que des railleries j & l'un d'eux ayanc dit que le fait étoic certain , s'il der voit s'en rapporter à fes fens : F ouf autres popifies , répliqua le chef de juftice j on vous apprend de bonne heure à n'en pas croire vosjens. Oates trouva quelques témoins qui dépofe- rent pour lui j mais la fauifeté de la dépoiition fut reconnue dans la fuite. Tous ces malheureux foutinrent leur innocence jufqu'au dernier foupir. Si la pafiîon étoit moins aveugle^' c'en étoit affez pour deiîîiler les yeux du peuple &: des juges. En Êcoflè, las presbytériens, auflî Révohedeij 1 • ; 1 I r A presbytérien^ maltraites que les catnoiiques en An- l^ ecoûc gleterre , perdirent enfin patience, Malgré leur morale févere, la doc- trine de l'homicide étoic commune parmi eux , parce qu'elle tient natu- rellement au fanatifme. Sharp , ar- chevêque de Saint- André , primat du ' royaunie , qui avoit fait fa fortune en abandonnant leur parti , & qui étoic devenu perfécuteur comme le duc de Lauderdale, fut alTaffiné par \jnç croupe dç ce§ fanaticj^ues, L^ l^^ Charles II. crime de quelques uns attira fur tous une plus vive perfccution. xis prirent les armes dans le déiefpair. Charles ienvoya ie duc de MoniiK^uth pour les réduire. N'ayant d'autres chefs que leurs miniftres , ils furent aifément battus. Monmourh , pour gagner l'affection des Ecoiro.is , les traita fort humainement. Quelqiie temps après, le duc d'York le tit difgracier, & même envoyer au-delà des mers. Ce prince écoit revenu dans le royaume fur une invitation fecrette du roi , fon frère, alors dangereufement malade : il obtint la per million de fe retirer en Ecoffe. La maladie du roi avoir caufé Whîgs*& une alarme univerfelle : on rendoit Torys. juftice à fon caradere aimable ; & cette raifon , autant que la crainte de voir le duc d'York monter fur le trône j faifoit regarder fa mort , fui- vant l'exprelTion de Temple , comme la dernière fin du monde. Cependant les cabales ne perdirent point leur activité. Les mécontens demandoient qu'on affemblat fans délai le parle- ment. Le parti de la cour oppofoit à leurs pétitions des adrefjes pleine^ l6So. C #A R L E S II. 167 de refpett pour la volonté du fou- verain. C'eft: alors que les noms de M^higs (k de Torys devinrent à U mode. Le premier , fous lequel les fanatiques d'EcoiVe étoienc connus , fut appliqué aux adverfaires de la courj le fécond, qui dcfignoit aupa- ravant les catholiques rebelle$ d Ir^ lande, le fut à fes partifans. Ces noms odieux nourrilfoient tout-à-la-fois la malignité & la difcorde. Le roi aflTembla enfin !e parlement. Parlements & s'efforça de lui infpirer ks fenti- ^^l^^""*»» , ■* . / rf ■ 1 ■ 101% mens d'union neceiiaires au bien pu- blic. " Toute l'Europe, dit-il , a les »î yeux ouverts fur cette aflTemblée , j> dont elle penfe que dépend fon boi^- » heur , ainfi que le nôtre. Gardons- » nous de favorifer nos ennemis , ÔC » de décourager nos amis par des dif- »> putes hors de faifon. S'iJ s'en élevé » de cette nature, le reproche ne tom- » bera point fur moi; car je n'ai rien » négligé pour vous mettre en paix » pendant ma vie , Se pour vous y » laifler à ma mort». Les commu- . Violences nés . loin d'entrer avec fageife dans ces vues, débutèrent par des ?.6tes de violence courre Iqs Torys. La loi des commu* nes« 1(j8 C h a r les II. à'Haheas corpus ne fut pas même ref- peârée. Les emprifonnemens arbitrai- res devinrent fi communs que la na- R^fiflance f^oi^ £11 murmuia. Un nomme Stowel tîe Stowel. eut le courage de réfifter à 1 officier de juftice , qui devoir l'emprifonner par ordre de la chambre. 11 fe mit eu défenfe , & dit qu'il ne connoiffoit point la loi, en vertu de laquelle on vouloir le priver de^fa liberté. Les communes n'eurent pas le front d'al- ler plus avant; elles le tirèrent d'em- barras en fuppofant que Stowel étoic malade, &c en lui accordant un mois pour fe rétablir. Mais elles revinrent à l'acle d'exclniion contre le duc d'York. Après de grands débats dans la chambre-haute , où l'éloquence de Shaftesbury parut effacée par celle d'Hallifax, fon neveu, zélé partifan de la cour ; les pairs fe déclarèrent contre le bill , & confondirent l'efpé- rance des communes. Leur colère fe déchargea fur quelques feigneurs j ac- cufés du fantôme de confpiration qui troubloit encore les efprits Procèî de Cinq pairs catholiques étoient de- ^afford , pyjg long- temps en prifon pour ce «urlecom- {- . _. ^ , a^ / « t i r m i i ûiotpafifte, lujet. Le plus âge oc le plus roible a« ÇQUS| CHARLES II. I (j 9 tous , le viconne cîe StalTord fut ce- lui qu'on attaqua le premier, comme le moins capable ce le déiendre. Oa- tes dcpofâ qu'il lui a voit vu remettre une commiliion lignée du P. Oliva p^énévA des Jéfuitcs. Deux autres tc- niojiis jurèrent qu'il avoir voulu les engager à tuer le roi. L'intâmie des délateurs ,1'abfurditédes dépoficions, la conduite irréprochab'e éc la fidé- lité de Srniford , les preuves qu'il ap- porta pour fa défenfe j n'empêche- reiK pas que les paus eux-mêmes, a, la p'uralitc de vingt quatre voix , ne le déclarafient criminel j tant il eft difficile de ré (îfter au torrent des pré- jugés populaires. Son courage ne l'a* bandonna point. Vieux &. infirme , en partant pour l'excctîtion , il de- avccccua^e manda un manteau: Js pourrai , dit- il , trembler de froii ; mais , grâce au ciel^ je ne tremblerai pas de peur. Il défavoua fur l'échafaud la morale corrompue qu'on attribuoit à l'églife romaine. Je meurs , ajouta-t il ,dans l'efpérance que l'illufion fe diifipera bientôt , & qus la for.e de la vérité obligera tout le monde à faiïe répa- ration à mon honneur. Noirs vous Tome ni. H Il meure lyo Charles II. croyons , Mylord , s'écria le peuple touché JLifqu'aux larmes 5 que le ciel vous be'nijfe^ Mylord. Le bourreau eue peine à frapper. Les circonrtances de cet événement firent prefque tomber l'opinion du complot. On ne verfa plus de fang pour cette chimerejquoi- que l'on continuât encore à donner l'alarme. paricjcaffe Le caradere flexible de Charles II le parlement 0 r \ r • • 1 i> & les belonis contniuels animant 1 au- dace èi^s communes , & les mefures violentes leur paroifTant un moyen infaillible de le foumettre à leurs vo- lontés •, elles propoferent plufieurs bills féditieux : elles déclarèrent ne pouvoir accorder de iubfides avant que celui d'exclufion eût pafTé en loi. . La diflblutioTi de ce parlement fut Iç fruit de leurs entreprifes. Mais le roi, qui fe flatîoit de ramener enfin les efprits par un mélange de fermeté & de douceur , convoqua un autre par- lement à Oxford, où les mauvaifes difpofitions de la capitale influeroient ^^^^^^^^^^ moins dans Tailemblée. ' i<îgi. A Londres , éclata le mécontente- ^^v.rLment ment Wplus vif. On nomma pour la ^ jaïiiivirie. nouvffe chambre des communes Içç Charles II. 171 membres de l'ancienne j on les remer- cia de leurs efforts dans la recherche des horribles profondeurs de t infernale confpiration papifle , & pour l'exclu- Jïon du duc d'York j principale caufc de la ruine dont la nation ètoit mena' cée. Monmoiuh avec quinze pairs s'éleva contre le projet d'alTembler le parlement à Oxford ; il dit dans fa pétition , « que les deux chambres y '.y feroient expofées au fer des paplftes j> & de leurs adhérens , dont plufieurs » s'étoientgliffés jufques dans lagarde 9» du roi ». L'efprit de révolte fe montra bienièt à découvert. Oxford vit arriver les chefs du parti bien ef- corrés ; les membres de Londres , en particulier, étoient fuivis d'une foule de citoyens parés de rubans , fur lef- quels étoient en broderie ces mots : Point de pap:Jme j point d'efclavage» Autant de fympcomes de guerre ci- vile , qui faifoient trembler les vrais patriotes. Ici le roi commence à déployer leroîplii* fon autorité , avec une vigueur donc ^"™^* il avoir toujours paru incapable Dan» une harangue impcrieufe , il^plainc d& la conduiie des deux d^ ni ères xyi Charles II. chambres balTes ; il protefte qu'il ne prétendra jamais lui-mcme an pou- voir arbirraire, mais aufîi qu'il ne le fonfuira point dans les aunes. Le gé- nie des communes écojt le même qu'auparavant. Elles fuivent le même fyftême , 6c infiftenc hardiment fur le bill d'exclufion. On rejeta même la propofition faite par un des mi- niftres , de bannir le duc d'York pour Coure fa vie, & daffurer la ré-^ence. au plus proche héritier après lui ; en forte que ce prince n'eût jamais que le titre de roi fans aucun pouvoir. 11 falloit porter la paflion aux der- niers excès de la fureur j pour ng pas fe contenter d'un pareil expé- dient. La fcene que nous allons rap- porter dévoilera encore mieux l'efprit de parti , & l'injuftice aveugle qui forme fon caractère. Tmpofleur Fitz Harris , catholique Irlandois , protégé par s'étoit attiré des s^races de la cour , les commu- i,- n t i r „ i pts, en 1 mltruiiant des meiures & des libelles du parti contraire. Il s'avifa de compofer Ini-mcme avec un nom- mé Everard , efpion ûqs Whigs , le libelle ^►plus infolent & le plus in- |urieu»5apparemment pour e^ faire Charles II. 17^ un objet de délation, qui lui ppoca- ràt quelque rccompenfe. Un traître n'épargne point fon fembl.ible, lorf- qu'il peut gagner à le trahir. Everard dénonça Fitz- Harris , que la cour fit au!îitôt arrêter. Le prifonnier , habile impoilfcur , chercha l'appui du parle- ment. Il déclara que la cour l'avoit engagé elle-même à écrire ce libelle , afin d'en rejeter l'odieux fur les pat- tifans de l'exclufion. 11 ajouta d« nouvelles circonftances fur le com- plot papifte ; & les communes ne rougirent point de le protéger, com- me un inftrument utile à leurs def- fein.s. Mais comment l'arracher des mains de la juflice ordinaire? L'ex"* pédient qu'elles prirent fut d'envoyer une accufation contre lui à la cham- bre-haute. L'accufation ayant été i=e- jetée par les feigneurs, rehis contraire à l'ufage , elles fe plaignirent qu'on violoit leurs privilèges ; elles décla- rèrent coupable tout juge qui pour- fuivroit l'accufé. Charles comprit Le parle. qu'il n'y avoit pins de ménagemens menccafîe, à garder avec une afTemblée fi au- dacieufe , dc calTa toiu-à-coup le par- lement. Hiij 174 Charles IL Le roi de- Cc craîc de vigLieur le fauva. Rc- Yientabfoiu, fQ\^^ ^q ,^ç jamais s'expofer aux aîtj^- ques pai'lementaiies,il diminua beau- coup fa dépenfe ; il abaïKlonna la ville de Tanger en Afrique , qui coûtoit des fommes très-conficlérables , & fe montra déterminé à foucenir fou triomphe fur les fa«5lieux. On vit tout- à-coup une efpece de révolution. Le clergé fit retentir avec confiance les maximes favorables à la couronne. Les Wliigs furent décriés com.ne des républicains & des fedaires. Ou jeta publiquement des doutes fur la conf- piration papille , qu'on avoir fait fcin- blant ds croire avec le peuple. Il ne manqua au roi que de conferver la modération dont il avoit donné tant de marques. C'eût été la vengeance la plus digne de lui. Mais le droit de reprcfailles fut exercé avec rigueur. îrplor.age Les efpions & les faux témoins , dé- & déiaiions. voués aux Whigs avant que la cour prévalût , fe livrèrent à la cour , quand ils virent fa fupériorité bien établie ; ôc ces peftes publiques fervirent fa haine contre leurs anciens protedleurs. Fitz-Harris fut exécuté : il rétracta fes impoftures 3 il aiTura qu'il n' avoit Charles II. 175 compofé le libelle, que pour fe faire valoir en le livrant au miniftere. Mais on ne peur rien alTurer des incenrions d'un fourbe qui fe jouoic de la vérité & de l'honneur. Il eft temps de jeter un coup d'œil Ltéuc do.-- fur l'Irlande Ôc fur l'Ecolfe. La pre- ?^°"^ ^^- ^" miere etoit gouvernée j-ar le lageduc d'Ormond, zélé royalifte, fans être moins bon citoyen , proteftant fidèle à fa religion j & indulgent pour cella à^s autres. Charles l'avoir trop long- temps négligé , comme il arrive fou- vent aux meilleurs fujets ^ qui dédai- gnent les balTeffes de l'intrigue & de l'adulation. Carry Dillon , colonel Irlandois , priant un jour le duc de le fervir à la cour , & alTiirant qu'il n'avoit de confiance qu'en Dieu &: en lui : Iriélas ^ pauvre Carry , ré- pondit Ormond , tu me fais pitié %tu ne faurois avoir deux amis moins accrédités à la cour. Le roi lui rendit fon gouvernement en iC-jj^ il dira fon fujet : Tai fait tout ce que j'ai vu pour défobliger cet homme , & je nul pu men faire un ennemi. C'efl: peut- être , dans un temps de cabales , le plus bel éloge d'un fujet pui liant. Hiv \-j6 Charles IÎ, 5;^aftfst'!ry L'adminiftranon heureufe &: pacî- comte j'or- nque du gouverneur d Irlande irrira fory lii ai- la haine farouche de Shaftesbiiry. U l'attaqua dans le parlement. Ormond y eut pour défenfeur Ton propre his , le comte d'OlTory j qui , après avoir loué fes relions , ajouta avec une noble hardielle : » Jamais il n'a con- 3> feillé de rompre la triple alliance ; n jamais il n'a confeillé de fermer >ï l'échiquier ; jamais il n'a confeillé >5 la déclaration en faveur des noa- M conformiftes \ jamais il n'a con- « feilléde rompre avec lesHollandols » pour s'allier avec la France. Je de" » mande , Mylor'îs , qu'on juge de r> mon père & de tous les hommes 55 par leurs aélion? Z< leurs confeils 5>. Ce difcours fimple & vrai i'emporra fur }',îrriiicieufe éloquence de fou ad- verfaire , auteur des mauvais confeiîs que le roi avoir autrefois fuivis. Olfo- ry raou"ur cjuelque temps après. Le duc d'Ormond difoit qu'i/ ne chan^ geroit pt.-'s fonjils mort contre un autre fils vivcint, L'irlaniï C'étoït uue chofe (luguliere, qu\a pa fible fous Jrlaj-jflg .pays catholique, on n'en- nemenr. tendît poiiu p^.rler de co'.nplot ^ Charles II. i';7 de rcvûlre , taudis que la conju- ration papifte agitoic violemment toute l'i.\ngleterre. Shaftesbury n'ou- blia, rien pour perfuader que les Ir- laodois tramoient aulîi quelque en- treoiife abominable. Un petit nom- bre de vils délateurs , corrompus par des promeires de récompenfe , en- trevenc daiis Tes ^uqs. Le parlen^ent d'Oxford fuivit Taft-àre avec chaleur; & il en coûta la vie au primat d'ir- landcj homme doux & paifible, qu'on a lieu de regarder comme une vic- time de rinipofturé. En Ecodë , l'exercice du pouvoir Aif.^ir-i arbitraire caufa des maux réels , capa- «''fcoflè. bles de révolter la nation. Le parle- .t^e la <ï.re ment éco'Tois, où le duc d'York prit «^'Yoïk. la qualité de commiffairc du roi , éta- blit un teft par lequel la prérogative rovale , la fuprémati<; , l'obéilfance pafTivejC'cft à-dire, l'obligation de ne jamais réfiiler au fouverain , étoient expre'.î-^menr reconnues. ^Tais on y ajouta malgré le duc un article d'ad- béfioti au proteftannlme ; &c le comte d'Atgvle s'éleva contre la propor- tion , faite par les partifans de la couf, de difpenfer les princes du fang dô siyS Charles IL ce teft. II fît même obferver que ^ religion établie n'avoità craindre que du coté de la famille royale. La for- mule du ferment , très-longue , mal digérée , mal conçue, renfermoit des contradictions fi palpables , qu'Ar- gyle , en le prêtant , crut devoir y joindre quelques explications. Le duc d'York , 'irrité contre lui , faifit ce prétexte de vengeance. On l'arrêta , on le condamna. Voyant l'injuftice plus forte que fon innocence, il trouva moyen de s'évader , & en fut quitte pour la confifcation de (es biens, ïxccs du Sous un gouvernement impitoya- gouverne- ble , dans un pays où le fanarifme ^^°'' faifcit braver les fupplices , il falloic s'attendre à de terribles & de conti»- nuelîes exécutions. La rigueur ne fervoit qu'à rendre les efprits plus opiniâtres. Deux prédicans aimèrent mieux mourir que de dire feulement : Dku conferve le roi : ils ne confeu- toient qu'à prier pour fa converfion. Avoir le moindre commerce avec les réfraclaires , étoit un crime d'états Environ deux mille presbytériens , profcrirs pour ce crime , furent poar- fuivis avec acharnement. Une iuqui- Charles II. l'y'f ÂVioiî cruelle répandou la terreur dans les familles. 11 falloir répondre à des queftions infidieufes , telles que eelles-ci : «Voulez- vous renoncer au j» covenant? Regardez vous le foulè- ii vement de Bothwel , ( du temps » de Marie Smart) comme une re- >j volte î La mort de l'archevêque de « Saint - André vous paroît - elle un » alfailinac n ? Le refus de s'expliquer étoit puni de mort. Quoique le duc tt Jus" d'York eût obtenu la permilîion d'al- f^®;'', /°." 1 V T 1 -1 ,-r • I • doute ^ nai. 1er a Londres, il palloit pour le prin- cipai-^utcur de ces violences. Son pouvoir aiigmentoit chaque jour , Se îe faifoit redouter. Le roi , dont oa aimoit la douceur, étoit moins exac- tement fervi. Auifi le poète Wallec difoit-il : Charles ^ en dépit du parle- ment , qui ne veut pas que le duc ' d'York lui fuccede^ a réfolu de le faire régner d'avance. ■ *■ y O — — — _— Cependant l'autorité de la cou- i^^i- fonne croifiToit rapidement. La ville pouiué d\ i: r' de Londres , dont les intrigues de le privilcscs. pouvoir donnoient de l'ombrage, fut airujettie par des moyens extraordi- naires. On porta contre elle un Qwo* Warrauto y c'eft-à-dire, un ordre de Hvj i$o Charles IL produire les chartes de Tes privilè- ges. Si les conditions prefcrites dans ces fortes de chartes avoient été vio- lées en quelque point elTentitl , les priv\^leges pouvoient être fupprimés. On pVetendit que Londres étoit dans le cas. On cita deux faits , fur lefqueîs les avocats de la ville la jaftifierenc foîidement ; mais les juges, dévoués à la cour, prononcèrent au gré de (qs^ intentions. Il fallut j pour obtenir le rétablilTement des chartes , fe fou- mettre à tout ce qu'elle exigea. Le lord maire & les fcherifs , félon les nouveaux règlemens , ne poavo;enc plus entrer en charge f?.ns l'appro- bation du roi ; 6c fi j'éîcdlion ctoic contraire deux fois à fes volontés, lie droit èe nommer devoir lui appar- tenir. Cette politique fut employée pour réduire 'es autres villes à ui-e étroite dcpendance. Les patriotes crièrent au dtfpc'tiim^ j trn levain de révolte toujours fabfifcan: fermenta; au fein de la nation, ôc produilu un complot des plus dangereux. Cotirpira- Shafte'^bnrv avoit déjà ^ormé en îondeshaf- 1680, avec le duc de Monm-urh ^ •^ "'^' k lord RuflTel & quelques autres ki- Charles lî. iSj •neurs le projet du foulèvement* Après que le parlement d'Oxford eue été diirous, ce chef Je parti fuC accufc ôc mis en prifon. il vint à bout d'c'.happer à la juftice. Les conf- pirateurs renouèrent lenrs cabales , X l'occalion des nouveaux fvherifs que la cour avoir fait nommer. Us Te pro- pofoient de foulever une grande par- tie du royaume j d'attaquer mcmeLi ■garde du roi. Toutes ks mefures éroient prifes , le tejnps fixé , un ma- nifeîle déjà prêt pour juTiifier la ré- "Voîte. Quelques délais imprévus cho- Fin <^s ee querent Shaftesbuiy , & Je firent '<^'^'i-"^^s^>'- défefpcrer du fuccès. Il fe retira en Hollande , où il mourut bientôt^ di- gne de rexécration de tout homme qui aime l'ordre , la paix , la ju{lice& la probité. On le foupconne , avec beaucoup de vraifembJance ^ d'avoir forgé la fable du complot piipijtc. Etant chancelier, il n'avoit fait néan- moins que des décrets m,odérés uT cquital^'es. » Tant il efl: difficile , » dit M. Hume , de trouver dans' » l'h'ftoire un caraîflère entière menr n mauvais ou parfaitement bon jquoi- *» que les préjugés de parti entrai-^ iSi Chablis II. » nent fouvent les hiftoriensL aux ey- » trémitcs du panégyrique ou de la » facire >». " ^- Les conjurés ne lailTerent pas à& Laconfpira- luivre leur plan. Un traître qui le rion décou- trouva parmi eux , efpérant d'obte- nir grâce pour un autre crime , ré- véla heureufement le complot. Mon- moiith fe cacha \ les lords RulTel y Gray 5c Howard furent arrêtés. Ce -dernier , homme fans honneur , vou- lut acheter le pardon en trahilTant fes- complices. Sur fa dépofition , l'on faifit le comre d'Eflex , le fameux^ Algernon Sidney , & Hambden , pe- tit-fils du républicain H connu fous l& dernier règne. Trois coupables de moindre rang furent d'abord exécu- Goramentia tes. A s'en tenir à la lettre des lois étre'pTcnS d'Angleterre fur la trahifon , les plus fcionkîlois. douces que l'onconnoinè en ce genre, il étoit difficile de conftater le crim^* ^es feigneurs. Selon la loi d'Edouard 111 , il y a deux principales efpeces de trahifon ; l'intention & l'entreprife- d'ôter la vie au roi , l'entrepiife ac- tuelle de faire la guerre contre lui. Selon le ftatut de Marie , l'un ou l'autre de ces deux crimes doit ètre^ Charles II. itf jfrouvé par le concours de deux té- moignages fur quelque adion qui tende ouvertement à ce but. Des ra- finemens de jurifconfultes avoienc rendu la définition du crime moins étroite , îk: la preuve plus facile. Par exemple , on n'exigeoit plus que les dgux témoins dépofafTent du même aclt : il fufïifoit qu'ils dépofalTent de quelque a«5te de la même trahifon, C'eft ce qui fit condamner Ruirel> l'idole du parti populaire. Trop honnête homme pour nier Procès*: qu'il eût participé au projet d'un fou- '"'^'i. ^^ il ^ -1 r ] r • R»flel^. levement , il le contenta de loutenir qu'il n'avoir eu aucun deiîèin contre la vie du roi. Monraouth lui ayanc offert de fe rendre prifonnier^ s'il croyoit que cette démarche pût le fauver : Je ne gagnerais rien j répon- dit-il, à voir mes amis périr avec moi,- Il rejeta de même l'oâTre du lord Ca- vendish , qui vouloir changer d'ha- billement avec lui, pour faciliter fori évafion. Son époufe , femme d'un- mérite rare , ayant fait auprès du roi de vains efforts pour le fauver , ne: penfa plus qu'à foutenir & fortifiée" Ion courage. Ils fe firent tendrcnxeiic 184 Charles H. leurs adieux , mais fans foiblefîej ÏS jour même de rcxécution. Dès qu'il fe fut féparé d'un objet fi cher : Alain^eriant j diz RuiTtl y ramercume de là mort cjï paffée. Sur le point d'ê- tre conduit au fupplice , il dit , après avoir remonté fa montre : C'en ejî fait pour le temps ^ il ne faut ptnfer qu CL fetainité. Son principe étoit que le pouvoir des rois d'Angleterre e(t limité par les lois j & que fi le mo- narque en palle les bornes , les fujeis peuvent fe défendre pour l'y ramener. Mais il affura toujours n'avoir jamais été capable de projets noirs , qui ten- dilTent à l'alfailmat du fouverain. Du lefte, il préféroit, comme il le dit à Burnet , une mort violente à toute autre ; petfuadé qu'on en croit quitte pour être expofé quelques minutes aux yeux de la populace , & que l'on àvoit moins à fouiîiir qu'en fe faifanc arracher une dent. 11 monruc fans montrer la momdie foibleire. Ces circonftances don; ent une idée du caractère 6.qs Anglois. Procès Ji Sidney, fils du comte Leicefrèr , èidûïy. fuccédâ fur i'échafaud à Ruiftl. Son vafte génie , fon courage inébraftr Charles IL 185 îable , fa p fîion pour la liberté, lui avoient tait jouer un grand rôle par- mi les républicains. Il s'étoi: oppofé i la reftauration de la monarchie , au(TÎ ardemniejit qu'à rufuipirlon de Grom\rel. Howard étant le feul té- , moin LQiicre lui, on imagina d'y fup- plcer par les papiers de l'accufé. Quel- S:s écrirs ques écrits où il avoit établi fes fen- î""''?^ "^^ timens lue le contrat national, lurla réfiftance contre les tyrans , fur les avautages de l'état républicain , fu- rent regardés comme un fécond té- moin plus que fufïifant pour une par- faire conviftion. En vain Siuney re- préfenta que la rctTemblance d'écri- ture, preuve rejetée en Angleterre j étoit "l'unique preuve qui put lui faire at:i ibaer ces ouvrages \ que d'ailleurs ils n'a voient point été publiés , ni communiqués à perfonne ; qu'ils ne prou voient pas une confpiration ré- cente, puifque l'on voyoit évidem- ment que l'écriture étoit ancienne. Condamné mal' ' rr * t moutb. irent rien dmcerenan: . Le comte d'ElTex avoit été trouvé mort dans fa prifon. Le bruit courut que c'éroie un meurtre , commis par les ordres du roi & de fon frère. Il paroît ce- . pendant certain que le prifonnier s'é-' toit lui-même coupé la gorge. Mon- mou:h obtint fa grâce, êc fut dif- gracié de nouveau pour avoir rétradé fa cont-edîon. leroiabfolu Charles jouit enfuite d'une au- torité paifîble &c prefque fans bornes.- L'horreur du complot le rendoitplus cher à fon peuple. La dodlrine de la foumiflion entière & même de TobéifTance paiTive devint le fyftême * J'igiiorois un trait , que Madame Brooke rapporte dans une note , d'aprè* Daliymple. On offrit à Baif.ie de le fauvcï s'il vouloit fervir de témoin. Il répondit en fouriant: dux qui me font une pareille pro^ fofition ne connoijfent ni moi ni ma patrie. Charles ïI. 1S7 dominant j & l'univerfité d'Oxford condamna des propofitions , qu'on avoit vues peu auparavant érigées en principes. En voici quelques-unes. Toute autorité civile dérive original- Propo/îtions rement du peuple. La Couver aineté en condamnées, A 1 rn j j • ' * Oxford. Angleterre confijte dans les trois états y le roi , les feigneurs & les communes , & le roi a un jjouvoir égal avec les deux chambres. La confcrvation de foi-même eji la loi fondamentale de la nature , & arrête f obligation des autres lois , lorfqu elles lui font oppo^ fées. Mais en condamnant une doc- trine, les doâ:eurs ne font quelque- fois que l'enraciner. On en verra bienrôc la preuve fous le règne fui- van t. Le duc d'York fut rétabli dans fa Autorité du charge de grand Amiral , fans avoir ^'^'^^^^^^ prêté le ferment du teft. Ce prince tenoit les rênes du gouvernement; & les rigueurs cle ces dernières an- nées conviennent plus à fon carac- tère, qu'à celui de Charles toujours porté à l'indolence & à la douceur. Un jour que le duc lui propofoic quelques mefures précipitées ou vio- lentes : Mon frère , lui dit-il ^ je fuis i8S Charles ÏI. trop vieux pour recommencer méS courfes , vous le pouve^ Ji cejl votte goût» Charles penfoic ( dît-on ) à le renvoyer , oC à rendre le gouverne- •_ ment plus conforme au génie de la i<58f, nation; lorfque ce roi mourut dans Char'lJih ia cinquante-cinquième année de foft âge , apiès avoir reçu les facremens de l'églife romaine. Il avoit toujours vécu en déille plutôt qu'en catholi- que. Quelques - uns crurent qu'on l'avoir empoifonné j foupçon témé- raire, infpiré par la méclianceté &: la haine. Soncaiaftete Charles il aurolt été plus digne du trône , (\ les pallions & rmdolence n'eulTent altéré en lui les dons pré- cieux de la nararc. 11 avoit les qua- lités d'un homme aimable , plutôt que celles d'un grand roi &c même ^d'un homme J'olide j ennem.i du tra- vail , oubliiiu les fervices , ne s'atta- chant par ellipse a perfonne, négli- geant tous les devoirs. On a préten- du (& la conduite donnoit lieu a cette cenfure exagérée ) qu'il n'avoic jamais dit une chofe folle , & qu'il n'en avoit jamais fait une fage. Son extrême attachement aux plaifirs fut Charles II. 1S9 une des principales fources de fes faures & de fes chagrins. Son dé- vouement à la France le ht toujours foupçonner de vouloir fe rendre ab- foi u par le fecours de cette couronne. Clim)rd, un des miniftres favoris ,di- foii' que la qualité de vice-roi fous un grand monarque, tel que Louis XIV, étoit préféiahle pour fou maître à celle d efclave de cinq cents de fes infolens' fujets. Le malheur des Sruarts fur toujours Méprife itt de fe méprendre fur la conftirutioa smarK, angloife , de de juger de leur auto-» rite pat celle des monarques les plus puiifans. Si la grande charte, tant de fois confirmée , étoit une loi fonda? mentale du rovaume \ leurs principes & leur conduite ne pocvoient man- quer d'offenfer la nation , devenue auili jaloufe de fes privilèges, qu'elle s'étoit montrée docile fous les Tu- dors. Us avoient pour eux de grands exemples j mais on leut oppola fou- vent des lois nationales. En refpec- lant ces lois , ils n'auroient pas mis en danger leur prérogative. Au refte, on ne doit pas s'étonner Ils fe re- flue ces princes chçrchafTent à étendre g'o'^"*^ ™- 1^0 C H A R 1 ÏS II. pardesexcm leuT pouvoif. D'une part, ils trou- gers. ^""" voient dans le parlement une parci- monie exceffive , une inquiétude dangereufe: de l'autre, ils voyoient, furcout en France j l'autorité royale concentrer toute la force publique , fe pafler même de ces états généraux dont elle avoir eu befoin autrefois. Peut-être , avec plus de prudence , feroient-ils venus à bout d'établir une femblable forme de gouvernement. Mais dans une île telle que l'Angle- terre j chez un peuple fi fier , fi brave, û ombrageux & fi remuant, les diffi- cultés éroient énormes , le projet té- méraire. Du moins il falloir bien le cacher. Le âuc Charles n'eut point d'enfans de a'York fuc- Ja reine Catherine de Portugal , prin- cefTeurdefon >^ - . o ». ftçrc. celle vertueule , qui ne put jamais le faire aimer de Ton époux. Ce mariage malheureux occafionna la révolution, en laiflTant la couronne au prince qu'une fadion redoutable vouloir en £3cclure« JACQUES II, JLj E Hue d'York , fous le nom de Difcour« Jacques II , commença fon règne avec ^^ Jacques un applaudllfement prefque général. Le difcours qu'il fît au confeil privé, annonçoit de la modération dans les principes , & de la fageiTe dans le gouvernement. Après avoir donné quelques éloges à la clémence de fou frère , 5c avoir dit qu'il vouloir le prendre pour modèle : « On m'a dé- jj peint, ajouta-t il , comme infatué j> des principes du pouvoir arbitraire; » ôc ce n'eft pas la feule calomnie 59 qu'on ait répandue contre moi. Je sj m'efforcerai de conferver le gou* ïj vernement , foit de l'églife , foit de » l'état, tels que les lois l'ont établi. j> Je fais que l'églife anglicane eft »> favorable à la monarchie , &z que 3> tous fes membres fe font toujours 3> montrés fidèles fujets : aufîi m'ap- î3 pliquerai-je à la foutenir & à la î5 défendre. Je fais de même que les jî lois d'Angleterre fufElj?nt,^ourmç ipi Jacques II. » rendre un roi aufli puifTant , qu'il » m'ed permis de foiihaicer de l'êcrei ** &c je prétends conferver les prcro- » gcitives de ma couronn2 , fans en- » rreprenJre fur les pdvileges de mes w fujers. J'ai fouvenr expofé ma vie 9» pour la défcnfe de la nation : je 33 fuis prêt à l'expofer encore pour ») maintenir {es juftes droits & fei» »> libertés »>. Ce difcours parut une exprellion fincere de fes fentimens , quoique fa conduite pafTée femblât mériter de la défiance. Adreffe des H reçut de toutes parts des adrelfes Qiiakerrs au refpeéliieufes. Celle des Quakers j d'un ftyle fort différent , eft un mo- nument du génie de leur fecte. En voici les termes : Nous fom mes venus témoigner notre affliction pour la mort de notre bon ami Charles^ & notre joie de te voir fait gouverneur. On nous a dit que tu nétois pas de Vé- glife anglicane j non plus que nous : ainjl nous efpérons que tu nous accor- deras la même liberté que tu prends pour toi- me me \ & Ji tu le fais ^ nous te fouhaitons toutes fortes de prof- Les Quakers /^^>^y-;- , . . , m r en Peniîiva- Maigre tous leurs ridicules , il faut '^^ l'avouer, Jacques H. 1,9 5 l'avouer , les Quakers fe rendoient alors refpedables. Guillaume Pen , gentilhomme de leur fedte , en for- moit dans l'Amérique une heurcufe ik florilfante colonie. La Penfilvanie rendra fon nom immortel. 11 y érablit les lois de Thumanité , de la charité. Cette province , peuplée d'hommes vertueufement pacifiques , ennemis de Tinjuftice comme de la guerre , efl; un fpedtacle bien intérelTant , fur- tout daivs le nouveau monde , où tan- tôt la. fuperftition , tantôt l'avarice onr fait couler des fleuves de fanç, La conduite de Jacques , démen- , . , /- 1 II rr r 1 ' a Condaire da tant les belles promenés, ht bientôt roi peu con- craindre 5c pour la liberté nationale ^'^/J^^ ^ -^^ 0 r 1 r • 1 •• T diftours. ëc ;pour la religion nommante. Les droits d'entrées & d'accife , qu'on avoit librement accordés à fon ptédécelTeur, furent levés par fes ordres , comme s'il les eût déjà obtenus du parle- ment. On le vit aller publiquement a la mefTe , contre les lois établies. Les prêtres, en p.irticulier les Jéfui- les , devinrent fes principaux confi- dens. Le pape Innocent XI , à qui il son «le envoya faire des foumifiions , blâma, l'^^^'éà Ro- l'imprudence de fon zèle. L'ambafTa- Tome HL 1 194 Jacques II. tîeur d'Efpagne lai repréfenra que tant de prêtres , admis à Ja cour , écoienc capables de nuire par leurs Mot cle coiifeils. Jacques lui ayant demandé l'ambafla- ft ]q iq{ d'Efpagne ne confultoit pas pagne, ' ^on confelTeur : Oui , répondit l'Efpa- gnol, & c'ejl ce qui fait que nos af-- faites vont Ji mal. Quoi qu'en dife le P. d'Orléans , dont l'hiftoire de ces derniers règnes eft écrite avec une extrême partialité , on ne peur guère douter que le defir de fe rendre ab- folu & de changer la religion , n'ait entraîné Jacques dans le précipice. Le confeil fut à la vérité compofé de pro- teftans ^ mais la reine, JMarie-Eléow iiore d'Eft , & quelques prêtres ca- ,lholiques écoient plus écoutés que le confeil. Parlement Quelque répugnance qu'eût le roi dévoué au ^ convoquer le parlement , il ne pou- voits'en difpenfer au commencement de fon fegne. Depuis quelques an^ nées, la cour avoir pris beaucoup d'af- cendant. Les élections répondirent à fes vœux , & les communes furent prefque routes compofées de Torys. Jacques , dans fon difcours aux deux chambres , renouvela iç.^ promelTeç Jacques II. 19 j 4e gouverner félon les lois , & de maintenir la religion procédante. La manière dont il demanda que (on re- venu fut établi pour la vie, coa:iaie fous le règne précédent , devoïc ce- pendant infpirer des foupçons aux patriotes. « On peut s'imaginer, dit- Dircoura » il , que de me fournir de temps en imprudeniids »» temps quelques fubfides , ce feroit •^**^î""* ^^:> un moyen infaillible de rendre les >j alîemblées du parlement plus fré- 5> quentes. Mais comme je vous parle ï> aujourd'hui du trône pour la pre- »ï miere fois, je dois vous dire fans » détour qu'un tel expédient feroic »> fort mal entendu, & que le meil- j> leur moyen de m'engager à vous M aiïembler fouvenr , eft d'^n ufer »> toujours bien avec moi 55. Quoique ce difcours marquât une réfolutioiî formelle de fe pafifer du'parleraent, en cas d'oppofuion , on diifimula tous les motifs de crainte 5 on accorda au roi le revenu fixe de fon piédé- cefifeur \ on déclara que fa parole ne lai(Toit aucun doute fur le maintien de la religion anglicane ; relif^ion j ajoutèrent les communes , qui leur croie plus chère que la vie même. lij !<)(> Jacques II. Quelque temps après , l'infâme Oates , convaincu de parjure par une foule de témoins irréprochables , donc neuf étoient proteftans , fut con- damné à une prifon perpétuelle , & au pilori cinq fois l'année. Rien ne put lui arracher l'aveu de (on. crime. Il obtint dans la fuite , fous le roi Guil- laume , une penfion de quatre cents livres llieriing; &c plufieurs perfonnes^ lui demeurèrent attachées, comme à un martyr de la bonne caufe. Hévckede Le duc de Monmouth , toujours Monmouih. extrêmement cher au peuple , entre- prit de détrôner fon oncle , dans un pemps où le trône paroifloit fi bien affermi. 1! débarque avec trois vaif- feaux fyr la côte occidentale d'An- gleterre , fans avoir d'abord plus de cent hommes à fa fuite. Il publie une déclaration , dans laquelle ne don- nant au roi que le titre de duc d'York, il le qualifie de traître , de tyran , de meurtrier , d'ufurpateur papifte , & invite la nation à prendre les armes. Le parlement porte contre Mon- rnouth un bill de haute - trahifon. Quarante mille livres fterling, accor* (iç§s eu forme de fubfide pour étpuffçE Jacques ÏÎ. I97 la révolte , favotifent l'aiftivité de Jac- ques. Lerebelle , déjà proclamé dans 11 eft pris quelques villes , eft battu près de ^e*^"»'^' Bridgewater. On le pourfuic avec c^ialeur j on le découvre dans un i^ofCé, couvert de f\nge j déguifé fous un habit de payfan. La crainte dufup-. plice le réduit d'abord à faire d'hum- bles foumilTions ; mais il refufe cou- rageufemeuc de trahir fes partifans , & expie foiî crime fur l'échafaud. La faveur populaire donc il jouilToit au- roit pu le rendre plus dangereux , (i l'imprudence n'eût précipité fes dé- marches. Jacques avoit une occafioii précieufe de fe fignaler par la clé- mence ; mais il ne montra que de la rigueur ; il donna l'eflbr à fon ca- ractère. Cette vidoire fut fuivie des plus E^^cutioas barbares exécutions. Le colonel Kit- tarWe». ke j foldat de fortune , dont l'ame féroce ne refpiroit que le fang ^ pon(Ca la cruauté jufqu'd fe faire un jeu des fupplices de ceux qu'il immoîoir. Le Jefferle? i chef de juftice Jefferies, encore plus fiagiftrai m-. inhumain , puiique Ion état devoir le rendre plus doux , remplit de carnage les comtés qui avoient eu part à U liij icjS' Jacques IÎ. révolte. Une dame anabr.ptifte fut trnlée , pour avoir reça charitable- ment dans fa maifon un des coupa- bles j & ce malheureux fut fauve , pour avoir eu la perfidie de dcpofer contre elle Mylady Lisle , fans autre crime que d'avoir aufli donné^retraite _ à deux rebelles après le combat , fiic également punie de mort , à Tâgê d'environ foixante &c dix ans , quoi- qu'elle eût envoyé fon fils combattre JWonmouih. Selon le P. d'Or'éans , Jacques informé trop tard de ces e%- chs , €n témoigna de l'indignation , 8c cépara autant qu'il pur l'injuftice* Mais cdmment le croire , lorfqu'on voit l'implacable Jefferies créé pair à fon retour , ce élevé bientôt aprè& à la dignité de chancelier ? Etrange façon de punir un homme trop digne de la haine publique ! Affaires Le comte d'Argyle avoit tenté une invafion en Ecofle , avant que Mon- mouth fit la fienne en Angleterre. Ses compatriotes n'étoient point difpofés à le foutenir ; fa foiblc armée fe dif- /îpa d'elle-même j il fut pris ôc exé- cuté. Touslesadesduparlementjqui fe tint alors ^ fembloiint didés par la.. Jacques ÎI. Ï99 cour. On rejeta avec horreur les prin- Tout s'y ùk cipes capables de donner atteinte au ^" ^'^^ '^'^ ^ pouvoir Jacre y Jupreme , jouverain G* abfolu du roi; on déclara crime de haute-trahifon fe refus de prêter ie ferment du tefl:, quand il feroit exigé par le cpnfeii j on établit peine de mort contre ceux qui adilleroient à quelque conventicule ; on ftatua que refufer de rendre témoijjnase dans les cas de trahifon ou de non-confor- mité , c'étoit encourir la peine de ces crimes. Ce changement prodigieux en Ecoiîe prouve ce que peut la force fur un peuple fubjugué. En Angleterre , le parlement ne Pariemenr. fe montra pas fi docile. Jacques ayant Difi^nfc di* déclaré qu'en faveur des officiers ca- ^'^ * tholiques , qui le fervoient fidelle • ment, il avoit difpenfé tout le monde? du teft prefcrit par la loi ; les com- munes firent paroitre d'abord uh peu de vigueur , de réfolurent d'examiner le pouvoir que s'attribuoit le monar- que de difpenfer des lois. Nous fom- mes Anglois , j'efpere , dit un mem- bre , & quelques mots durs ne font point capables de nous enrayer. Ce- pendanc U crainte retint les com- liT 200 Jacques IL munes. Elles n'ai lerenr pas plus loîa; le fubiicie pa(Ta mêm!. les clenjandes de Jacques. Mais in ihambrc haute , moins cotiiploifance contre i"a coutu- me j ei:t'ei.iir cet examen par l'avis même dts é .èque.'î , (i attachés à la cour II n'en falloic pas tant pour choc|uer le roi. irrité d'une appaience d'oppofîtion, il prorogea auiîitôc le parlement. "*■■ '"■■'- Favorifer ouvertement les catho- T A S /C Haiienour ^C[UeS , tOUJOUtS fufpe6ts & tOlîjOUCS Us c3thoii- haïs, étoit une démarche auffi dan- ^""^ gereufe que téméraire. Louis XIV venoit de révoquer l'édit de Nantes ; & les rigueurs exercées en France contre les huguenots , faifoient ab- horrer plus que jamais le nom de pa.- Ex-men du pil^G. Jufqu'alots le pouvoir de dif- pouvoir de penfer des lois pofitives avoir paru ilirpenfcr des *■ i /-il loiî. ^^ne des prérogatives de la couronne. Les communes l'avoienc reconnu elles-mêmes , dans le temps qu'elles fapoient l'autorité de Charles I. Mais l'ufage qu'on en vit faire à Jacques II, excita des doutes fur ce point ; & les doutes amenèrent des principes con- traires aux anciennes maximes. « S'il » peut difpenfet d'une loi , difoitr J  c qv E s II. 20 i fi on , pourquoi pas d'une autre f » pourquoi pas de coures ? ôc que de-' fl viendra la législation entière , aban- »> donnée aux caprices du fouverain ? 3s La loi du ceft étant la plus forte *> barrière contre la religion romai-' » nOj qui empêchera cette religion ï> de s'établir fous un roi qui la pro^ *j felïe , iî le teft n'eft plus en vi^ » gueur 33 ? De fenïblables raifonnemens fai- . i-es ciitt^.- r ' j»' „ n" ligues entfi^' foient trop d imprellion , pour ne pas y^^^.. produire quelque grand effet. Les in- quiétudes augmentèrent, quand oit vit des miniftres, des feigneurs, em- braser la religion de Jacques j d'il- luftres proteftans perdre leur crédit ; k duc d'Ormond rappelé d'Irlande ; & le comte de Tirconnel , zélé ca- tholique , pourvu bientôt après dit gouvernement de ee royaume. Le P. Le r.fetes^ Peters , confeiTeur du roi , membre du confeil privé , paffoitpour l'auteuc de toutes les réfolutions. On regar- doit un Jéfuite dans cette place , coin-^ me un ennemi public chargé des rè'-" lïes du gouvernement. ^, .. TT I.' f/*', Zele impruï. Une rupture ouverte avec i egliie- dem du jol' îrtg^licans , qu'il importoit de méiia- p?""^ ^^ f I-v ^ ^'^'' eUw* ÎOl J A Ç Q U E S II. ger ; rétablilTement d'une coureccléi^ iîaftique, peu différente de celle de haute-commilîion abolie depuis long- temps ; l'évêque de Londres j Comp-^ ton , frère du comte de Northamp- ton , fufpendu par ce tribunal , pour n'avoir pas voulu punir arbitraire- ment un miniftre , qui avoir prêché contre le catholicifme ; ûes atteintes manifeftes portées aux privilèges des univerfités , pour y faire admettre des catholiques : ces nouvelles impru- ■ I *. dences découvroient un deflein formé 1687, de changer la religion. Les lois péna- les furent fufpendues par une décla- ration propre à envenimer le mal;. Comme le caradere du roi ôc fes principes n'étoient rien moins que favorables à la tolérance , on jugea qu'il travailloir uniquement en faveur des catholiques , quoiqu'il atFcétât de carefl'er hs presbytériens. Comptant fur foji autorité , plus abfolue en efter alors que celle d'aucun de (es prédé- ceflTeurs , il ne craignit point d'en- voyer à Rome un ambaffadeur ex- traordinaire, ni de recevoir à Lon- dres un nonce du pape. Toute com- munication avec Rome avoic été dé- Jacques II. z'ô j' darée haute crahifon par un a(5te du parlement. Que pouvoic-on augurer d'une démarche (i contraire aux lois? Innocent XI en prévit les fuites , inno-ent xi! & témoigna peu d'eftime pour un 2,1.'°"^'*' prince dont le zèle inconlîdéré dev^oic nuire à la bonne caufe. Le jugement de ce pontife , célèbre par {qs difpu- tes avec Louis XIV , mérite d'autant plus d'attention , que lui-même il expofoit l'autorité du faint fiege par un excès de roideur. «< 11 eft étrange j- w dit avec raifon M. Hume , que Jac- j5 qiies , qui favoit combien le zele- )) religieux avoir d'influence fur fon yi propre cœur , fût aflez aveugle » pour ne pas foupçonner qu'il pou- » voit avoir la même force fur fes « fujets. S'il avoit fu profiter de tant *» d'expériences j quelles preuves n'a- j) voit-il pas de leur haine pour cette « religion , qu'il vouloir introduire >» par toute forte de moyens dans le' ^^royaumeiî? Peut-être fondoit-il fes efpérances fur les changemens rapides cp'on avoic vus fous Henri \ilil, Edouard Vi , Marie & Elifa- beth. Mais outre quelle patlement étoir prefque efclave fous les Tudors,' t vj: . VtocIs <3e 'ix é vêtues.. Mauvais effet qui ta f éfiike. -104 ^ACQUIS lïr le parti catholique avoic tellement décliné , il étoit devenu (i odieux à la nation , qu'il falloit des prodiges de fage(ïe pour le faire triompher dc^ {es ennemis. La déclaration de tolérance ayant été renouvelée, avec ordre de la lire dans toutes les églifes *, (îx évêques repréfenterent au roi dans une péti- tion refpedueufe , qu'étant fondée fur un pouvoir que le parlement,, difoienc-ils , avoir foavent déclaré illégal , ils. ne pouvoiem l'adopter par une ledure publique. Quoique ces prélats euflent porté Les égards. jufqu'à tenir leur a6te fecret , autant qu'il étoit poffible , on les fit auflitôc conduire à la Tour. L'afïluence dit peuple fur leur palTage, k confterna* tion des fpeétateurs , le refped: mê- me des foldats qui les menoienc eu; prifon, furent une marque éclatante des fentimens du public. Les avocats des évêques défendirent leur caufe avec autant de fuccès que de liberté ;. & les fuges , en les renvoyant abfous^ excitèrent une joie univerfelle. Le- jour même du jugement , Jacquea faifoit la revue des sioupes. Ayaû* Jacques IL lo^ fout- a-coup entendu un bruit extraor- dinaire , il demanda ce que c'étoicr Ce n'eft tien , répondit un feigneur j les foldacs fe réjouiflent de la déli- vrance des évêques. Fous appelé:^ cela rien j répliqua le roi I mais tant pis pour eux. Deux des juges qui avoient été favorables aux accufés, perdirent leurs places ; les miniftres qui n'avoient pas lu la déclaration , furent traités en coupables : le mé- contentement s'aigrit de plus en plus. La reine venoit d'accoucher d'un SoHpçonr ftr fils, & déjà la calomnie jetoit des t^t doutes fur fa naiflTance. j» On débita Gaiiw^ plufieurs faufletés, dit Dalrymple, pour fortifier le foupçon \ de les moins probables furent celles qu'on crut da- vantage , félon la nature de la cré- dulité dans les temps de pafîîon vie* lenre. Les perfonnes , même fenfées & amies du vrai , femblerent perdre,, dans les préjugés du vulgaire , la fof périorité de leur efpric ». ( Mémoires^ de la Grande - Bretagne & de l'Ir- lande. ) Jufqu'alors le prince d'Orange ^ Poluiqij^ dans Tefpoir de fuccéder à la cou- j" p""*^^ _ f, . j . , . a Orange, Jonne.^ setoit conduit envers le rot 2 0(5 Jacques Ï f. {on beau père avec une profonde po licique; lui donnant toutes les dé-- monftrations de refpeâ: Ôc d'actache- ment,ne{e mêlant point des affai- res de fon royaume , & paroKfant ne s'occuper que des intérêts de l'Eu- ï.içiiecon- rope. La hauteur de Louis XIV après tre Louis le traité de Nimegue; les chambres de Metz & de Brifac établies pour augmenter fes domaines \ furrout la révocation de l'édit de Nantes,avoienc rallumé la jaloufie & la haine des- ennemis de ce redoutable monarque. Une infinité de proceftans , fortis de France par zèle de religion, le pei- gnoient darls les pays étrangers corn-- me un odieux perfécuteur. En profi- tant de leur induftrie & de leurs ri-- chelTes , on partageoit leur reflenti'- ment, on brûloir de venger leur re- ligion. Le prince d'Orange, par ani- mofîté perfonnelle, autant qne par' principes de politique , agitoit touteS' les cours contre la France. La ligue d'Augsbourg , conclue en i(j86, étoic Guillaume fon ouvtage. Jacques , perfuadéque dérapprouve l'exemple du ftathouder pouvoir beaii- la conduite f ai- , a J i • de Jacques, coup lut les Anglois , s ertorça de lui faire approuver fes démarches , en- Jacques II. lôf promettant à cette condition d'entrer lui- même dans toutes fes vues. Mais Guillaume n'eut garde de s'expofef à la haine d'un peuple j dont il pou- voit devenir le fouverain. Il fit en- tendre au roi que fi , d'une part , il approuvoit la révocation des lois pé- nales , parce qu'il aimoit la toléran- ce; de l'autre j il regardoit le ferment du teft comme un moyen nécefiaire pour conferver le culte établi ; que Texclufion des offices publics n'étoit- pas une punition ; & que la Hol- lande , quoiqu'elle tolérât indiftin(5le- ment toutes les fedtes , ne confioit ces offices qu'à ceux qui fuivoient la religion nationale. Après avoir déclaré fes fentimens, le prince commença à prêter l'oreille aux plaintes des Anglois. La naiffance du prince de-' Galles paroilfant lui fermer le chemiii' du trône \ il ne craignit plus de rom- ^ pre avec un beau père dont il blâmoir la conduite , & dont les fautes favo- rifoient fon ambition. Plufieurs mécontens i'appeloient Préparatifs déjà au fecours de l'Anfileterre. Les ^"''^" ^^^^ Torys même & le haut clergé , pliant leurs principes aux conjonctures, fe loS Jacqoes ït. rapprochèrent de ropinian des Whîg5# Le prince d'Orange , par (es émifTai- res , flatcoit adroitement tous hs par- tis. Toutes les fedes j anglicans , pres- bytériens , defiroient également un îei protecfbeur. Enfin il fit les prépa- ratifs pour la guerre , fans efpérec qu'elle put le mettre fur le trône. Quoiqu'il agît de concert avec les con- fédérés d'Augsbourg, le fecret fur long-temps impénétrable : la flotte & Tarmée hollandoifes parurent defti' nées contre la France. ^ Jacquesre- Le comtc d'Avaux , ambafTadeur deLouisXiv ^^ Louis à la Haie , plus clairvoyant' que Jacques II j pénétra enfin le fond de l'intrigue , & en avertit fon maî- tre. Auflitôt Louis communique la découverte aii roi d'Angleterre ; il lur offre de joindre une efcadre françoife" à fa flotte , de lever même le fiége de Philipsbourg j ôc de faire marcher' £es troupes dans les Pays-bas , pour contenir les Hollandois par lacrainta' d'une invafion. Jacques , plein d'une aveugle confiance, eftfourd aux avis,, rejeté les offres.^ Je ne fuis pas réduit^ difoit-il , à la condition du cardinat de Furflenberg , ni contraint dé rer- Jacques II. 205) chercher la procedion de la France. ( Le cai<^inal de F iirfteuberg, évêque de Strasbourg, dévoué au roi, avoic été (Tuftrc de l'éledorat de Colo.^ne. C'étoit un motif de laguerre commen- cée contre Tempereur Léopold. ) Les démarches ctficieufes de Louis XIV lîteiK foupçonner qu'il étoit lié avec Jacques par un traité fecret, tel que celui qu'il avoir conclu avec Char- les II j & ce bruit malignemeiu ré- pandu anima la haine des factieux. La flotte angloife s'étoit mutinée , parce que l'amiral faifoit dire la mefîe fur fon vailfeau ', les troupes de terre n'étoienc pas moins difpofées à la ré- volte , p.uce qu'on vouloir las faire confentir à la révocation du teft êc des lois pénales. Jacques couroit à fa perte avec la fécurité d'un homme qui ne prévoit rien. L'illufion fe diflipe quand il n'eft 11 eft fu». pUis temps. Son ambalTadeur lui écrit P['» &tren»* de Hollande, que tout eft prêt pour une prompte invAfionjSc que le grand penfionnaire Fagel avoue hautement î'entreprife. A cette nouvelle j il pâ- Jit , il fe trouble , il fe rétradle ; il rend leurs offices zu\ partifans du teft Il© Jacques II. êc des lois pénales j il careflTe les pré- lats perfécatésj il caiTe la commiflion eccléliaftique \ il reftiuue les chartes de Londres & des autres villes; il -s'efforce de gagner les HoUandois , en pomettant d'embraffer les allian- ces qu'ils jugeroient néceflfaires pouf le bien commun. Mais fon impru- dence avoir rendu le mal incurable ; & quand même ce changement fou- dain auroit pu paroître lîncere , on auroir craint fans doute que (es prin- cipes ne l'emportaflènc fur fes pra- m elfes, Manîfeftede Un manifefte du prince d'Orange Guillaume, prépara les voies à l'invadon. Les griefs de l'Angleterre y croient ex- pofés en détail. Le prince ajoutoit , que pour remédier à tant de défor- dres , il fe propofoit de paffer dans le royaume avec une armée; que fon unique but étoit de garantir la nation des pernicieux confeils de ceux qui avoient la confiance du roi ; &c de procurer un pAiIement libre , qui pourvût à la liberté publique , Ôc exa- minât les preuves de la légitimité du; prince de Galles. Jacques 11 ne tarda point à foutenir par les aBaadoauét Jacques II, m armes cette fatale déclaration. Sa flotte d'eiiviron cinq cents vailTeaux portoit une armée de plus de qua- torze mille homnfies. A peine fut-il déb.irqiié àTurbay, qu'une foule de feigneurs &c d'officiers Anglois s'em- prelferent de le joindre. Churchill, fi célèbre depuis fous le nom de Marlborough , trahit le roi (on bien- faiteur ôc fon ami : de page j il étoit devenu pair; il étoic un des princi- paux ofhciers de l'armée. Le prince Georges de Danemark , gendre de Jacques , &c la princefTe Anne , fa fille la plus chérie , l'abandonnèrent avec inhumanité. Dans Taccablement où le Jeta ce coup imprévu: Grand Dieu ! prends pitié de moi , s'écria*- t-il , mes propres enfans ont aban- donné leur père ! Se défiant de fon armée, craignant il perd la de fe mettre à la difcrétion du parle- f°"''onne ment ; ce prnice , d une valeur eprou- bat. vée & d'un caradere ferme , perdit tout courage , & abandonna fon trône fans avoir même tenté de le défendre. On l'arrête dans fa fuite ; il revient à Londres \ il fait dcman» «ier une conférence au prince d'O- liz Jacques II. range. GuilL^ume lui envoie ordre de fortir de la capitale , &c 'lui aflîgne pour prifon Rochefter , ville peu éloi- , gnce de la mer ; efpéranr que ce dan- gereux prifonnler le délivrera en fuyant, de l'embarras que lui caufoic fon fcjour dans le royaume. En effets le roi détrôné fe fauva bientôt en France , cm Louis XIV le reçut avec une gcneroiîte inouïe. Jugiirent -^^ Hume rend cette iuftice au êe Hums fur , ' ce roi, malheureux iacques 11, que pouE faire un excellent fouvefain , il ne lui manqua que des égards dus à la religion & aux lois de fa patrie. «S'il j5 avoir en , ajoute- cil , cette qualité »s elTentielIe j (es talens, quoique mc- •> diocres , relevés par tant de vertus , « auroient pu rendre fon règne éga- « lement glorieux 8c fortuné. Sans sj ellej toutes les perfedions qu'il « poflédoit devinrent dangereufes ôc »' funeftes à fon royaume ». Peut" être , en s'y prenant avec fagelTe , fe- roit-il venu à bouc de réconcilier l'Angleterre avec l'églife romaine; Se jamais l'expérience ne prouva mieux combien un zèle indifcret peut nuire i-'. une caufe refpe^table. Jacques j» JXCQUES II. IIJ étant duc d'York , avoir inventé les fignaux de mer , invention qui lui fait beaucoup d'honneur. Le prince d'Orange , trop politi- Parlement^ que pour s'emparer viole mmeî'it de la couronne ; trop partifan de la li- berté j pour s'expofer au reproche de tyrannie ; comptant d'ailleurs fur les difpoiitions favorables d'un peuple , qui le regardoit comme fon libéra- teur; voulut que les lois difpofaflent du gouvernement. Le parlement fut convoque fouSjle nom de convention \ parce que celui de parlement fuppofe les ordres du roi. Bientôt les com- on déclara munes déclarèrent que Jacques 11 > ^^ "°'** '^*; s'écant efforcé de renverfer la confti- îution du royaume , en rompant le contrat original entre le roi & le peuple; ayant violé les lois fonda- Xnentaies, par le confeil des Jéfuites & d'autres efprics pernicieux ; & s'é* tant évadé du royaume , avoit abdi- qué le gouvernement, & qu'ainfi le trône ctoit vacant. Quoique les Torys eulTent beaucoup relâché de / leurs principes fur l'autorité royale , ceitQ déclaration excita de grandes difputçs dans U chambre-haute. On ZI4 jACQtTES 'II, examina d'abord sily avait un con- trat national entre le roi & le peuple : l'affirmative l'emporta de fept voix. On agita enfuite la queftion , ^ le roi Jacques avoit rompu le contrat origi- nal : elle fut décidée fans peine con- tre lui. On paiïa enfuite au dernier article, s'il laijjoit le trône vacant, La pluralité étant pour les Torys, il fut réfolu de fupprimer cet article. \.Qs communes infifterent \ &c après de nouveaux débats, leur déclaration fut reçue fans le moindre change- ment. Première Voilà donc le fruit des malheu- fource de la reufes difputes commencées fous Jac- tévolution. TA 1" ' r •/- • « ques 1. Auparavant, 1 epee tailoit les révolutions j on ne raifonnoit guère, on couroit aux armes. Maintenant c'eft la nation alTemblée qui difcute £es droits ^ ceux du fouverain : elle prononce le jugement d'après àes principes ; & ce jugement fixe la conf- titutionde l'état. Mais qu'on fuppofe Jacques II vainqueur du prince d'O- range : comme les principes de tout le refte auroient pu changer ! d'Orange dé- H S aguloit de remplir le trône; ciare fes in- Lgj y^g vouloicnt uh régent 5 le» Jacques H. iiç autres un roi. Changer le droit de fuc- ceflîon , paroifîbit aux premiers un renverfement des lois fondamentales^ nommer un régent qui gouvernât avec une autorité précaire , c'étoit , au jugement des autres, lailïèr une fource de confufion de de difcorde. Le prince d'Orange leva enfin le maf- que. 11 fit appeler quelques feigneursj & leur dit qu'il ne prétendoit point entrer dans les délibérations parle- mentaires ; que c'étoit au parlement à choifir le fyftême le plus conve- nable & le plus avantageux ; que fi on fe déterminoit pour une régence , il croyoit devoir les avertir qu'il n'ac- cepteroit pas un titre , dont il apperr cevoit les inconvéniens inévitables ; que fi l'on donnoit la couronne à la princefie , fian époufe , dont il con- noilToic tout le mérite , il préféreroit pour lui même une condition privée, a cette couronne qui dépendroit de la vie d'un autre ; que dans ces deux fuppofitions , il lui feroit impofliblç de les féconder ; & qu'une dignité précaire ne pouvoit lui faire aban- donner les objets de la plus haut^ importance , qui l'appelleroient bien- 2i6^ Jacques II. tôt ailleurs. La princeiTe Marie , fort attachée à fon époux , entra dans (es vues , ainfi que la princefTe Anne fa fœur. Erablifle- Alors fut pafle un biil pour l'éta- iTicntdeU blilTemenc de la couronne. On la couronne, , . • u^-v ûonnoit au prince d (Jrange conjoin- rement avec fa femme \ mais l'admi- niftration étoît réfervée au prince feul. Anne devoir fuccéder après leur mort , & fa poftérité après celle de fa fœur Marie. On joignit à ce rè- glement une déclaration qui fixoit les bornes de la prérogative royale. Nous la tranfcrirons en partie, comme un acte e(Tentiel pour donner l'idée du gouvernement anglois. , , . Elle porte que le prétendu pou- Les droits • j f r i i 1 • r ' |c la lution. voir de iuipenare les lois , ou 1 exécu- tion des lois , par la prérogative royale fans le confentement du parlement, eft illégal. Que l'éredion d'une cour ecclériaftique,& de toute autre cour, eft illégale &c pernicieufe. Que tout^ levée d'argent pour l'ufage de la cou- ronne jfans que le parlement Tait ac- cordée j ou pour un temps plus long ou d'une autre manière qu'elle n'eft accordée , eu illégale. Que c'eft un droij Jacques IL zi-/ ^rolt des fujets de prcfenter des pé- titions au loi, ôc que tout emprifon- nement ou toiue pourfaite pour cette raifoji , eft illégale. Que lever ou en- tretenir une armée dans le royaume fans le confentement du parlement , eil contraire aux lois. Que les fujets proteftans peuvent avoir d&s armes pour leur défenfe, fuivant leur con- dition j & de la manière qu'il eft per- mis par les lois. Que les éleélionsdes membres du parlement doivent être libres. Que les difcours de les xiébats du. parlement ne doivent ccre exami- nés dans aucune cour , ni dans aucun autre lieu que le parlement. Qu'on ne doit point exiger cies cautionne- mens exceffifs , ni impofer des amen- des exorbitantes , ni infliger des pei- nes trop rudes. Que les jurés doivent être choifis d'une manière impartia- le j & que ceux qui font choifis pour jurés dans les procès de haute-trahi- fon , doivent être membres des com- munautés. Que toutes les conceflions ou promeiïes de donner la confifca- tion des biens de quelque accufé , avant fa convidion , font contraires ;aux lois 5c nulles. Que pour rrou- Tome IIL K. ii8 Jacques II. ver du. remède à cous ces abus , pour corriger !es lois, pour les fortifier & les maintenir, il eft nécefTaire de tCr nir fouvent les parlemens. Nouveau A la place des fermens d'allégeance ferment. ^ ^^ fuprématie , fupprimés par la déclaration , on fubftitue un nouveau ferment en ces termes: o Je promets » fincérement j ôc je jure que je ferai » fidèle à leurs majeftés le roi Guil- 3> laumç & la reine Marie. Je jure »> que du fond du cœur , j'abhorre » comme impie Ôc héréticjue cette s> damnable do6l:rine & pfopofition , » que les princes excommuniés ou dé- j> pofés par le pape ou par quelque âu- » torité du fiege de Rome , peuvene »> être dépofes ou tués par leurs fn jets. j.» ou par d'autres quels qu ils f oient ; » &c je déclare qu'aucun prince , au- « cuneperfonne , prélat, état ou fou- i_i verain étranger , n'a 5c ne doit avoir «> aucune juridi6):ion , pouvoir , fupé- » riorité , prééminence , autorité ec- « cléfiaftique ou fpirituelle dans cq « royaume. Ainfi Dieu me foie en » aide ji. Pourqi^l Après tant d'agitations contre U Jacques II. 219 pour la reftieindre de plus en plus; eelapréros il paroîc étonnant que les Anglois S^"^'^^* ne lui aient pas fixé des limites plus étroites ; qu'ils aiçnt lailfc îe roi maî- tre de convoquer Se de diîïoudre le parlement , de refufer fon confente- ment aux biils , de conférer toutes les grandes places dont le revenu eft immenfe, &c. Mais Tarmée de Guil- laume en in-!poioit : on étoit prefTé; on craignoit cie faire des innovations trop conlidéiîules. D'ciilleurs, la cou- ronne dépendant du parlement pouc fon revenu , pour iej fuhlîdes ; Se les lois étant commcî enraciiic-es dans l'efprit national ; on fe croyoit tou- jours alTez fort contre les entrepiifes d'un roi qui voudroir fe i^^ndr i ab- folu. Le féal exemple de J.?..que9 avoit de quoi contenit fe: fLi-cef-: feuts. Sous les règnes de Charles lî Se Marine ; de Jacques II , derniers rois di. la ',*ï.^s™ir/dir' maifon de Stuart , la milice angloife "ers rois, déchut confidérablement , mais la marine fit de grands progrès. Char-' les n'avoic trouvé que foixante rroîi Kij 210 Jacques II. vallfeaux eu i66q. Sa Hotte en 1^78 écoit de quatre-vingt-trois vallfeaux. Celle de Jacques , au temps de la révolution , en avoit cent foixante & treize , pour lefquels il falloitqua-» rante mille hommes d'équipage. Dans le cours de vingt -huit années j le nombre des vailTeaux marchands augmenta du double: preuve évidente de Taugmenration du commerce. L'art de teindre les draps étoit encore' inconnu dans le royaume , lorfque Louis XIV fit fon invafion en Hol- lande : rinduftrie hollandoife en pro- fitoit. Un homme réfugié des Pays- bas apporta enfin cet art important j & ce fut un grand avantage pour l'Angleterre. C'eft aux étrangers qu'elle étoit depuis long- temps re- devable de fes manufadures. La com- munication des peuples entre eux a fait circuler par-tout les plus utiles connoilTances. On ne réfléchir point allez fur les effets de cette caufe fé- conde , qui a changé la face de toute l'Europe. Mœurs, Après le rérablilTement de la me-»" itie jgion. jj^fchie , un libertinage effréné corr fompit le$ rnociirsj mais le fanatifhie Jacques II. ill fur prefqu'éceint. A ce dernier fléau faccéda refpric d'irréligion j parce que les hommes palTenc d'ordinaire d'un extrême à l'autre. La cour & une partie des gens de lettres en fu- rent infedés. Tant d'excès Se de fo- lies qu'on avoir vu naître des préjugés religieux , infpirerent ou de la haine ou du mépris pour les vérités même les plus utiles à la fociété. On eue j'injuftice de confondre avçc la reli- gion l'aveugle fuperftition qui la déshonore , & le furieux fanatifme qui femble la pervertir. Les deux Phiiofopiiie, plus grands philofophes de ce temps, ^'""aturc, Boyie & Newton i (le premier tort inférieur à l'autre) réfifterent au tor- rent de rimpiété j leur exemple étoic une forte preuve contre les impies. Charles U établit par des lettres-pa- tentes, en 1660 y la Société royale de Londres, fi fameufe par Ces travaux, 6c par les favans qu'elle a ralTemblés dans fon fein. Elle s'étoit formée à Oxford , où quelques gens de lettres cultivoient paifiblement la raifon , du temps de Cromwel. Les encourage- mens de la cour fe bornèrent à ces patentes. Ce fut le fiecle des fciences Kiij 211 Jacques II. en A'^glferre , tançai': que c'ctoit en Butbr,Dry- fiprice ^.eluj du goiit. L^tîudibras de f , «-way. _gjjj|ç.r^f^yf(_ ;,-rrériieuie& piquante, fur n.èb-utjîs à la couronne par le ri- dicule qu'elle je.a fur le fanacilme ,& fur les ei\UQ[ Jfes du pailement ré- pnbli-;am. Ln France, la Satire Méni- pée ave it prodnic le même effet con- tre la ligue : tant la raifon peut em- ployer utilement le ridicule. L'Ab- îalon de Dryden contribua au triom- phe Aqs Torys fur les Wliigs , vers la fin du règne de Charles. Otway, célèbre poëte dramatique , comme Dryden , étoic royalifte déclaré. Ce- pendant ces trois auteurs ne reçurent aucun bienfait de la coui'j qui pût les tirer de l'indigence. Charles , avec plus d'efprir peut-être & plus dé connolllânces que Louis XIV , ne fut pas s'immortalifer comme lui en ré- compenfant le génie : il n^en avoît pas les moyens , parce qu'il diflîpoit Temple, pour de vains plaifirs. Un des écri- vains anglois les plus eftimables de ce fiecle , malgré la négligence de fon ftyle , eft le chevalier Temple. Il joi- gnit les talens littéraires à ceux de la politique ^ 6c à la gloire de l'efpric Jacques II, 125 èc de la philorophie , le mérite , alors très-TAie, de refpeder toujours les mœais 5c les lois. Le finacilnie avoic produit dans pijjdejVcU- les î.icEurs àngloifes une réforme pourvu©!, importante, qae la raifon & le théâ- tre ont affermie: c'eftl'extinction du duel. Cromwel & Tes femblables le profcrivirenc très-févérement , parce qu'ils n'en trouvoient aucun exemple dans la bible : cette raifon pouvo'.t tout fur Tefprit des enthoufiaftes. Heureufement le génie national s'eft plié par habitude à un changement Il avantageux. En jugeant de tout après la bible, Préjugécon. , ' " 1 a' \ . tre ks uaaa- on S accoutuma de même a ne voir ckrj. dans les financiers que les publicains de l'évangile: on en conçut des idées très-défavorables. Ce préjugé fubfifte encore dans la nation. %d Kiv l6Î9- i24 GUILLAUME ÏII ET MARIE. JLiËs droits de la fuccefïïon violés Pouvoir di en raveiir d un étranger, le roi iegi- la couronne jjj^g détrôné pat fon gendre & prof- voiuàon. crit par la nation , le ftathouder de HoUande établi fans combat fur le trône d'Angleterre : c'étoit une fuite naturelle des principes qui avoient pris racine dans ce royaume , & qui avoient donné au génie libre & tur- bulent des Ançlois tant d'audace contre les droits de la royauté. Mais foit que l'expérience eût fait con- noître les inconvéniens d'une trop grande liberté , foit que le parti popu- laire n'ofât franchir les barrières de la conftiturion nationale j foit que TadrelTè du prince d'Orange, reconnu fous le nom de Guillaume III , pré- vînt des attaques dangereufes j les Anglois , comme [e l'ai déjà obfervé , ne profitèrent point de la conjon(5tu- re , pour dépouiller la couronne de fes véritables prérogatives , ni pour Guillaume îll & Marie, ii 5 la mettre hors d'état de réveiller les inquiétudes de la nation. Elle con- ferva le droit de convoquer 3c de dilîbudre le parlement , de choifir les membres du confeil, & de nommer aux offices les plus importans. Guil- laume eut foin de tompofer le con- feil de perfonnes dévouées à (es in- térêts. Le docteur Burnet , l'un des p auteurs de la révolution, ennemi éveque* padionné àQS Stuarts, obtint le fiege de Salisbury. Réfugié en Hollande fous le dernier règne , il avoir em- ployé fa plume & {es intrigues au iervice de l'ambitieux ftathouder. L'efprit de parti tranfpire dans fes ouvrages. 11 falloit,oa alTembler un parle- laconvet*. nient, ou donner ce titre à la cow- ^"^" *^'^^"S'>--e • 1 j-r r j 1 en [.atkmen: rention qui venoit de dilpoler de la couronne. On préféra le dernier parti, comme plus facile & moins hafar- deux. Le roi fe rendit à l'alfemblée , harangua les deux chambres , leur repréfenta que les affaires du royau- me exio;eoient des mefures ésalemenC promptes & efficaces j les aUura de Ion 2e! e pour le bien public, & de! fon empreflementà juftifier ropinioti K V ±i6 Guillaume III & Marie. que l'Angleterre avoir conçue de Ta droiture ék. de fon inccgiiré. Quoique plufieurs membres des communes foutinlTent que la préfence du roi ne fuffifoit pàSj fans des lettres de con- vocation , pour former un parlement, le fentiment contraire prévalut. On décida , malgré le parti de la cour , que les revenus accordés à Jacques II n'auroient plus lieu. Tandis qu'oa délibéroit fur les moyens d'y fup- pléer , Guillaume informa les com- munes que le roi dépofé aîloit faire une invafion en Irlande. Le parlement lui accorda :miîîrôt quatre cent vingt mille livres flerling , pour la guerre qui menaçoit le royaume. Parti coEtre Cependant les cœurs commen- rGuillaume, çoientàfe divifer. Ces difFérens par- tis qui avoient appelé de concert le prince d'Orange , ne voyoient pas de même œil le roi Guillaume. Les uns lui reprochoient d'avoir pafifé en An- gleterre , moins pour défendre la na- tion que pour fe faifir de la couron- ne; les autres le foupçonnoient d'êtr© ennemi de l'églife nationale, parce qu*attaché au calvinifme, il fouhai- toit d'établir la toléraiice, Quelqnç» Guillaume m & Marib. 117 évèques & quelques feigneurs refii- ferent le ferment. On appela non-ju" rans ceux qui montrèrent de l'oppo- fition au gouvernement établi. Le roi, informé ci un complot , fit arrêter les perfonnes fufpedtes. Quoique ce fût une atteinte aux lois de la nation , les pairs le remercièrent de (on. zeie j &: les communes lui accordèrent pour un temps le pouvoir de difpen- fer de l'aéte ànabeas corpus. Cet aâ:e , fi favorable à la liberté civile , ne Teft pas autant à l'ordre politi- que : car le moyen de réprimer les émeutes , les féditions , fans quelque coivp d'autorité abfolue ? Après la cérémonie du couronne- S'itifiJesavec ment ^ Guillaume obtint des fubfi- P^écaunon, des , foit pour rembourfer la Hollan- de , à qui fon expédition avoit coûté fept millions de florins \ foit pour en- tretenir une armée & équiper une flotte confidérable , nécefTaire dans àts conjpndtures (î orageufes. Mais il s'apperçut avec chagrin que les com- munes, en mettant des bornes '3 leuf libcnlité , penfoient à relferrer fâ pullTance comme celle de Ïqs prédé- ceiîeurs, Kvj 228 Guillaume III Se Marïï. I.eroiveut Ce grand politique vouloir furtoitt etaHiriatc- étouffcr ïcs haincs & les difputes de religion , fource de difcorde entre les citoyens Se de cabales dans Tétar. Tous ces fermens , qui tourmentoienc la confcience des fujets fans aucun avantage pour la nation , ou qui ex- cluoient des offices plufieurs hommes de mérite qu'on auroit dû y appeler, lui paroiiroient également inutiles & dangereux. H fe propofoit de réunir les fedtes proteftances , de manière que jouiflant toutes des mêmes droits, elles concourulTent unanimement au même but du bien public. Des évè- ques, des dcxSreurs éclairés , vraiment religieux, S-c non moins ennemis de la fuperftition , entre autres , le célè- bre Tillotfon , depuis archevêque de Cantorbery , fécondèrent en vain les Leclergéy delîrsduroi. L'intérêt & les préven- metobftacie. tions du clergé anglican mirent obf- tacle à Ces detTeins. Les anciens fer- mens d'allégeance Se de fuprématie furent abolis , fans que les non-con- formiftes partagealfent les privilèges des anglicans. Un bill paifé en loi exempta feulement des lois pénales, ceux qui auroient prêté le ferment GmtiAOÀiE lu 5c Marie." liif au roi , pourvu qu'ils ne tiniTent point d'aiïemblées particulières. Cette to- lérance s'étendit aux Anabaptiftes &C aux Quakers , dont on exigea néan- moins une profellion de foi fur la triiiité & l'écriture fainte. Quoique les catholiques ne fufîènt point com- pris dans l'aéte parlementaire , Guil- laume les traita de même avec dou- ceur, 11 craignoit d'enflammer leur haine , & fes principes de tolérance devenoient des relîorts de fa poli- tique. Un des objets les plus importans pour le loi, & les plus dignes de l'at' tention du parlement , éroit le revenu qu'on devoit fixer à la couronne, ou communes. ce qui s'appelle la lifte civile. Sous les derniers règnes , le revenu aflîgné , toujours infuffifant , quelque conlî- dérable qu'il parût, avoir été entiè- rement à la difpofition du monarque; fouvent le défaut d'économie ou de fageffe avoit dilîipé les fonds , defti^* nis aux befoins de la patrie. On vou* loit prévenir un abus fi dangereux. Pour cela , en fixant la fomme qui devoir entretenir la maifon du roi, & foutenir la dignité royale , on i^o Guillaume IÎI & Marie,' régla que le parlement veilleroit â l'emploi du refte des deniers publics. I,es communes en ont toujours fait depuis Tapplication , &c les comptes ont été foumis à l'examen des deux chambres. Ce changement devoit d'autant plus déplaire à Guillaume, que l'on n'accorda le revenu que pout un temps limité & court. Les An- glois , fuivant leur ancien fyftème , penfoient à brider le fouverain , pat lebefoin de fecours pécuniaires. La faâion des Whigs dominoit alors. La réfiftance des Torys redoubla fon ardeur inquiète. Ce choc perpétuel de fentimens oppofés excita de vives difputes dans le parlement j &c trou- bla fans cefle le gouvernement de Guillaume IlL ^ ... L'EcofTe reconnut fon autorité Guillaume P A 1 l ' l C rcc^nni en commc 1 Angleterre , maigre les er- Ecoife. (oïis des émiffaires ÔC des partifans du roi détrôné. Jacques avoir ecrii à la convention écodoife , pour rexci"* ter à foutenir fes droits légitimes , contre les entreprifes de l'iifurpateur. Il promettoit de prompts fecours ; il offroit le pardon à ceux qui rentre- roienc dans le devoir , il inenaçoit de Guillaume m & Maire 2^1 punir févéremcnt les rebelles opiniâ- tres. Vaines paroles , auxquelles il ne pouvoic (donner de poids dans la (Iruation de fes affaires. Le duc d'Hamilron^préridentdel'alTemblée, enrraîna les fufTrages contre un prin- ce dont la religion ôz le defporifme étoient peints avec les couleurs les plus odieufes. Les états de ce royau- Aflesfon- me déclarent qu'étant papiftej ayant trelerojJa<« exercé la puilTance royale , fans avoir ^"'^** prêté le ferment prefcrit par les lois *, ayant attaqué les conllitutions fonda- mentales d'une monarchie limitée , & violé les lois ôc les libertés de la nation ; Jacques a perdu tous (es droits à la couronne, &z que le trône eft vacant. On fait défenfe de le re- connoître & de l'alTifter ; on proclame le roi Guillaume & la reine Marie; on envoie des commilTaires leur pré-, fenter Tade qui établit leur autorité, La "formule du ferment qu'on leur propofa , çonrenoit , entre autres arti- cles , une promelfe de détruire l'hé- rélîe. Guillaume prorefta qu'il ne prétendoit point s'obliger à agir en perfécuteur^ les commilTaires Taffu- leienc que ce n'étoit pas l'efprit da i^i (Guillaume lîï &: Marié. fermenr. Sur cetce déclaratioii, il ac- cepta la couronne d'Ecoffe. La cori- vention fut changée en parlement. Bientôt il s'y éleva des plaintes contre le roi , qui crut pouvoir lui- même choilir les juges,- & qui laifla fubfiiler quelques-uns des griefs de la nation. Le principal de ces griefs concernoit les lords des articles. C'é- toit l'ufage que le commiflaire du roi nommât huit évèques 3 qui choifif- foient huit feigneurs, & ceux-ci huit repréfentans des comtés , & huit: bourgeois j tous enfemble formoienc un comité j fous le titre de Lords des articles ^ ayant le droit exclufif de propofer la réformafion des abus, & les projets qu'ils jugeoient utiles au toyaume. Cet établiflement étoit fa- vorable à la couronne , puifque la cour avoir la principale influence dans le choix. Aufli l'avoir on aboli fous Charles I. On Tavoit rétabli fous Charles IL Le parlement d'EcolTe Vouloit de nouveau fecouer un joug , qu'il prétendoit contraire à fes privi- lèges & à fes droits. Guillauîr»* con- fentoit que les états choifîlfent eux- mêmes les lords ) & pulTenc remettre GùiLiAuME m & Marié. 2^5 en délibération les articles , que ces derniers auroienc rejetcs. Mais on exigeoit des concelîions plus étendues. Les Ecollois femblerent reprendre cet ancien amour de la liberté , qui avoir tant de fois dégénéré parmi eux en audace licencieufe. Le roi en crai- gnit les fuites , de ajourna le parle- ment. Le duc de Gordon , fidèle aux VEcafk c • '.114 eiitiéreraeâÊ otuarts , tenoit encore dans le château foumifc. d'Edinbourg , bloqué par les troupes de la ville. Un fiege régulier le ré- duisît aux abois. Il capitula ennn. Content d'obtenir pour fa gaînifon des conditions avantageufes , il eut la g!:néï:oCiié de n'en vouloir aucune pour lai-même. C'eût été, félon lui, manquer à ce qu'il devoir à fon maî- tre , que d'infifter fur fes propres in- térêts en foutenant la caufe royale. Le comte Dundee, à la tèce d'un corps de montagnards écoffois j atta- qua les Anglois avec une ardeur hé- roïque , les mit en déroute dès le pre- mier choc , remporta une victoire complette. Mais un coup tiré au ha- fard le bleflTa mortellement. Avant ii 2.34 GuiLiÀuwE 1II& Marie. de mourir , il demairie comment vont les aflairss ? /-Un , lui répondic- on, je fuis donc hien^ dit ce héros y & il expira. Peu-à-peu ias rebelles perdirent courage , les revers abatti' rent leurs eTpérances : ils quittèrent les armes , pour mériter l'amniftie qu'on leur oiTroit. Conduire Jacqaes II ne réuffit pas mieux en jaroucs Irlande que fes partifans en EcoiTe* jLouis XIV. ^e prmce higint avoit ete mignm- quement teçu par Louis XIV, qui mit fa gloire à le confoler & à le fe- Gourir dans U malheur. On vif urt contràde fingulier entce la grandeur d'ame de l'un & la pufillanimité dé l'autre. Le premier agilToit en roi généreux : le fécond ne fe montra Sidé/otion qne dévot. Prefque toujours envi- nai enten- ronné de Jéfuites ; oubliant fon état de fes affaires , pour s'occuper avec eux de chofes pieufes ou d'affaires eccléliaftiques *, il perdit l'eflime^des François ; il s'attira les railleries de la cour. Foilà un bon homme , dic rarchevèque de Reims, le Tellier, trop peu réfervé dans fes propos , Moilà un bon homme qui a quitté trois Guillaume m Sr Marie. 235 royaumes pour une mejfe ! plus la re- ligion rendoit ce prince refpeftabîe,. moins on l'excufoit de ne pas y join- dre la dignité & les bieriféances de fon rang. Cependant le comte , depuis duc Préparât"/* de Tyrconnel , fourcnoic en Irlande ^" g*"re. le parti de Jacques. Une fiotce fran- çoife devoir le tranfporter dans ce royaume. Louis pourvut à tout, lui fournir des armes, des équipages, des provifions 3 de l'argent. Tout ce que je puis vous fouha'uer de mieux , lui dit il en le quittant, c'ejl de ne jamais vous revoir. Une force efcadre tranfporta bien- Jacques ea tôt ce prince à Dublin j les cvêques "^^°'^^* & les prêtres catholiques l'y reçurent folennellement j le peuple partagea leur zèle , & fît éclater fa joie. Ces heureux commencemens furent fuî- vis d'un trifte revers. Londondery , siège m^- villé bâtie par les Angrlois & pleine ^^^^^'^^ <^e , n r r r Londondery. de proreitans, rerma les portes , ht une réfiftance opiniâtre. La difette de vivres &c de munitions n'effraya point les afliégés. Un miniftre de leur religion , nommé Walker , leur fer- vie de commandant, & leur infpira 1^6 Guillaume III &MAaiE. cet enchoufiafme qui brave la mort*'* Rozen , général François , les me- naça en vain des traitemens les plus cruels. Il fit traîner jufques fous les murs de la place environ quatre mille proteftans, comme des victimes def- tinées au fupplice. Mais les habitans lui firent favoir , qu'ils alloient ex- terminer tous leurs prifonniers , fî l'on ne renvoyoit ces malheureux en liberté. Les horreurs de la famine augmentèrent bientôt celles du fiege. Après s'être nourris de chiens , de chats , de fouris , de cuirs falés , on manqua même de ce::e relTource. On parlûit déjà de tuer & de manger les papiftes. Enfin le général Kirkcj qui s'étoit attaché au fervice de Guillau- me , rompit avec deux vaifTeaux une eftacade par laquelle le port étoit fermé , éc entra dans la vîlle aux acclamations des habitans. L'armée de Jacques leva promptement le fiege. 11 y avoir perdu neuf mille hommes. Nouvelles Ses malheurs , dont il ne pouvoît f'ures de , ^-'^""- * Ce Walker fut tué à la bataille àc Boyne, à cjuelques pas du roi Guillaume. Guillaume III &: Marie.; 257 Ignorer la caufe , n'étoienc pas une leçon afTez forte pour plier foncarao tere. Toujours porté au derpotifme , toujours immodéré dans (on zele , il fe comporta en Irlande , comme s'il avoir voulu rendre fa religion & fa perfonnç plus odieufes aux Anglois, Il avoir d'abord infifté , dans une dé- claration,fur fon impartialité à l'égard des prorertans, fur la préférence qu'il dpnnoit à quelques-uns d'eux, fur le foin qu'il prenoic de les protéger tous, & d'établir une parfaite liberté de confcience. Mais ks effets dé- ÎTientirenc les paroles. Le parlement Lesproref- jrlandois , plein de catholiques , an- tans vexés., nula un ade par lequel les proteftans avoiçut été maintenus dans la polîef- iîon des biens qu'on avoir enlevés aux catholiques. On les dépouilla bientôt avec une extrême rigueur; Se pour confommer leur ruine , on porta un bUl à'atta'mder contre ceux qui s'étoient abfentés d'Irlande , ou qui avoienc eu quelque correfpondance avec les ennemis de Jacques. U y ea eut environ trois n^ille enveloppés dans, cette profcription j & parmi fux beaucoup de petfonnes du pre- i^î Guillaume IÏI& Marie mier rang. Le clergé proceftant per-^ die fa jurididioii 6c fes privilèges, il fut même chaire de plufieurs églifes. Ces démarches eufTent éié fort dan- gereufes en un temps de calme : elles l'écoient infiniment au milieu des troubles. Jacques dirigeoit tout, fans prévoir les fuites de ion imprudence. Un zèle aveu Je i'entraînoit. Il vou- lue néanmoins faire reftituer les égli- fes aux proteftans ; mais les catho- liques refuferent d'obéir , $c mécon- nurent {on autorité quand ils n'ap-^ prouvèrent pas fes ordres. Fauflemon- Une nionnoie de cuivre à laquelle oojp, &c, ji cJonna un prix énorme, des taxes arbitraires , des expédiens ruineu? devinrent les redburces d'un mau- vais gouvernement. Soit que le prince agît par lui - même ou par les inf- pirations d'autrui , on devoit bien prévoir que cet abus d'une autorité chancelante ne contribueroit point à l'affermir. Guillaume Louis envoya de nouveaux fecoursj r^i". ''.'n ^ l'amiral Herbert fut battu par une Jrlande, elcadre rrançoife , fous le comman- depnenc du comte de Château-Re- Guillaume m & Marie. 239 naud *, Guillaume qui avoir déclaré la guerre à la France , & qui ccoiç peu rranquille en Angleterre, fe pré* paroic à repoulfer fon compétiteur, Après des retardemens attribués à la méfintelligence àes minières , il fit partir pour l'Irlande le duc de Schom- berg avec une armée 'y il fe propofoit d'y aller lui-même, dès qu'il auroif arrangé les affaires du gouvernemenr. froid, réfervéj taciturne, toujours 11 plie fou enfermé dans Ton cabinet, ou ne goù- caïaderci tant que le plailir de la chafle ; retiré ordinairement a Hamptoncourt, parce que l'air de Londres ne convenoit point à fa fanté^ il n'avoir rien de populaire, & il commençoit à perdre i'affedion des Anglois. La prudence peut forcer le naturel. On le vit tout- à-coup adopter les anciens ufages , alîlller aux courfes de chevaux j fe montrer affable 5c complaifant. Il alla dîner chez le maire de Londres 5, * Selon Dalrymple , les officiers aaglois fe crurent battus , parce qu'ils n'avoicnt pas été vainqueurs dans leur élément; & les François Te crurent vainqueurs, parce qu'ils fi'avoienc pas été battus. 140 Guillaume III & Marie; il accepta le titre de citoyen de la ville-, &c daigna même permettre qu'on le nommât premier maître de la communauté des épiciers: popula- rité peut-être exce'iîive , fi le prince en s'abaiflant jufcju'au peuple , n'a- voit pas fu d'ailleurs foutenir fa di- gnité *. Le clergé On touchoit au terme prefcrit pour comraTreà ^"^ prêter le nouveau ferment, il fe Guillaume, trouva des hommes dans le clergé qui refuferent de le faire j craignant de violer celui qu'ils avoient prêté au roi Jacques. Le plus grand nombre s'y fournit avec des explications, après avoir diftingué un roi de fait ôc un roi de droit; après avoir déclaré qu'ils prétendoient feulement marquer leur » ■ ■ * Ce trait paroîtra moins furprenant , fi l'on fait réflexion que Londres eft une ville toute commerçante. Les douze corps , qui font à la tête des foixante douze corpora" lions ou communautés, foit de marchands, foit d'artifans , y jouent un très-grand rôle. On en tire le lord maire. Un étranger il- luftre que la ville honore d'une patente de bourgeoifie , eft obligé de choifir un Je ces corps. Le duc de brunfwick a été ainfi pggrégé à celui des épiciers, foumiifion GuiLLA-UME 111 & Marie. 241 fouminion paiiibje aux puiflances âduelles. Un pareil ferment ne pou- voit cju'infpirer la déhance , & fem- bloic ouvrir la porte au parjure. Il en réfuita, lelon M. Sraolecr, un mépris général pour les fermens , dont l'ufa- ge cefle d'être utile, Ôc devient fou- vent pernicieux, lorfque l.iconfcience admet, les reftridiions qui favori Cent la faulfeté. Le clergé anglican haïf- foit un roi calvinifte , prelque autant qu'un roi catholique. Guillaume con- noin^jit les dangers de l'efprit de fec- te. Il eilaya encore de le fubjuguer en réunifiant les religionnaires j mais ralTeniHlée eccléfiaïlique oppofa une réfiftance invincible à des vues fî fa- ges. La chambre-bâfTe du clergé em- ploya l'ancienne formule des barons; Nous ne voulons point qu'on, change les lois d! Angleterre, On eût dit que le changement de quelques rites rai* foit la ruine de l'état. Deux millions fterling , donnés Le parfe- pour ia guerre, annonçoicnt plus de "^^^l'Sk bonne volonté de la part du parle- ment. Les deux faTnent. vices par le titre de comte d'Athlone, & par les remercimens d Guillaume III & Marie. 25 r; du foi 'y ils devinrent les cenfeurs im- placables du gouvernemetic. Gaillaume fournie maciere à de Maïï"scre juftes plaintes , en faifanc mafTacrer '^sC^e^'^" des montagnards écofCois , dont le chef iMacdonald venoit de prêter le ferment. Un ennemi de ce Macdo* nald l'avoit dépeint à la cour comme un rebelle obftmé. Peut être ignoroic- elle fa foumilîion, lorfqu'eile ordonna le maffacre. Cet ordre fanguinaire fur exicuté avec barbarie. On égorgea,, une partie des habitans de la vallée de Glencoe ; on brûla toutes les mai- fons ; on enleva les beftiaux ; les femmes , les enfans refterent au mi- lieu des neiges fans fecours ; ôc ceux que le fer avoir épargnes , périrent: de froid ou de faim. Cette exécucioiv excita tant de clameurs , que le roi fie informet courre les minières de la criïauté; il prétexta fon ignorance fu^ le contenu de l'ordre , qu'il avoic' ^jourtant figné dé fa propre main. Les^ montagnards d'Ecoiïe n'en furent pas- rttoins ir rites contre le roi ; & {qS' ennemis faifirent l'occation de le dif- famer par leurs inveâ:iv€s. Guillaume ctaiiC lecoiicné en Hot-- îé>>: 252. Guillaume m & Marie. Nouvelle lande , pour diriger les opérations de /aXtj". ï^ ligue. Louis XIV. avec une ma- qucs. gnanimité admirable , fit de plus grands efforts pour réfablir le roi Jac» ques. Les coups dévoient tomber fur l'Angleterre, On fe préparoit à y faire une defcente. Les émiilaires ôc les partifans de Jacques travail loienc Déclaration vivement en fa faveur. H publia une qu'il publie, déclaration qui annonçoit l'entrepri- fe ; remettant fous les yeux de (es fujets l'ufurpation ôc l'injuftice du prince d'Orange j la dureté de fon gouvernement, les dépenfes énor- mes qu'on avoir faites pour le fou- tenir , la nécelfité de brifer un joug odieux. Se de reconnoître le fouve- -- rain légitime , leur défendant de rien payer à l'ufurpateur j promettant le pardon , & même àes récompenfes à ceux qui rentreroient dans le devoir j s'engageant à protéger l'églife angli- cane , à procurer une liberté entière de confcience, à taire fleurir le com- merce & la marine , enfin à remédier aux maux de la nation ,& à cimenter fon bonheur. Ces belles paroles ne pouvoient effacer le fouvenir des griefs qui avoienc occafionué la ré- Guillaume III & Marie. 255 volte. Quelque mécontemenE qu'il y eût parmi les Anglois , l'animofité contre Jacques étoic plus forte que les murmures contre lou rival, La reine Marie , chargée des af- La rcîne- faires en l'abfence de fon époux , op- ^^"le s'op- pola de prudentes melures aux del- père. feins d'un père , qu'elle traitoit mai- heureufement en ennemi. Elle or- donna aux catholiques de fortir de Londres & de Weftminfter ^ plu- sieurs perfonnes fui pertes furent ar- rêtées ^ les milices prirent les armes; & l'amiral Rulfel , renforcé par les efcadres de Hollande , mita la voile avec quatre-vingc-dix-neuf vaifTeaux de ligne , pour combattre la ûoue françoife. Tourville , quoique fort intérieur en nombre , avoit ordre d'attaquer l'ennemi. 11 fe battit coura- Combnt de geufement , & foutint la gloire de la ^ "°S"^'- nation. Mais enfin la flotte fut difper- fée , quatorze grands vnilfeaux brûlés dans la rade de la Hogue. Le roi Jacques, prêta fe mettre en mer, fus témoin de ce défaftre. 11 retourna fans efpérance à Saine - Germain. Louis XiV, à fon tour , le vit me- nacé d'une invafion. Le miniftere l54 Guillaume III &: Marié, angiois , jugeant la faifon trop avan- cée, abandonna rentreprife & laifTa murmurer le peuple qui s'en promet- toit de grands avantages. Campagne Si la journée de la Hogue étoit af- de- f landre. fljgeante pour Louis , dont la fortune avoit fcmblc jufqu'alors maicrifer les événernens , il eut de quoi fe confo- lerpar le fuccès de fes armes dans les ^rifede iSîa- Pays-bas. 11 prit Namur en perfonne, mui^parLoms ^^ maréchal de Luxembourg , qui couvroit le fiége , fe conduilît avec tant d'habileté , que Guillaume j à la tète dune armée nombreufe & for- midable , ne pur palier la Méhaigne , "ni fecourir une place fi importante,- Sarsiikdc Luxembourg, malade & furpris , le Steinker^ue. j^^jj-jj. q^jelque temps après à Steinker- que j aéfcion fameufe , où les François firent d s prodiges de bravoure. Guil- laume trouvoit dans fon génie des rel- fources inépuifables. Il tint la cam- pagne comme s'il n'eût pas été vain- cu ; &z les tranfports de joie qu'excita en France le gain de "cette bataille , furent pour lui une efpece de triom- phe, il eft fouvent auffi glorieux de réparer une détaite,que de remporte* un& vidoire,' GVillaum:e m & Marie. 255" On découvrit en ce temps-là une . Confpîra- conlpiration formée contre Ja vie de Guillaume, ce prince. M. Smolett , en l'atcribuant fur de vains bruits au miniftere de France-, fe rend fufpedl de la plus injufte partialité. Le miniftere de Louis XIV, fur-tout aax yeux d'un Anglois , peut mériter quelques re- proches \ mais la noirceur n'entra ja- mais dans fes vues ni dans fa con- duite.- Les affaires du continent ne pou- Méconrêtf- voient qu'aigrir les mécontens d'An- cément des gleterre. ils penioient moins aux mo* tifs de combattre la terrible puiflance d'un monarque , repréfenré comme l'oppreiTeur de l'Europe , qu'aux (ui- res fâ:heufes d'une guer e qui rui- lîoic &c dépeuploit le royaume. A les entendre j ^ le roi facrihoit Tctat aux jï étrangers ; l'intérêt & le befoin de » (ow peuple le touchoienr peu, en ïvcomparaifun de Tavancage des Hol- » landois j les emprifonnemens & les j) violences illégjalvs faifoient' fentir î> tout le poirls du defpotifme \ le' j> miniftere n'avoit égard ni aux lois, » ni à la liberté publique^ chacun ' ?>-' oublioic la patrie pour l'intérêt per*- 15<* Guillaume III & Marie. « fonnel j ôc ces maux en annonçoienîf j> de plus grands , li Ton n'y appor- Corruption " ^'^'^^ '^^ prompts lemedes 55. L^s dansleroyau- principes étoient réellement fort al- térés. Plufieurs perfonnes viles , enrichies dans les affaires , étaloienc un luxe extravagant propre à înfpirer la corruption j la pratique honteufe d'acheter des voix dans le parlement ne devenoir que trop commune ; le défordre fe communiquoit rapide- ment j enfin i'efprit de faélion qui exagère tout , avoit une ample ma- tière pour exercer fa malignité. Débats dans Guillaum.e , à fon retour de Hol- leparkmenr. lande , ffouva plus de fermentation que jamais. 11 y eut dans la chambre des pairs de grands débats , au fujec de quelques feigneurs emprifoftnés ; & Ton décida que les juges j de ceux qui avoient en leur garde des prifon- niers arrêtés pour haute trahifon , dé- voient , conformément à l'aéle à'Ha- béas corpus , les élargir fous caution, à moins qu'ils ne déclaraffent avec ferment avoir contre ces prifonniers deux témoins , qne l'on ne pouvoic encore produire. Le roi prévint les fuites de cette affaire, en faifanx lai- GuiLLA UME III & Marié. 157 même élargir les prifonniers. D'au- tre part , les communes examinèrent les raifons qui avoient empêché la defcente en France ; elles délibérèrent âe donner aii toi des avis fur diiTé- rens objets. L'influence de la cour, subfideprôJ les moyens ordinaires de féducftion J'gieux. ralentirent leur activité inquiète; ôc •la chambre accorrda des fubfîdes avec une prodigalité fans exemple y envi- ion deux millions (lerlin^ pour la marine, p!as de trois millions pour Jes troupes de terre & pour la guerre du continent , cinquante-quatre mille hommes , dont vingt mille deftinés à défendre la nation. Les terres , les biens perfonnels , tous les offices qui Ji'étoient pas militaires , furent taxés fur le pied de quatre fchelling par livre. Une claufe ajoutée par les fei- gneurs , portant qu'ils fe taxeroient eux-mêmes , parut- aux communes une violation du droit qu'elles pofTé- doient, dérégler tout ce qui regarde les fecours parlementaires. Les fei- gneurs abandonnèrent leur claufe , en déclarant qu'ils fe croyoient au- torifés à la foutenir ; mais qu'ils coîi' fentoient à paflTer le bill , uiiiquemeat ttjS Guillaume m & Marié.' €11 coufidération des befoins urgens ^e l'écat. Vains pro- Malgré la complaifance prefc^e Jets du par- {q^viIq du parlement , on forma kmenr. , i , _ ' . quelques entrepriles contraires aux vues de la cour. On vouloir anéantir la compagnie des Indes orientales y à qui l'on reprochoit de grands abus; CM vouloi.£ rendre les parîemens trien^ 11 aux , afin de les rendre plus libres par des élevions plus fréquentes.- Mais Guillaume fit avorter ces pro- jets. Sa prérr-gative ôc fon adrefïe l'eniporteient fur les efTorts des mé- concens. — j-j~~" Il repaie la mer pour fe mettre à Guillaume m & Marie. de Guillaume, &: que l'on imputoîî faufTemenr an roi Jacques ce noir at- tentat. Ses efforts pour recouvrer fa couronne étoient conformes à la juf- tice, s'ils ne l'étoientpas à la pruden- ce; mais la prudciice eût été furtout nécefl'aire pour alfurer le fuccès. rrorès it Parmi les confpirateursj le cheva- Fenvvick. lier Jean Fenwick joua un rôle diftfn- gué. Guillaume vouloir fa mort. Il y avoir contre lui deux témoignages; mais l'un des témoins avoit difparu , SMetémoi- fans avoir dépofé juridiquement. Une f St *^'eu" ^i^ip^^ dépofuion écrite, qui n'étoit èueaâmis. accompagnée ni du ferment, ni des formalités ordinaires , pouvoit-elle paroîrre recevable ? ce fut une ma- tière de débats très vifs dans le parle- ment. Les défenfeurs de l'accufé fou- tinrent que , félon toutes les règles , Je témoin devoir être préfent^ afin de pouvoir être contredit ; qu'on n'ad- mettoit point la déposition des morts, ôc que celle des abfens éroit égale- ment nulle: que le parlement, quoi- qu'il ne fût point alfujetti aux règles des cours inférieures , l'étoit aux re* gles éternelles & invariables de l'é- quité ; qu'enfin le dernier aéle furies Guillaume m & Marie. 271 procès de haiite-trahifon feroic évi- demment violé par une pratique con- traire. Ces raifons p'anfibles, qui iu- térelToient l'humanité & la liberté m- tionale , hirenr trop foibles contre le parti de la cour. Sous prétexte de la fureté du gouvernement, on n'eut point d'égards aux principes établis ; quoique la fureté du gouvernement n'ait point de meilleur appui que les lois. Le bill à'attaindtr pada dans l'une & l'autre chambre : Fenwick fut exécuté, en proteftant de Çon atta- chement au roi Jacques, & en atref- tant le ciel qu'il ne s'étoit engagé dans aucun complot pour (on fervice. La guerre continuoit dans !e cori- Suite de linent avec la même animoficé, mais ^^S""""*-' fins que les nations afFoibîies pulFent faire les mêmes euorrs. Malgré l'ar- deur de Guillaume , la cainpagne de î'iandre fut (Icrile en événemens. Louis XlVj toujours fupérieur à (es ennemis , quoique moins heureux qu'auparavant , defiroit la paix dans la vue , dit- on, de fe ménager la fuc- cellion d'Efpagne. 11 vint à bout de décacher le duc de Savoie de la grande alliance, par des offres avantageufes. M iv 3^1 Guillaume III &?vÎari^; " " On ouvrit bientôt des négociations ï Traité* de Rifwick. La prilc de BarceJonj' par RiiVyick. je duc de Vendôme ; l'expédition brillante de Carthagene en Améri- que , où Poinns , cher û'efcatire , en- leva dix millions aux Lfpagnols , & leur caufa une perte irréparable 3 qua- tre armées frânçoifes encore fur pied, hâtèrent la conciulion du traité. Louis facrifia prefque toutes fes conquêtes. 11 rendit à î'Efpagne Luxembourg , Mons , Ath , Courtrai , outre ce qu'il avoir pris vers les Pyrénées \ à l'Eni- pire, Fribourg, Brifac, Philipsbourg, _ _ &c. 11 reconnut enfin le prince d'O- La France • ,, a , ^ a • r leconnoît range pour roi d Angleterre. Am(i ÊuiUaume, Guillaume , après avoir embrâfé toute l'Europe , après avoir ruiné fes pro- près états , lans autre motif que (a haine & fa jaîoude contre ce puilTanc monarque, vit fon trône affermi par un traité, tandis que la France aban- donnoit le fruit de (qs vyttoires. - . On admireroit davantage la oéné-r Louis avoit r I \ 1 • -^rrrr - ' r befoin de la rohte de Louis Al V , Il des railons paix. politiques n'avoient pas concouru , avec les fentimens d'humanité, à lui faire prendre un parti dont Îqs (\.\]qis murmurèrent. Le fardeau de la guerre y' Guillaume Iil& Marie. 175 étort devenu intolérable. Les' vain* queiuS eii étoienc accablés comme les vaiiiciis. Il falloit récablir les fi- nances , foulager le peuple géinif- ianr. Ce qui, Uevroic le plus étonner les hommes, ce n'eft pas une paix achetée au prix de quelques places j c'eft uns guerre où le d'^'ig humain coule à grands tlots , pour fatisfaire l'ambition de quelques pnnces. Guil- laume j en armant l Europe contre Louis j quel que fût Ion motif, l'a- vplt pour ainli dire, livrée aux ravages d^-iiie pjfte univerfcile. Après fon retour en Angleterre , le Guil'aume Datlement lui prodigua les félicita* vaut une ar- lions , mais contraria les dellfiins. Ce taa:e. prince guerrier , politique de ambi- tieux , voaloit une armée fubliftante, qui pût le- faire craindre &c refpeder foit au dedans, foit au dehors. Louis coufervant une partie confidérable de fes troupes ,'^embloit mettre les au- tres pui^rances dans la néceflTité de fuivre le mêm^ fylfcême. Quelques patriotes parmi les Anglois fentoient la force de cette raiiv::n. Le plus grand nombre étoit alarmé de la propofition as Guillaume. Elle tendoit, febn R^i.-cnîrcnr Mv 174 Guillaume IIî 5>: Marie-, iefqueiles on eux , à établir le defpotifme : la na- s'y oppoie. jJq,^ perdroit bientôt les libertés & Tes privilèges, fi des troupes mercenaires étoienc aux ordres du gouverne- ment : cette coutume , une fois éta- blie , fe changeroit en maxime d'état; &c les éle6lions, les parlemens, tout dépendroit du caprice de la cour: le royaume n'étoit-il pas aflTez défendu par l'océan qui l'environne ? ne pou- voit-on pas former une milice, ré- gulièrement occupée de l'exercice des armes? cette milice n'auroit-elle pas plus de zèle pour la patrie que de» foldats mercenaires? & en y joignant une bonne flotte , ne mettroit-on pas le royaume à l'jbri de toute invafion? Ces raifonnemens prévalurent. On ne conferva que dix mille hommes de l'armée; on en ajoura trois m.ille pour la marine. Guillaume extrême- mei»t choqué d'une telle réfolution , afTura, dit on , à fes confidens qu'il n'auroit pris aucune part aux alFaires du royaume, s'il avoir prévu tant _. d'ingratitude Se de méfiance. "~j^„g L'attention des communes fe tour- Scconde na fur les befoins publics, 8c fur les dcUaSr "moyens d'acquitter la dette natio- Guillaume m & Marie. 2^5 lîale. Les nouveaux fubiîdes mon- tèrent à près de cinq millions fterling. Un crédit immenfe pouvoit à peine fuffire pour lever de pareilles fom- mes. La compagnie des Indes orien- tales offrit de prêter fepr cent mille livres , en confidération d'un acfte d'é- tabliflement qu'oniui faifoit efpétef. Une autre compagnie de maichands olfric de prêter deux millions , pourvu qu'on lui accordât le privilège excla- fif du commerce des Indes. En vain l'ancienne compagnie repréfenta les fervices qu'elle avoit rendus j les per- tes qu'elle avoit ediiyées j les dépen- fes qu'elle avoit faites. Le bill en fa- veur de la féconde palfa dans les deux chambres , fans égard pour les an- ciennes chartes j ni pour la fortune d'une multitude de familles. De tous les objets qui intéreffent ondenian- les nations , aucun n'eft plus etTen- i'^^téfor. tielSc ordinairement plus néglige que mœurs. les mœurs. Sans elles , les richefles , la puifTance deviennent une fource de Doifon. Les vice-; des citoyens in- fedenr le corps de 'l'état ; ou plutôt 3 comme il n*y a point de vrais citoyen s fans vertu , l'état trouve dans ItW- Mvj iy6 Guillaume lll & Marie. même prefque autant d'ennemis da bien public que de fujets^ ik fa gran- deur eft un prélage de fa ruine. Le parlement » qui voyoic la corruption s'étendre de jour en jour , fentic la néceflîtéd'y oppofer quelque barrière. 11 repréfenta au roi l'excès du dérè- glement j il le fupplia de donner or- dre à tous les' magiftrats& à tous les juges , d'exécuter les lois contre l'im- piété & la débauche. Cette requête fut reçue favorablement Le roi pro- mit de travailler fans délai à la réfror- mation des mœurs j & témoigna fon zèle pour la fuppreflîon des livres impies , dont l'effet ordinaire eft de corrompre tout a la fois le cœur Se l'efprit. .Société pour }^ eft rare que ces fortes^ de projets ia réferma- foicut exécutés. On vit naître fous la tion. protection du gouvernement, une fo- ciété pour la réformation chés mœurs. Les membres s'engageoienr à infor- mer les maoiftrats des débauches 6c des vices , qui parviendroient à leur connoidimce ; les amendes dévoient fervir en pirtie à faire des fonds de chadté ; un nombre d'eccléfîaftiques dévoient infpirei la vertu par des lec- Guillaume ni 5: Marie, v^y turcs , par àts prières publiques j bc l'on pourvoyoir libéralement à leur entretien. Cet établi lîement (?c d'au- tres femblabie-s, qui exiftent en .An- gleterre, ne peuvent monqner d'être utiles , furtout aux pauvres , à qui ils ménagent de grandes relfources. Mais les délations ont quelque chofe de trop odieux; elles infpirent trop de défiance. (7cft aux hommes en place à veiller fur la conduite des citoyens j &: pour réformer les mœurs , il fauc en général de puillans relforts que le gouvernement feul [>eat employer avec fuccès. L'exemple de la cour fe- roit peut être le plus eflîcace. Guillaume , toujours occupé à^i aftaires politiques de l'Europe, voyant ^^'^^' . le roi d hlpagne, Charles 11 , près de de renvoyer mourir fans po!"térité, palfe en Hol- [aparJehol- lande pour négocier le traite de par- rage dont nous parlerons bientôt. A fon retour , il trouve de nouveaux chagrins dans un parlement qu'il ve- noit de convocuer. Au lieu de dix mille hommes , nombre fixé par le dernier parlement^ il en avoir con- fervé fu'' pied feizo mille. Les com- munes lui font fencir leur méconcen- iyî GuitLAUMEÎIÎ 5^MauiÈ. tenient de cette conduite. Elles ré- duifent l'armée fubiîftnnte à fept mille hommes j elles obligent le roi à ren- voyer ïnême fa garde hoUandoife ) dont les fervices méritoient fa recon- iioi(Tance. Ses repréfencations à cet égard ne prodiiifent aucun effet» On lui remet devant les yeux fon ancienne promeile , de congédier routes les troupes étrangères. On lui fait enten- dre que le bonheur du royaume dé- pend de la confiance mutuelle entre Je prince & le peuple, cjue cette con- fiance exige qu'il charge (es fu jets de la garde de fa perfonne facrée. 11 fe rend malgré lui. L'antipathie s'augmente de part & d'autre , fous des appa- rences forcées d'affedtion & de zèle* Les Anglois, dévorés de jaloufie , ne pardonnoient point à Guillaume fon penchant pour les étrang'^rsî Guillau- me, regardant les Anglois comme un peuple ingrat & mutin, fe livroU au dégoût le plus vif, & ne dillimu- loit plus guère (es fentimehs. mert^r/err. '^'S" n'cftfi dangercuX que d'aigrir fie le roi. des hommes opiniâtres, dont l'auro- rité peut ou combattre , ou contreba- lancer celle du prince. Les communes Guillaume lit 5c Marîë* 179 femblent à préfent fe faire ung étude de chagiiner ce héros , ce poli- tique, qui avoir en quelque forte gou- verné une grande partie de l'Europe, tlles font des recherches fur Tadmi- iiiftration ; elles cenfurent le minif- tere j elles rétabliirent l'ancienne com- pagnie des Indes *, elles déclarent les papilles incapables d'hériter d'aucun bien , d'acheter aucune terre ; elles fuppofent avec faulTecé que la couf eft favorable à ces partif:ins de Rome; elles délibèrent fi l'on demandera au roi l'éloiguement du lord Somers - chancelier vertueux & éclairé. Quel- que temps après, Guillaume fit rede- mander les fceaux à Somers, pour fe concilier les Torys , dont la fadtion avoir alors le plus d'influence dans le parlement. On peut juger de la pénible fituation de ce prince impé- rieux, par k nécediîé où il étoit de pafîèr d'un parti à l'autre, & de con- jurer les orages en forçant (qs incli- nations. L'EcolTe ne lui donnoit pas moins AtfiWes ie d'inquiétude. Il s*y étoit formé une la compagnie • 1 1 dis Indes, compagnie de commerce , que les ^ Anglois ôc les Hollandois regarde- l8o Guillaume m & Marié rent avec jaloaiîe comme une rivaU dangereuTe. Aiaimée ciu même efpric d'inuéfcc , qui avoir rranTparté tant d'Européens dans le nouveau' mon-^ de, elle établie à grands frais une colonie dans Tuchme de Darien , entre l'Amérique méridionale ik la {epten- trionale. Cet étabiiflement ne rclFem* bîoit point aux conquêtes fanglantes des Efpagnols : il s'éroit fait par con- vention avec les naturels du pays. Mais Iqs Efpagnols crièrent qu'il don* «oit atteinte au dernier traité \ les Anglois , qu'il nuiroit à leur com- merce. Guillaume défendit toute cot- lefpondance avec la nouvelle colo- nie. Les Ecoffcis , fruftrés des tréfors qu'ils s'en promettoient , poulTerent des cris de fureur. Le parlement d'Ecolïe adopta les idées de la nation. Tout annonçoit une révolte. Ce ne fut qu'avec du temps, de l.'adreffe, des atfurances flatreufes , que le roi arrêta le progrès de cet incendie. Cependant le roid'Efpagne,Char- ^'^'^^' , bs 11, alloit mourir fans ehfans. Sa part gv p )ur mort pouvoit détruire la balance cîé tfTr-.'"'"' l'Europe. Lous XIV ^: i'empeVeur Leopold lui etoient purens au mcme b Guillaume lîl & Maire iSî cîco'/é j Se la renonci^rioii faite par Marie -Tiiércie d'Aiirriche , femme i.r un engagement trop fra- gile pour rallarer les adverfaires de la Fra!i:e. Soie que la fLicceilion revînt à :erre couronne ou à l'Aiuriche, on avoir égalemenc à craindre que l'é- quilibre ne fat rompu. Guillaume , dont la politique audacieufe ne s'en- dormoit point , imagina un partage de- la monarchie elpagnole, qui pûc di|ïiper les inquiétudes ôc les alarmes» Difpofer des états d'un prince vivant fans Ton aveu , étoit une entreprife aulfi étrange que hafardeufe La Fran- ce , l'An<^leterre &c la Hollande con- clurent néanmoins un traicé en 169:^^ par lequel le royaume de Naples &C de Sicile, la province de Guipufioa & plu(îeurs places dépendantes de l'Efpagne, étoient deilinés au dau- phin ; le Milanès , à l'archiduc Char- les , fécond fils de l'empereur^ &c le refte au jeune prince de Bavière âgé de huit ans. Ce dernier mourut la même an- N'ouvcas née.' Nouvelles iutrigiies , nouvelles l[^^'^'^^°^^^' iSi Guillaume III & MARtE. négociations , nouveau partage. Cri fubftitue l'archiduc au Bavarois ; On ajoute la Lorraine à ce qui étoit pour le dauphin \ & l'on donne Milan au duc de Lorraine. Ce traité , ligné à Londres & à la Haie, déplut aux Anglois mêmes , comme trop avan- tageux à la France. L'empereur né voulut point y accéder , foit qu'il le trouvât injufte , foit qu'il fe flattât de tout avoir. tefta-P.ent ^6 roi d'Efpagne , indigné du par- à:\ roi d£f- tage qu'on faifoic de fes domaines ^ t^gne- fnéditoit un teftament en faveur de Larchiduc; mais la cour de Vienne l'indifpofa tellement par fa conduite pleine d'imprudence & de hauteur, qu'il changea de réfolution. Le mar- quis d'Harcourt , ambafladeur de Louis , ménageoit aa contraire les efprits des Efpagnols avec la plus fage dextérité. Leur ancienne antipathie pour la France s'affoibliffoit chaque jour. Les grands d'Efpagne crai- gnoient autant que leur maître un démembrement de la monarchie. Ilis ne voyoient que là France capable de prévenir ce malheur. Us confeillerenc GuiLLAuMEÎil & Marie. iSj â Charles de préférer un prince fran- çois. Le pape Innocent Xll , con- fuicé fut cette affaire j approuvaient fentiment , qu'il jugeoit conforme aux lois de l'Efpagne & au bien de la religion. Louis faifoic avancer des troupes. 11 falloit prendre un parti. Charles facrifia les intérêts de fa maifon à ceux du royaume ; & nom- ma fon héritier le duc d'Anjou , fils puîné du dauphin j en prenant des précautions pour que les deux cou- ronnes ne pulîent jiimais ccre réunies Tur la même tète \ car il falloir fe pliet au fyftême qui domlnoit en Europe. Ainfi lafcenedu monde change rout- àcoup p.n" dçs rellorrs in.oncevribles. Lorfque la France & l'Autriche Ca difputoient avec fureur une fupério- rité fujetre à mille revers, auroit-oti pu croiie qu'un Bourbon feroit ap- pelé aiy trône d'Efpagne par un def- cend;m: de Charles-quint? Ceux dont les petites idées rellerrent les bornes du poflible , n'ont jamais ré- fléchi fur ces grandes révolutions. Le teaamentde Charles II fut fe- ^°"'' ^7 . f ,y f j . , 1 accepte le cret jutqu a la mort, Louis balança tcftaïu^m. i84 Guillaume III Sz Mamê. s'il raccepteroir , prévoyant une guef* re plus terrible que les préccdentes* Sou courage le décida bientôt. Après avoir accepté le teftament , il eut foiil de juftifief fa conduite. 11 fit repré- fenter au roi d'Angleterre & aux Etats ' généraux , combien le traité de partage avoic excité de plaintes 5 combien l'exécution en ctoit impra- ticable •) qu'en renonçant à ce traité , il faifoit de grands lacrifices pour la paix &: le bien commun , puifqu'il àbandonncit la Sicile , Naples & tout ce que la France devoir acquérir. Ces raiions étoienr foi ides : mais la gran- deur de fa maifon hiifoit ombrage, comme celle de (on royaume. Ce- pendant rexurêiv.e lurprife que cau- foit l'évcnement , empêcha les alliés de fe déclarer d'abord. La Hollande reconnut Philippe V. ( C'eft le nom fous lequel devoit régner le duc d'An- jou. ) Guillaume dilîimula. Ardent pour fon fyftême d'équilibre , s'ima- ginant que la f-crrune des Bourbons menaçoit la liberté de l'Europe j il refpiroit déjà la guerre , & méditoit une ligue pour embrâfer de nouveau le continenr. Guillaume IIÎ&: Marie, a.85 Comme le parlemeiu a(5tuel lui A5.edilimi. , • r I I -1 ta'- on pour ctoit peu tavorabie, il en convoqua h fnccemon à un autre qu'il efpcroit de gouverner, la couronne. On ne négligea point ces moyens de corruption devenus alors fi communs, 6c toujours Cl propies à éroufter le patripcirme. Il ie trouve aifément des âmes vénales , qui proftituent à prix d'argent leur confcience 5c leur volon- té ; mais ce ne fut pas le plus grand jîombre. Les premières délibérations de raifembiée e-irent pour objet une _^ îiffaire fort importante. Le diK de lyoi^ Glocefter venoit de mourir ; c'étoic Je feul enfant qui reftat de la prin- ce^e Anne, héritière de la couronne. Pour exclure de la fuccefllon tout Îirince catholique, pour la fixer dans a ligne proteftante , $c maintenir Ifout à la rois la liberté nationale, les communes réglèrent que l'héritier feroit uni de communion avec l'églife anglicane : que s'il étoit étranger , la nation ne s'engageroit , fans le con- fentemen: du parlement , dans au- cune guerre pour la défenfe des états qu'il polTéderoit hors du royaume j que même il ne pourroit fortir d'An- elçtçrrea d'Ecolîe ou d'Irlande ^ fai>5 2.^6 Guillaume IIÏ Se Marie." l'aveu du parlemtntj que quand cet ?d:Q de limicacioii auroic fon effet, nul étranger, fût-il naturalifé ôc ré- gnicole , à moins qu'il ne fût né de parens anglois , ne pourrait entrer au confeil , ni devenir membre de l'une ou de l'autre chambre , ni pof- féder aucune place de confiance , ni obtenir par conceflipn de la couronne aucune terre ou héritage j que qui- conque tiendroit du roi une penfion ou quelqu'emploi lucratif, ne pour- roit être membre des communes ; enfin qu'un pardon fcellé du grand fceau ne pourroit valoir contre une accufation faite par la chambre. Droits de A la fuite de ce règlement , qui la maifon de reftrei^noit la prérogative , & qui Hanoveràla r i T* ^ Pi couronne. lembloit être une cenlure du gouver- nement actuel j on déclara que la princeflTe Sophie, duchelTe douairière de Hannover, petite-fille de Jacques I, étoit la plus proche héritière dans la ligne proteftante , après les defcea- dans refpe^lifs du roi & de la prin- ceflTe Anne , fille de Jacques II. Le bill palTaen loi, malgré la répugnance de Guillaume , & fonda les droits de la fnaifon de Hannovec i la couronno. Guillaume III Se Marie. 287 L'affaire d'Efpagne occupa enfuite Le parle- le parlement , pour attirer au roi des P''"L^i^"î« I • I r n ] T ' '^ ■ cnagrins encore plus lenlibles. L ar- partage, gent de Louis XIV étoit employé , dit-on, à folliciter lesfutïrages. Quoi qu'il en foit , les communes , loin d'approuver les mefures de Guillau- me , ne craignirent point de les blâ-^ mer avec amertume. Le traité de partage devint une matière d'invecli- ves. On fe plaignit de ce qu'il avoii été fait fans l'avis du parlement j de cequ'il tendoità l'agrandifiTement de la France. Un membre le taxa de fé- lonie; un autre le compara aux par- tages que font les voleurs de grand chemin. Les pairs eux-mêmes le re-r préfenterent , dans une adrefle au fouverain , comme incompatible avec les intérêts du royaume & avec la fureté de l'Europe ; ils prièrent le roi de prendre l'avis de fes fujets , de les croire plus dignes que les étrangers defz confiance, & plus propres à lui donner de bons confeils ; ils ajoutè- rent qu'ils lui confeilloient de mettre dans fes négociations avec le roi de France , toutes les précautions qui pou voient les rendre fures $ç utile?, 288 Guillaume m & Marie. Diri;o(îcion Quoique cûS dcmanhes fuflent à la gue.re. ^,„e mÇ^kt , Gaillauiae clifriniiila fan Tedenrimenr , & répondit que (qs traités auroienc pour bat i'aonneur Se h fureté de l'Angleterre. Louis XiV lie vouloit riçn changer à celui de Ri^^vick. Indigné des propositions .exorbitantes , que lui faifoientlacour de Londres &: les Etats généraux , il cherchoit à former àes alliances j il fe préparoit à une guerre inévitable. La Hollande étoit déjà menacée. Lp parlement témoigna fon ardeur à la îecourir \ mais fans montrer moins de violence contre le traité de parta- ge , ni contre les miniftres auxquels on l'attribuoit. Minîftresac' Bientôt les comres de Portland Si cufés. Trou- d'Oxford , les lords Somers & Halli- jjescivis. £^^ £^^^ accufés par la chambre des communes j avec autant d'injuftics que de paffion. La chambre - hautç déclare ces accufations nulles. L'ani- mofité divife les cœurs. Une pétition extraordinaire du comté de Kent, pour exhorter le parlement à la con- corde , échauffe la bile des commu- nes , qui la déclarent fcandaleufe , înfolente, féditieufe, & fout ^rrçtei; GuillaumeIII& Marie. 289 à ce fujet plufieurs gentilshommes. Alors paroît un mémoire figné Lé- Libelle con- plan , plein d'invectives contre la ^^^ ^^ ^"^^' meut* chambre. Les Anglais (ce font les termes du libelle ) ne doivent pas être plus efclaves des parlemens que des rois : notre nom eft légion , & nous fommes un très- grand nombre. Tant de hardielfe oc les murmures du peu- ple ne furent pas inutiles au roi. On promit de le féconder dans toutes Tes mefures , pour mettre des bornes au pouvoir exceflif de la France ; & l'on deftina environ deux millions fepc cent mille livres fterling aux dépen- {%% de Tannée prochaine. Guillaume j après avoir reconnu Mouviv le nouveau roi d'Efpagne , étoitréfolu î"^p de lui faire perdre fa couronne. Dans un corps infirme & languifTant , il confervoit cette adivité de génie, ca- pable de pouiïer avec vigueur les plus grandes entreprifes. Il envoya en Hol- lande le comte de Marlborough , à la tête de dix mille hommes , & le nom- ma fon plénipotentiaire auprès des Etats. Les talens fupérieurs de Marl- borough , foit pour la guerre , foit pour les négociations , rendirent cq Tom& llh N s cor.ii; raQcc. K/ ipo Guillaume III & Marie, choix également glorieux au prince & à lui. Déjà le fameux prince Eugène , général de l'empereur , commençoic 1^ guerre en Italie , & fe montroic Ligue de digne de fa réputation. Guillaume fe l'^r'^.'" u"f rendit à la Haie , où l'on négocioit àdelaHol- 1 D 1 ^ T lande avec Une alliance contre les ijourbons. Le l'ctrpereur. jj-aité fut bientôt conclu. L'Angle- terre ôc la Hollande s\inirent avec J'enf-^reur , pour le rendre maître des Pays-bas efpagnols , de Naples , de la Sicile 2>c du Milanès, ôc pour empêcher de concert l'union de la France & de l'Efpagne fous un même gouvernement. Les deux puiffances maritimes dévoient garder les con- quêtes qu'elles feroient en Améri- que ; on afTuroit une barrière aux Hollandois^ on s'engageoit mutuelle- menr à ne conclure ni paix ni trêve fans le confentement commun, touîs re- Après une longue fuite de prof- comoîtiefiis pérités & de vidoires , Louis XIV de Jacques H * • r r 'nr iJ3jrroi4'An- comptoit trop lut la puiUance . pour {iUterre. être effrayé de l'orage qui fe formoic contre lui. Il fembla même le braveç fièrement par une démarche géné- reufe j qui devoir irriter (es adverfai- C^s, Le roi Jacques étant îpprt| i( Guillaume 111 &: Marie., zpi donna le titre de roi d'Angleterre au fils de ce prince infortuné. En vain jdéclara-t-il dans un manifefte, qu'il ne prétcndoit pas s'écarter du traité deRifwick, ni troubler Guillaume dans la pofTelTion de fes états. Les Anglois , déjà difpofés à la guerre , fe crurent infultésj & ne refpirerent plus que la vengeance. Un feul in- térêt réunit les fadtions j un crt gé- néral annonça leurs vues unanimes. Le roi harangue le parlement nou- vellement convoqué, il dit que toute /7°^' ,,„ , * /. ^ ,-P Harangue 1 Europe a les yeux lur cette aliem- deGuiiiaume bîée j qu'on attend d'elle la décifioii des affaires les plus importantes j que le moment eft venu d'affermir pour jamais la religion & la liberté natio- nales , par une vigueur digne de leurs ancêtres j que les conjondtures exigent de grands efforts , & que , pour fou- tenir le crédit public, il faut s'attacher à cette maxime inviolable : Qu'on ne peut nen perdre de ce qui eft confié fous une fureté parlementaire ; qu'en demandant à regret de nouveaux fe- cours à fon peuple, il fe propofe uni- quement la gloire & le bonheur du royaume j qu'il eu réfolu de mettre Nij ^9^ Guillaume III & Marie.; fous les yeux du parlement les comp- tes de chaque année j enfin que la conduite des deux chambres va faire connoître fi elles ont à cœur de tenir la balance de l'Europe , & de préfider aux intérêts des pioteftans. le parle- On applaudit à ce difcours. Les menr entre pairs aflurent le roi de leur zèle pour fwresdur^f." ^^ perfonne, & pour la caufe dont il eft le défenfeur; ils inveâiivent con- tre Louis XIV, l'accufant d'avoir violé Jâ foi des traités j & déclarant qu'ils n'épargneront rien pour concourir aii deflein de maintenir la liberté de l'Europe , & de réduire Tufurpateur de la monarchie efpagnole. Les com- munes font éclater la même ardeur ; elles conviennent d'entretenir qua- rante mille hommes pour le fervice de mer , & autant pgur larmée de terre ; elles demandent qu'on s'engage à ne point faire de paix avec la France, jufqu'à ce qu'on aie reçu ré- paration de l'injure faite au roi & au peuple par le monarque françois, £lles drelTent même un bill à'attain-^ der contre le prétendant, fils de Jac- ques II ; & un autre bill pafle dan^ la chambre , pour obliger \q\\s cçu^ I iGuiLiAUMB III & Marii» ip^ %jui ont des emplois , au ferment de hiaintenir le gouvernement adtuel Sc l'églife anglicane , avec la tolérance pour les noh-conformiftes. Dix pairs firent une proteftation contre ce bill , qui leur paroifToit impofer une nou- velle obligation , aufli inutile que févefe. Grâce à l'indignation qu'avoit ini- Mort 'i pirée Louis XIV , Guillaume étoit Gu.lhu...^< enfin fatisfait du parlement. Tout oc- cupé de fes grands defleins j quoique hienacé d'une mort prochaine , il fai- foit les préparatifs de la campagne , & penfoit à fe mettre à la tête des armées , lorfqu'une chute de cheval a, avança fes jours. Il vit approcher fon dernier moment , avec la fermeté d'ame qu'il avoir montrée jufqu'alors. Je fais j dit-il à fon médecin, que vous ave-^ fait tout ce que votre art pouvoit vous apprendre pour mejecou- rir ; mais tout efi inutile, & je mefow mets, il mourut dans la cinquante- troifieme année de fon âge , après uri règne de treize ans. On l'appeloit Id ftathouder des Anglois , & le roi des Hollandois ; parce que fort autorité fut toujours moindre en Angleterre «qu'en Hollande. N iij 2p4 Guillaume ÏII & Marie. Guillaume III n'avoit aucune cîe ces vertus précieufes qui font aimer l'homme & le prince. Son ame pref- que fermée aux fentimens de la na- ture -, avoir pour refforts l'ambition & la politique. 11 détrôna froidement fon beau - père ; il n'aima jamais le peuple dont il avoir reçu la couron- ne y il fe foucia peu d'être aimé , pourvu qu'il fut maître. Mais les ta- ches de fon caradtere ne peuvent cou- vrir le mérite rare qui le diftingue de la foule des fouverains. Se maintenir fur le trône d'Angleterre malgré les dégoûts de la nation, malgré les ef- forts du monarque le plus puifîant de l'Europe i gouverner la Hollande fans despotifme , Si néanmoins avec une forte d'autorité abfolue, fondée fur l'eftime & la confiance ; diriger par une profonde politique les confeils des cours étrangères , Se commander les armées avec autant d'habileté que de valeur; être toujours à craindre après avoir perdu des batailles , tou- jours infatigable dans le cabinet & dans les camps , fous le poids de la maladie & des travaux \ lutter enfin contre Louis XIV, Se affoiblir une fa réputation Guillaume lil & Marie. 2555 ^uififanc-e (î terrible, fi long-temps vidtorieiife: ce font dss traits dignes de rimmortalité. Mais, quelle ame iufte voudroit ^ '^^'^^'^\;^t i Ml- -1» fa réputation acheter une telle gloire au prix d une odieufe ufurpation? Les fuccès mê- mes de Guillaume ne fervirent qu'à lui attirer des chagrins. Le ftathouder de Hollande eut lieu de fe repentir d'être devenu roi d'Angleterre : c'eil un des plus grands exemples de l'am- bition fatisfaite, & cependant mal- heureufe. On lui reproche fon indif- férence pour les lettres. Il auroit été fans doute plus loué 5 s'il avoit fii , ^comnie Louis XIV", apprécier les fruits du génie, ôc récompenfer les tàlens. Mais , comme les louanges prodiguées à Louis par des écrivains immortels, n'empêchent pas qu'on ne le ceniure aujourd'hui fur quelques poinrscon- fidérables ; de nic-me la vérité venge Guillaume de l'injufte mépris qu'on témoigna quelquefois en France pour (es qualités politiques & militaires. Tôt ou tard, il vient un temps où les princes font jugés fans prévention au tribunal de l'hiftoire: alors difpa- roifTent les nuages 6c de la flatterie Se de la fatire. N iv zç)6 ANNE. j /xNNS Stuart , féconde fille du roi Anne, di Jacqucs , femme du prince de Dnne- gnedelacou- mark, âgée de trence-fept ans, écoit digne du trône ou 1 appeloit 1 ordre de fucceflîon , réglé par le parlement. Dans le cours du dernier règne, en butte à la mauvaife volonté de fa fœur& de fon beau-frere, elle avoic montré conftamment une fage(Tè fu- périeure aux coups de la fortune. Sa conduite irréprochable , fon caradlere flegmatique , fon attachement i^l'é- glife d'Angleterre, donnoienj*',|fie grandes efpérances. La nation la ce-' connut avec une joie unanime. Le parlement j qui continua de s'aflem- bler en vertu de Taâre paflé fous Guillaume , lui témoigna fon em- preffement à l'aider de tout fon pou- voir. En déclarant aux communes qu'elle s'en rapportoità leur atTedrion & à leur zèle , pour l'établillemenr du revenu de la couronne; elle promit de ne chercher dans l'adminiftration que le bien public. » J'ai le cœuc dcchrés à ist France* Anne. 15^7 '« tout anglois , dit-elle , & je vous i> atTure que je fuis difpofée à faire a pour le bonheur du royaume tout « ce que vous pouvez attendre ou « defirer de moi : vous me trouverez >) très-fidelle à obferver religieufe- » ment ma parole ». La manière affable dont elle reçut les félicita- tions de (es fujets , augmenta leur allé^relfe & leur confiance* Quoique la mort de Guillaume eût t^ guerfô été un fujet de réjouiffance pour les trançois , & de confternation pour les HoUandois , elle ne produifit aucun changement dans les affaires de l'Eu- ropCi Louis XIV effaya en vdin d'é- fe.ranler les Etats-généraux. Marlbo- rough affermit leur réfolution ; & là reine, en fuivant les mefures de fon prédécelleur , anima cette ligue for-' midable qui devoir humilier la Fran- ce. Les alliés firent leur déclaratiort de guerre. Anne reprochoit à Louis de troubler la liberté du commerce & de la navigation ; d'avoir formé le projet d'alTervir l'Europe ; d'avoir envahi une partie confidérable des états d'Efpagne , & de l'avoir infulté© j>erfonaellement, en reconnoiflant 1^ s.^$ Anne. fils de Jacques II pour roi d'Angle- terre. Ces reproches , moins folides que fpécieux, ne pouvoienc manquer de traire imprellion fur les efprits pré- 'venus. 11 eft facile de tout colorer par des prétextes , lorfqu'on veut avoir raifon par les armes. Maribo Marlboroughjtoutpuillant à Lon- longh, .out dres j maître des trnances, qui étoient ^^ * ' entre les mains de Godolphin beau- pere de fa fillej honoré de la con- fiance de la reine , qui avoic fa femme pour favorite ; alfuré des difpofitions favorables du parlement & du peu- ple ; joignant à Ton crédit une capacité finguHere, une activité infatigable, un courage d'cfprit au dedus des obf-^ racles & âçs dangers; fe mit bientôt à la tête des troupes dans les Pays- Etat ^c la bas. Louis XIV n'avoir plus cq& France, grands miniftres , donc les talens avoienr fî fort conrribué.,aux profpéri- tés de Ton règne. Ses hnances étoient affoiblics & par les dernières guerres» & par le fafte de fa cour. Un miniftre honnête homme , mais trop borné ; créature de madame de Maintenon , que Louis avoit époufée en fecret ; Clianiillard , dis- je , écoit chargé de. A N N É. i^-) la partie inilicairs iS: des hnances , fardeau fupérieur à (es forces. Les relTorts du gouvernement fe rciren- toient en quelque force de la vieillelîe du monarque , 5-: la France touchoit au terme de fa fortune. Le duc de c.iirpn'rrté Bourgogne , digne de fervir de mo- ^^ ^^A^-à-^^* dele à tous les princes, ayant fous lui le maréchal de Boufïlers , fit en Flan- dre une campagne malheureufe. Les François reculèrent devant Alarlbo- rongh , qui s'empara de Venlo , de Ruremonde j de Liège ^(|ê préparant ainfi à des expéditions plus nicmo-- râbles. On fe baftoit en même*^ temps fur Expéi: ir^rw mer. Les Anglois attaquèrent Cadix , ^^ntimes, &: échouèrent dans cette entreprife. Mais ils forcèrent le port de Vigo, ou ils fe rendirent maîrres de dix vaideaux de guerre & de onze gai- lions. La perce des ETpagnoîs fut con-* fidérable en argent & en marchan- ^ difes , quoiqu'ils euffent prévenu l'ar* rivée de la flotte angloife , pour met- tre une partie de leurs effets en fu- reté. L'amiral Bcr.bow fur battu par' Trai: ds les François dans les Indes occideiï- c-maje* tâl es. Ce brave marid , d'un caradere Nv) 3^00 ANNE. violent, s'étoic attiré la haine de plu- fleurs de fes officiers qui le trahirent: lâchement. Il eut une jambe empor- tée , Se reçut d'autres blelTures , fans vouloir quitter le tillac. Un officier lui témoignant fa douleur de ce qu'il avoit perdu la jambe: J'en fuis fâché comme vous j répondit Benbow y mais puijfé-'je les avoir perdues toutes deux , plutôt que d'être témoin de et déshonneur de ma nation Quelques- uns à^^ traîtres j dont il avoit lieu de fe plaindre , furent condamnés à mort & exéebtés. 1» reine Cependant la reine , en gagnant le fpnela con- i r r • • • i r fiance .!u par- cœur de les lujets, jetoit la lemence icm«nt. des profpérités qu'on vit naître dans la fuite. Elle convoqua un parlement, & le harangua de la manière la plus propre à perfuader. Loin de faire va- loir fa DTcrogativeen faveur des abus, contraires au bien général j elle de- manda que les coinmunes examinaf- fent les comptes de recette & de dé- penfe , afin que (î les finances étoient mal adminiftrées , on pût découvrir \qs vices de Tadminirtfation , & pu- nir févérement les coupables. Elle exhorta U chambre à chercher des A N M E." l&î fnoyens de rendre le commerce ^ les manufadares ôc les arts plus florif- fans. Elle ajouta que l'amour de fort peuple lui paroilToitle meilleur gags de fou obéiirance & de fa fidélité j qu'elle regardoic fon propre intérêt comme inTcparable de l'intérêt de la nation j & que le bonheur public fe- roit le but de tous (es efforts. Ces fentîmens , qui devroient toujours animer les fouverains , avoienc le mérite de la fmcérité. Les deux cham- bres y répondirent par des adtelles pleines de reconnoillance. L'aéle des La méTnoù* communes portoic que les progrès «J^G.iUaamf etonnans des armes de la majelte , fous le comte de Marlborough , avoient rétabli , avec éclat , l'ancien honneur de la nation angloife. Ex- preHion injurieufe à la mémoire de Guillaume, &; fur laquelle il s'éleva de grandes difputes. Plufieurs reje- toient le mor rétabli ; mais il palTîS malgré eux à la pluralité de cenc voix. On accorda àes fabfïdes pour l'en- Aftfs pa#- tretien de quarante mille homme?, lementaifc*. On remercia le duc d'Ormond & l'amiral Rookje de 1' 'expédition de 50i A ^ N îi Vigo. Marlboroiigh , créé duc pâf là reine, reçut les éloges qu'il méritoit* Penfion Anne l'avoic gratifié d'une penfion ic Maribo- ^j^ (;i„q mille livres fterling furies poftes , & vouloit la faire paffer à fes defcendans. Ce fut dans la chambre- balfe une matière de débats. Le duc fuppiia la reine de renoncer à une de- mande , qui pouvoit nuire aux af- faires &c au bien public ; les commu- nes, en exaltant les fervice? de ce général , dirent qu'elles avoient crainc" feulement d'autorifer par un tel exem-* pie l'aliénation des revenus de la cou- ronne , extrêmement diminués 'pat les dons exceflifs du dernier re^ne. Traireroer.; Eiles alfurerent au prince de Dane- Danèmarkf^ mark Une penfîon de cent mille livres fterling, au cas qu'il furvccût à fa femme. On l'exempta de l'article de l'ade de fuccelTion , qui excluoit des offices tout étranger , même natura- lifé dans le royaume. La qualité d'é- poux de là reine ne donnoit aucune autorité à ce prince. Anne régna toit- jours feule ; & il partagea fa gloire fans en acquérir de perfonnelle. iel°vcrvs ^^ chaleur des partis fabfiftoic en- âomincnt &. coïQ. Lcs Totys avoicut le defllis j>e!léfutenCf Anne. 50^ oans le parlemenc, Se la reine leiif étoit favorable. Accacliés à la reli- gion anglicane , ils prirent les ar- mes du faux zèle pour futisfaire leuc animo(ité. La plupart des W^higs, qiioiqu'unis en apparence de com- nianion avec î'égliie, & ne le faifanc pas fcnipale de prêter les fermens or- dinaires , fréquenioient lesaflemblées des non-conformit\es j fans être pri- vés d'aucun avantage des citoyens. Le parti dominant alors joignoit à la haine de leur fecle , l'envie de les êxtiûre des emplois. Il regardoic comme un vrai fchifme cette confor- mité 0£:(;.:7/ri3^.';c^//d , qui, fous un ex- ConrcTTrnîté térieur de foumiflion , cachoic une occaûonael- révolte opiniâtre contre la foi & l'or- thodoxie. On préfenta unbill en con- féquence , dont le préambule bla- moif la perfécution, Ôc dont le but fembloit ctre une forte de perfécu-* lion. Quiconque avoir prête les fer- mens pour avoir des places de cou* iîance , & fcéquentoit enfuire les af- femblées non - confoimiftes , deve- noit, félon la teneur du bill , inca- pable de remplir cqs places, fujet ^ une amende , ôc ne pouvoit polfédes '5c)4 Ans té aucun autre emploi, qu'après un â»l de conformité. On prétendoic que l'églifé natio- nale étant nécelTaire j foit pour le maintien de la religion , foit pour la tranquillité de l'état j il falloir abfo- lument la foutenir en ne confiant la puilfance civile qu'à des citoyens rideles à (es principes & à fes règles 5 qu'il étoit abfurde d*admettre au5i places importantes une feéte d'hom- mes 5 dont les confciences fullent tropî tendres pour obéir aux lois , & alTei dures pour les violer ; qu'il eft con- rradi6toire d'être en même temps con- formifte & non- conformité , d'em- brafler fincérement une communigri à laquelle on ne vouloit pas fe con- former j qu'enfin cet a6te n'ajoutoif tien aux droits légitimes de l'églifé , &z n'ôtoit rien à l'aâie de tolérance pafifé fous le dernier règne. Les adver- faires du bill oppoferent à ces raifons l'attachement des non-conformiftes au gouvernement adfcuel , les fuites d'une rigueur capable de les irriter , les avantages qu'avoit procurés la to- lérance j même en multipliant par la douceur le nombre des partifans di^ Anne. 3^5 réglife. Ils obferverent de plus que cetre éghfe enrretenant la communion avec les réformés 'des autres pays , on ne devoir pas traiter de fchif- matiques des proteftans anglois. Le bill palTa néanmoins dans la cham- bre-baffe ; mais il fut rejeté par les pairs , parce qu'on ne voulut point admettre les modifications qu'ils pro- pofoient. Les deux chambres eurent de vives Difputes des difputes , au fujet de l'examen des ^" comptes , 3c du droit de juger les comptables. L'efprir de parti de la conftiturion même du parlement oc— cafionnoient fouvent de pareils dé- baTS, peu dangereux lorfqu'ils n'arrê* toient pas le cours des affaires. C'é* toit quelquefois un bien , puifqueles citoyens en devenoient plus éclairés fur les lois, plus zélés pour la patrie. Deuxfadions divifoient aufii le cler- gé, celle de la hnure égîife, ôc celle de la balfe. Les uns accufoient leurs adverfaires de n'être que des presby- tériens hypocrites j les autres , d'être les partifans de la tyrannie & de la perfécution. Ces qu erelles finirenc par la prorogation du parlement. ^06 A ?ï N E. Troubles en II reftoît en EcoflTe un levain éë jEcoffe. troubles, dont ies effets pouvoient devenir plus contagieux. La reine ^ en fuivant les traces de fon prédé- ceffèur ,ht d';bord quelques tentati- ves pour la réunion des deux royau- mes. Mais quoique les Ecolfois recon- nullent fon autorité, 6c lui juraffenc l'obéilfance, i4s parurent très-éloignés de ce projet. Dans une longue féance de leur parlement, on vit éclater fans ceffe l'inquiétude, la jaloufie Se la haine des partis. L'ancien génie de la nation développa fa turbulente adti- vité. Les bills le fuccéderent en fou- Icoflois op- le. Fletcher , homme inttéiDide dans nioadesdeux ^^^ ientîmeîis rcpubiicams , avança royaumes. que l'Ecoife deviendroit efclave , (i elle fe foumettoit au fucceireur de la couronne d'Angleterre , fans avoir établi des conditions de gouverne- tnent , qui puflent lui fervir de rem- part contre le miniftere anglois. Les conditions qu'il propofa pour les fuc- celfeurs delà reine, furent que toutes les places civiles & militaires , toutes \qs penfions feroient conférées dans la fuite par le parlement; que lepré- iîdenc feroic choifi par l'aifemblée j A N K è. 307 ^ue dp.ns les intervalles des feflions , un comité de trente (u membres au- toic l'adminidration du gouverne- ment fous le prince , ag-ioit en qua- lité de fûJi confeil , & feroit comp- table envers le parlement d'EcolTe. II vouloir que le luccefïear fût élu à la pluralité des voix; Se il déclara qu'il nommeroit plutôt un papifte rigide, avec ces conditions , qu'un bon pro- teftant fans elles. Cette audace eut beaucoup d'imi- Dî'cotfri tateurs. Les cris de liberté , les in- |iard'sie Blenheim. t F r zele pour la caule commune , atta- quent près d'Hochftet l'armée fran- çoife èc bavaroife ; fupérieure en nombre, Se qui en évitant le combat, pouvoit réduire les ennemis par la difette de fourages. Villars ^ brouillé avec l'éledeur de Bavière , avoir été rappelé j il étoit alors employé contre les huguenots rebelles des Cévennes. Un grand général ne peut guère fe remplacer. Les maréchaux de Tallard & jde Mariîn , moins habiles que lui, quoique aufli braves , firent des faute* auxquelles on attribua leur défaire. Le premier, dont la vue étoit ex- trêmement foible, fe jeta dans ui^ çfcadron ennemi , ëc y reila prifoi^r Anne. j i j nier. Bientôt la déroute eft générale, la campagne jonchée de morts , le Danube couvert de fuyards qui fe noient en voulant fe fauver. Ureftoit dans le village de BlenKeim onze à douze mille homnies des meilleures troupes. Ne pouvant fe mettre en ba- taille, ni percer à travers une armée vi^lorieufe , ils fe rendirent prifon- niers fans combattre. Officiers Ôc fol- dats frémirent de cette apparence de lâcheté y quelques-uns enterrèrent leurs drapeaux ; mais leur gloire n'en fut pas moins flétrie aux yeux du pu- blic, juge quelquefois trop févere , lorfqu'il ne pénétre point les caufes d'un événement. Les alliés remportèrent une vie- Suîfedeïa toire complette. Environ douze mille JJu^o'^ ^^ morts , quatorze mille prifonniers , cent pièces de canon , trois cents dra- peaux ou étendards, un butin im- menfe leur fervirent de trophées. L© duc de Bavière , obligé de prendre la fuite , leur abandonna fon pays. Ils pénétrèrent en Alface , prirent Lan- dau, répandirent au loin la terreur» Marlborough s'étoit iîgnalé dans Tac- don autant paj: fon courage que par O ij ^i6 Anne; R^compen- {qs taleiis militaires. Il reçut des ré- les dà Mari» r i- i r /• jbeiirpii^hy eompeiiles dignes de les lervices. L'empereur le créa prince de l'empi- re ; la Hollande le traita comme elle âuroit fait un ftathouder ; fa patrie le combla d'éloges. Un vafte château auquel on donna le nom de Blen- heim , eft un monument de la recon- noifFance publique à fon égard. Le célèbre AddiflTon lui fit peut-être eur cote plus d'honneur en l'immortali- fant par Ces vers. Tallard , prifonnier de Marlborough , lui faifant complir ment, après la bataille, fur ce qu'il avoir vaincu les meilleures troupes du monde : il répondit que les (îen* nés valoient mieux fans doute, puif- qu'elles avoient vaincu. Cette répon-' fe n'étoit pas exadtement jufte : car la vidtoire trahit fouvent le plus grand courage; mais la fierté angloife pou- voit triompher avecraifon. Affaires L'archiduc & les Anglois ne troii- d'Efpagne. vêtent pas en Portugal les fecours Siège de ,., t^ . r >^i r> ■l CJjralcar, qu ils avoient eiperes. Combattre ^> avec des hérétiques , étoit aux yeux des Portugais une forte d'apoftafie, Loin de pénétrer en Efpagne , & d'y ^jre des conquêtes , ils perdirçj^l Anne. - 5^7 tjuelquès-unes de leurs places. Mai^ rEfpagne pardic Gibraltar , cette viile importante , qui ouvre la commu- nication des deux mers , & que l'on croyoit imprenable. La garnifon n'é- toit que de cent hommes. On auroic pu fans garnifon réfifter à une forte armée , fi trop de confiance n'avoic empêché les bourgeois de fe tenir fur leurs gardes. Après une expédition fit heureufe , les Anglois devenus maî- tres de la méditerranée , livrèrent bataille àla flotte françoife comman- dée par le comte de Touloufe. L«s deux partis s'attribuèrent la victoire ; preuve certaine que l'avantage ne fuc décifif d'aucun côté. Cependant la hiarine de Louis XIV celTa dès- lors de paroître formidable. Une guerre ruineufe épuifoit les reiTources de la France , & de nouveaux défaftres la menaçoienc. Rien n'eft plus propre que le Aie- Subiî^îe ces à nourrir la paflion des armes. Anne trouva dans le parlement au- tant d'ardeur à lui donner des fub(i- des^ que d'emprelîement à la félici- ter de fes triomphes. On lui accorda près de cinq millions fterling pouf Oiij énorme* lyo/- fïTt A N K Z. l'année fuivante. Les terres & autres biens perfonnels furent taxés à un cinquième au moins ; les penfîons , gages 5 tout émolument annuel , au quart j les anciens droits , extrême- ment augmentés ; un droit de trente pour cent, établi pour cinq ans fur les marchandifes des Indes orienta- les , &c , &c. Qu'auroit-on pu faire s'il avoir fallu défendre l'état, au lieu de combattre pour la maifoïî d'Autriche ? MarlborougK força les lignes de Prife'de'Bar. l'éleôbcur de Bavîere & du maréchal Itll''. ^u' ^Q Villeroi. Le maréchal de TeiTé , loutenu par une elcadre de treize vaifTeaux , tenta iniuilemenc de re- prendre Gibralrar. Le comte de Pé- terborough , l'un des hommes les plus fmguliers & les plus braves d'Angle- terre , prit Barcelone , & fournit k Catalogne entière. L'auteur du Siec/e de Louis XIF rapporte un trait , qui fera juger du caradere de ce général. Tandis que le viceroi capituloit avec lui à la porte de Barcelone, les Alle- mands pénétrèrent dans la place j &: commencèrent à piller, à maflacrer. Le viceroi fe plamt qu'on le trahit A N N i. jï^ Pétecborough l'aflure de fa bonne foi , demande qu'on le lailTe entr^: avec fes troupes , prometcant d'appai- fer le tumulce , de de revenir conclure la capitulation. On le croit fur fa pa- role, il marche fuivi des Anglois, il arrête le défordre , diiîîpe les foldats allemands , leur arrache leur proie , & revient ligner les articles du traité. Dans le cours des hoftilités , on ï7o<î. rie perdoit pas de vue les affaires d'E- ^•''^"g'-" iolle. Les démarches du parlement coHî céun;-:: écolTob , fon aâ:e de fureté , les fe- ^"„""^^^''' mences de révolte répandues dans ce ' '* royaume , infpiroienc tout à la fois 4es craintes & de l'indignation. Les deux chambres prirent des mefureï en 1704 pour contenir les fadieux-. Il fut réglé que les Ecoflois ne pour- roient jouir des privilèges de l'A:i' gleterre , jufqu'à ce que l'union des deux royaumes fût confommée , & la fuccelîion établie en F.colfe pour la maifon de Hannover. On fit quelques^ réglemens défavantageux à leur com- merce j on autorifa cependant la reine à nommer des commiflfaires pour Kait^r de runion. Le parlement d'E- O iv 310 Anne. code confentit enfin à ce grand pra- |ec. Les commidaires des deux na- tions furent nommés par ja reine; $c après quelques mois de conférence, ils arrêtèrent les articles du fameux traité, qui devoir réunir en un feul corps ces peuples fi long-temps en- nerais^ implacables. 11 porte en fubftance, que les deux royaumes n'en feront qu'un fous le nom de Grande-Bretagne j que lafuc- ceflion palTera à la princelfe Sophie ôc à Ces héritiers, conformément aux a(5tes du parlement d'Angleterre j que tous les (ujeis de la Grande-Bre- tagne jouiront des mêmes prLvilege^^ ëc feront alîujettis aux mêmes lois ; que le royaume fera repréfenté par un feul ôc même parlement , dans lequel il y aura feize pairs d'Ecofle de qua- rante-cinq députés à la chambre des communes ; que tous les pairs d'E-, code 3c leurs fuccefièurs feront répu- tés pairs de la Grande-Bretagne , ÔC participeront à toutes les prérogatives de ceux d'Angleterre , excepté au droit d'avoir féance au parlement; qu'on donnera aux EcoflTois' trois cent quatEe-vingt-dix huit mille li- ^' Anne. ^ii' fies fterllng, comme équivalent des fommes qui feront levées fur TEcofTe en conféquence de l'union ; que fî les teyenus de ce royaume viennent d- augmenter , on augmentera félon la même proportion l'équivalent y ôc que cet argent, foit celui d'Angle- terre , foit celui d'EcoIîè , fera defti- né au payement des dettes nationa- les , à l'encouragement du commer- ce , &c* Un traité fi utile dans le fyftême Les Ecoifo*^ du crouvernementj & fi nécelFaire au ^PP^^ai'a. bien de l'état , trouva en Ecolfe les plus violentes oppofitions. Tous les partis fe réunirent d'abord pour l'at- îaquer. Les presbytériens s'imagi- TfÔient que leur religion alloit périr ; les Jacobites ( qu'on nommoit auiïï les cavaliers ) étoient indignés de voir le prétendant exclus pour jamais de' la couronne ; la noblelTe frémilToic de perdre j par la ruine du parlement ,. le plus précieux de fes privilèges ; les marchands trembloient pour leuf commerce , malgré l'avantage de' pouvoir trafiquer dans les colonies ângloifes \ la nation en général fe legardoit comme dépouillée de feJf m ^21 A N N f. droits j livrée àlafervitiide , vendue^ aune puifîance étrangère. Plufîeurs membres du parlement écofïbis s'é- levèrent avec vigueur contre le traité. BîfcouM t( Quoi ! s'écria le duc d-Hamiiton , '°°"^' 3» abandonnerons-nous en une demi- ao heure , ce que nos ancêtres ont ï» maintenu depuis tant de fiedes aux » dépens de leur vie & de leur for- >» tune? N'y a-t-ii donc ici aucun def- » cendant de ces dignes patriotes , s» qui défendoient la liberté de îenr 3ï pays contre quiconque vouloit l'ac- » taquer? Où font les barons , où » font les pairs accoutumés à fe réu-" »> nir pour ocre le boulevard de la na- D> tion ? Sacrifierons-nous la fouve- a> raineté Se l'indépendance de notre- » patrie , lorfque ceux que nous re- 35 préfentons nous ordonnent de les w ibutenir. Se nous promettent leurs « fecours » ? Plufieurs obferverenr que confentir au traité , feroit ren- verfer la conftirution du royaume j " que chaque peuple avoit (es lois fon- ' damentales , auxquelles nulle autorité ne pouvoir donner atteinte ; que l'exif- tence & les droits du parlement fai- fanc uiie partie elTentieJie de l'état» A N N E.' ■;,_., le parlement même n'avoit pas le pouvoir de rien changer a cet égard y que la nation entière devoit concou- rir au facrifice de fes privilèges ; ôc qu'un femblable facrifice n'entraînoic que des fuites pernicieufes. En d'autres temps, la moindre de Le traité dVi ces raifons auroit mis toute l'EcofTe "ion cond-- en armes. Il y eut même alors un "'■'^ ^" ^<^o<ï« commencement de révolte ouverte. Les presbytériens enthoufiaftes levè- rent l'étendard , brûlèrent publique- ment le traité , publièrent une décla- ration , réfolurent de dilToudre le" parlement. Un des commiûTaires ,> quoiqu'environné de gardes, fut in- fulté par le peuple, ôc cou-rut fouvenç rifque de fa vie. Cependant , foii: que l'influence de la^ cour & les moyens de corruption prévaluflenc fut l'efprir national^ (oit que les avantages de l'union parulTenc enfin l'emporter fur les inconvéniens j ôc que la première chaleur s'étant cal- mée eût fait place à des réflexions plus juftes 'y le parlement d'Ecofle ratifia tous les arcicles avec de légers changemens. Ain(î fut exécuté par »ne femme un projet que Guillaume O Vf J24 A N N f. malgré fa profonde politique , avok inutilement formé. Ce qui paroî'r ■ impoflible , n'a fouvent que des diffi- cultés apparentes. Le bien réel fe fait fentir tôt ou tard, & le gouverne- ment peut tour, pourvu qu'il appli- que fes forces avec fageffe. Dirpute en Quand le traité fut mis fous les; •Angleterre yeux du parlement d'Angleterre , il fur l'union. ^ • "^ rr fiT J j;/ excita j comme en tcolie , des au- putes &c des conteftations ; tant l'unie formité de fentimens eft rare parmi les hommes. Un membre des com- munes le compara à un mariage for- cé , auquel la femme ne confent point. Selon lui, « la corruption Sc 30 la violence avoient produit cet » ade , qui dès-lors ne pouvoir être « folide. La reine obligée par fon « ferment de maintenir la religion 5> anglicane , s'obligeoit encore de 39 défendre l'églife presbytérienne î» d'Ecoiïe : comment dans un même »> royaume concilier deux objets ii 39 incompatibles ? comment réunir 5î deux nations oppofées en matière 55 fi elTentielle « ? Le lord Havers- ham , après avoir infifté fur des rai- fons à peu-prèy ferablables , ajouta. Anne,' J25 4jue , puifque l'on abolifloit les pri- vilèges des pairs d'Ecoffe , il écoic à craindre que ceux des pairs d'Angle- terre ne fullenc pas un jour plus ref- pedtés ', que cet exemple devoit inf- pirer de juftes alarmes, & que l'u- nion ccant odieufe aux EcoflTois , dan- gereufe pour les Anglois , les uns & les autres dévoient la rejeter. On ne manquoit pas de répon fes LailfKcul^ à ces argumens. Dans les grandes Jj^^^j^^^* alfaires , il y a toujours plufieurs fa- ces différentes ; les avantages ôc les inconvéniens fe touchent : quand les premiers l'emportent de beaucoup fur les autres , ils doivent décider la politique. t« Or , difoit-on , la fu- »■ reté , la tranquillité du royaume » feront évidemment les fruits dti » traité : les ennemis hs plus à crain- » d:e , la France & le papifme , » ne leront plus redoutables , fi là « Grande - Bretagne ne fait qu'un » corps r quant a-ix affaires eccléfiaf- » tiques , un gouvernement fage & n modéré peut éteindre le feu des » difputes : les cantons SuilTes ne fonr- 'x> ils pas très-unis j quoique de refi- » giofls différences? hc la diète d'Al- |i(î Anne. 36 iemagne n'eft elle pas une preuve « que la diverfité de croyance n'eft »> point un obftacle à Tunion politi- »> que»? Un adte fourenu par des raifons plaufibles , attaqué par des- obje(5lions beaucoup moins fortes , devoit entraîner le plus grand nom- bre des fuffrages. Le parlement le ra^ fifia ; & l'expérience a fait dirparoî- rre les fantômes que l'imagination- oppofoit au bien commun. Si l'EcolTe a perdu des droits précieux, elle fem^ ble avoir gagné un avantage plus pré- cieux encore, la tranquillité jointe k h liberté. A en juger par toutes les vraifemblances, l'union feule. pouvoir mettre fin aux troubles qui la déchi- roienf , & qui ne lui étoient pasJ moins funeftes qu'au gouvernement,- Cependant la guerre dévaftoit toujours l'Europe , & Louis efluyoif de nouveaux malheurs. Son armée de Flandre étoit fous les ordres du maréchal de Villeroi , feigrteur géné- reux, courtifan cHéri , mais impru- dent général , plein de cette confiance aveugle qui s'égare en dédaignant les /âges confeils. Marlborough remporta: ^r lui une vidoire fameufe à R«i- Turin, A N N t. |-2/ millies. Les François fe défendirent à peine une demi-heure , furent mis en déroute , perdirent vingt mille hom- mes , tués , bleifés ou prifonniers. Toute la Flandre Efpagnole fut le prix de cette vi6toire. Un autre défaftre confterna la _ siège d* France. Turin étoit afliégé par le ■duc de la Feuillade j plus digne, com- me Villeroi, de figurer à la coar j que d'être à la tête d'une armée. Chamillart, fon beau-pere , avoir épuifé le tréfor pour le fuccès de cette expédition. Mais le général n'é^ toit que vaillant j le fiege mal dirigé traînoir en longueur. Le duc de Savoie' fbrt de la ville, Sz fe joint au prince Eugène; l'un & l'autre forcent Jes lignes des François j diflîpent l'armée que commandoit le duc d'Orléans ; s'emparent de toutes les provifions , des bagages , de la caiflTe militaire., demeurent maîtres du Piémont, Se Bientôt du relte de l'Italie. Les fau- tes de la Feuillade , ôc principale- ment un ordre fecret de la cour , qui défehdoit d'aller aux ennemis en cas- qu'ils vouluflent fecourir Turin 3 fu- rent la caufe de cette défaite accA- JzS A N N Ë. blante. Le miniftere étoit devenu tf* mide après tant de pertes ; mais rf eft des cas où Toiï rifque plus en at- tendant le péril qu'en l'alïronrant.' Bciucelone fut aflîégée avec auflî peu de fuccès. Le maréchal de Tefle" leva le iiege , abandonnant aux enne- mis un riche butin. Le comte de Ru-«' vigni , François , devenu pair d^'An-' gleterre , ôc connu fous le nom de lord Gahvay , s'empara de plufieurj villes efpagnoles , pénétra jufqu'à Madrid , ht proclamer l'archrdac Charles ; tandis que Philippe V, ruiné par fes difgraces & par celles de fon aïeul , n'avoir plus que de foi- bles efpérances. Il eft difficile, feloiï la remarque de M. de Voltaire , de donner un roi à une nation malgré elle. Les Caftillans avoient préféré' Philippe. Leur courage s'anima au fort du danger ; ils firent les plus grands efforts pour foutenir leur choijc & leur réputation. Le roi rentra bien- tôt dans fa capitale où 'fon rival étotr' déteft-é ; &c où la qualité feule d'hé- rétique fâifoit regarder les Angloi* avec horreur. Louis XI V > malheureux pat touty Anne. 525? lie dcinentic point fa grandeur d'a- me. Il parut defirer la paix, fans plier fous le fardeau de la guerre. H en- voya de nouvelles troupes en Efpa- giie, quelque befoin qu'il en eût ail- leurs. Le maréchal de Berwick , fils naturel de Jacques II , qui comm an- doit l'armce dans ce royaume, gagna fur les Anglois Se les Portugais la bataille d'Almanza, fuivie de la prife^ de Lérida Ôc d'autres villes par le duc d'Orléans. Villars étoic employé eu Allemagne , & s'y rendoit formida- ble. Alais la France fe vicen dangef. Le duc de Savoie ôc le prrnce Eugène siege f 2. C'étoît une confolation médiocre dei calamités de la France, Marlboiotrghj après un voyage à Leipfick , où il' avoir tenté une négociation avec le toi de Suéde Charles XII j alors vain- queur du czar Pierfe Se du roi de Pologne j vint reprendre le comman- dement de l'armée dans les Pays-bas. Sa campagne fut infru6tueufe, parce que les François ne voulurent rien hafarder. ■' ' g"' ' Depuis quelque temps , le crédit Maribo- de Cet illuftie général commençoit k ^iigh peid décliner en Andeterre. Les Torys le ton crédita . ..^ . *-• i r j • j 1* cotof, hamojent comme cher du parti des Whigs. La du-helTe fa femme, qui avoit gouverné la reine avec une forte de defpotifme , fe rendit enfin infup* portable par fes hauteurs. XJne autre favorite lui fuccéda ; & , quoique fa- coufine & fa créature , mit fon adreî^ à la fupplanter. Le fecrétaire d'état , Robert Harley, & Saint-Jean, depuis célèbre fous le nom de Bolingbroke 3 conjurèrent la difgracô de Maribo- rough & du grand tréforier Godol- phm. On reprochoit au gênerai autant d'avarice que d'ambition. Il amafloit 4es créfors immenfes , il jouoir ua Anne. jj# êes premiers rôles en Europe : la guerre , li terrible pour le peuple, ctoit pour lui le chemin de k fortune. Déjà le mécontentement fe répandoit de toutes parts. L'EcolTe en particu- lier confervoic un dangereux levain de fédition , quoique le ptemier par- lement de la Grande-Bretagne fe tînt conformément au traité. Dans ces conjonârures délicates , LoaîsXiV Louis XIV fait fonder les efprits des ,,ne"So« EcolTois, & entreprend rne invafion en Ecoiic, en faveur du prétendant, qu'on appe- loit en France Se à Rome Jacques lîl. Une flotte angloife de cinquante vaifTeaux de guerre attend les Fran- çois au partage \ le c';'^ '/ali{;r de For- bin , chargé de con:!aire le prince, eft contrarié par les vents ; à peine peuc- il fauver fes vaifleaux; & cette expé- dition aboutit à femer quelques vai- nes alarmes dans le royaume. Le fils de Jacques II , avec fesadhérens, fut déclaré traître & rebelle j on fufpendit l'aâre d'Habeas corpus , pour que le gouvernement pût s'alTurer des per- fonnes fufpe rr C turalifaiion ûes proteftans étrangers palla enhn au ^^ faveurdei .parlement , & reçut la forme de loi. proteftaw, Les Torys s'y oppoferent en vani, fous prétexte que ces étrangers n'auroient point le cœur anglois , qu'ils de- viendroient dangereux en parvenant aux offices , que leur fortune ou leur pauvreté feroit également nuifible a l'état. Cependant les réfugiés Fran- çois n'avoienc que trop bien fervi l'Angleterre , foit par leur induftrie , foit par leur bravoure. La révocation de l'édit de Nantes , les avoit rendus les plus implacables ennemis de Louis XIV. Ils fembloient être nés anglois. Mais ce motif touchoit moins le? Whigs , que Tenvie de contrebalan- cer le crédit de leurs adverfaires ; en admettant les étrangers dans le corps de la nation: car l'intérêt de parti étoit devenu l'ame des affaires nationales. Un événement fîngulier fixa l'at- L'amBaffk- xention du parlement & de la cour. ^e"'mîs^at L'ambaffadeur de Mofcovie fut ar- prifoa, rêté à la pourfuite d'un marchand. On le traîna en prifpn , on le mal- iraita , & il n pbtint fa liberté cju'a-» 53^ Anne* près que le comte de Feversham fe fut fait caution pour lui. Cette in» fuite au caractère d'ambafladeur ex- cita les plaintes des puiflances. Le czar Pierre , déjà célèbre par fes glandes vues , demanda qu'on en pu- nît de mort les auteurs. La reine , indignée comme lui de l'attentat , defiroit ardemment de le fatisfaire. Mais les lois du royaume y mettoient obftacle. C'eft aux lois à infliger lapei-- ne de mort : on n'en trouva aucune qui le fît en pareil cas. Le zèle du parle* ment fe réduiiît donc[à pafler un bill , pour maintenir les privilèges des mi- niftres étrangers. Les juges du banc ^e la reine informèrent contre le mar- chand , ôc contre treize autres perfon- nes qui avoient eu part à l'infulte.IIs furent trouvés coupables , & les pri- vilèges des ambafladeurs furent de nouveau reconnus , fans qu'il y eût moyen de paflTer les bornes de la loi, Anne confentit à faire des excufes folennelles par fon miniftre. Le czac n'exigea rien de plus, admirant peutr être malgré fon defpotifme une lé- gislation douce , fi attentive à garan- tir le citoyen des coups de l'autorité girbitraire. Pl^l Anne, '537 Plus àe fepc millions fterling de ^709* fubfides , que le parlement avoir ac- demande^\^ cordés , metcoienc la reine en état de p»ix» tout entreprendre. Un hiver afFreux , fuivi d'une famine prefque générale , ne ralentit point l'ardeur des alliés pour la guerre. La fureur de détruire les femblables par les armes fubfiftoic au milieu des fléaux de la nature, Louis XIV , dont les refiTources n'é- galoient plus celles de (es ennemis , éc dont les armées fembloient devoiir périr de mifere , envoya demander la paix, qu'on avoir auparavant reçue de lui. Il offrit de démolir Strasbourg & Dunkerque , d'abandonner le pré- tendant , de renoncer à toute préteii» tion fur la monarchie efpagnole, de céder aux Etats -généraux la barrière qu'ils demandoient dans les Pays-bas , éc de traiter avec l'empereur fuivanc les articles de Rifwick. Plus la for- tune abailïbit ce fier & puiflant mo-r narque , plus on affeda d'iufulter à fes malheurs. Le prince Eugène > le ducdeMarlborough, le grand pen- fionnaire Heinfius , unis dans les mê- mes vues par des motifs plus ou jÇioins nobles, vouloient le réduirf^ Jorne m, P 138 A K M E. aux dernières extrémités. Ils pQufTe- rent l'infolence , (car on ne peut adou- cir le terme ) jufqu'à demander qu'il fe Joignît à eux pour détrôner fou petit - fils. PuïJ qu'il faut faire la guerre , dit le roi , faime mieux la. faire à mes ennemis quà mes en fans, Zeic des ^^ ^^^^ ^ ^^ courage des François François, fe raniment fous le poids de l'humi- liation & de l'infortune. Louis mec fur pied une grande armée. Les arti- fans , les laboureurs qui manquent de pain , fe font foldats. Villars eft chargé du commandement , hc Bouf- flers , quoique fon ancien , veut fer- vir fous lui , plus honoré piàt ce traie de patriotifme , qu'il ne l'eût été pat le commandement même. Cepen- Bataiiia de dant les alliés prennent Tournai. Ils l^alplaquet. attaquent à Malplaquet les retranche- mens de l'armée françoife. Après uri combat fanglant &: opiniâtre , Vil- lars étant blefle , ils remportent la victoire j fi c'eft vaincre que "de per- dre vingt mille hommes, Iprfque les vaincus n'en perdent qu'environ huit mille. Boufïlers fe retire en bon or-» dre, laiflant aux ennemis le champ ^e bataille couvert dç leurs morts, La dodeur S»- cheyeiel. Anne. 559 prîfe de Mons les dédommagea de leur perce. Cette place importante refta , ainfi que Tournai & Lille, en- tre les mains des Hollandois , qui refpiroient alors l'ambition des con- quêtes. Tandis que la France gémidôic de Procès -îu fes maux, ce que l'Angleterre triom- phoic des revers de Louis XIV, utx procès étrange réveilla dans le fein de la nation l'animofué des deux partis qui la divifoient. Le doéteur Sache- verel , eccléfiaftique enthoufiafte, peu éclairé , ôc d'autant plus attaché à (es fentimei;sj plein dececefprit de parti auquel on donne quelquefois le nom de zele, avoic publié de vives décla- mations , fuit pour l'obéiiTance paC- iîve , foie contre la tolérance 5c les non - conformiftes , infiftant fur les dangers de l'églife Se fur la nécefllté de la défendre. C'étoic attaquer les maximes des Whigs , principaux au- teurs de la révolution ; c'étoic atcifec le feu des difpuces. Les fermons de Sacheverel , dénoncés a la chambre- balTe , furent déclarés de fcandaleux Se fédiriçux libelles, La chambre porta unç accufatioa contre l'auteur. "'J |40 A K N E, Pendant trois femaines,ce procès fuC- pendit toute autre affaire, attira toute l'attention du public, & devint (î in- térenfant que la reine y aflula comme fpeétatrice. Le clergé & le peuple fe déclarèrent pour i'accufé , avec l'ar- deur qu'infpire ou l'intérê: ou la reli- gion. 11 fallut fe précautionner contre une émeute populaire. î>irputesrtir Lorfqu'on eut difcuté l'accufation pamye?"" ^ ^" défenfes , il s'éleva parmi ks pairs di:s altercations auffi vives que Je fujet étoit importanr. Le comte de Warthon obferva que la doétrine dd Sacheverel fur TobéilTance piiiîive en-r traînoit les conféquences les plus dan- gereufes; que la f évolution du temps de Guillaume III avoit pour fonde- tnent le principe de la réfiftance j qu'en fuppofant la réfiftance illégi- time , on fuppofoit une grande par- tie dQS citoyens, ôc même du parle- ment, coupable de révolte & d'in- juftice i que le gouvernement établi jie devoir donc plus être regardé com- me légitime , puifque les droits de la reine dérivoient de la révolution. I^'évêque de Salisbury, Burnet, cçr kj^re parpifan d^ Guillaume. §'çf^ Anne. ;4t Força de judifier la réfiftance par l'hif- toire tant ancienne que moderne. Il allégua l'exemple des Machabées , celui des Holiandois , la conduite qu'avoic tenue Elifabeth à leur égard , les fecGurs qu'elle avoir donnés aux liuguenots. 11 ajouta que quoique l'opinion contraire eût prévalu, ceux qui affeifloient ds la foutenir , ctoient les premiers à plaider pour la réfif- tance quand ils fe voyoient opprimés. L'évêque de Batli , plus mçdéré dans Réflexion* ' fes principes . convint que la réfiftance (^s;" "^'"^ pouvoit.fitre légitime dans certains cas extraordinaires 5 «mais, ajouta- t-il fagement, on ne doit point étaler cette dodrine aux yeux du peuple, toujours prct à en abufer ,, ni citer pour exemple uiie révolution qu'il vaut mieux couvrir du nom de vacance ; le terme de contrat original, fi on ne l'emploie avec nwQ extrême réferve , peut infpirer de funeftes fentimens ; &: l'obéidance ne peut être prcchée avec trop de zèle , lorfque la réfiftance eft foutenue par des apo- logies indifcretes ». Ces réflexions prudentes irritèrent le duc d'Argyle. 11 prétendit que le clergé dans tous P iij 34i Anne. les ficdes , avoit abandonné îes droits & les privilèges du peuple , avoit exalté la pnifTance des rois, afin de les gouverner plus facilement *, &C que c'étoit une raifon de ne pas fouf- frir qu'il fe mêlât des affaires poli- tiques. lei / • delaBoutlie. nance des 1 orys , parce qu il etoit trop fage pour imiter leur violence. Mais un événement tragique rétablie tout-à-coup fon crédit 5c fa réputa- tion. L'abbé de la Bourlie, françois, homme de condition , après avoir excité les fanatiques des Cevennes, s'étoit attaché au fervice de Hol- lande, puis au fervice d'Angleterre s 3 50 A N 1^ B< toujours inquiet, volage, méconfenf & fa6lieux. On lui avoit donné un régiment, & enfuite une penfion de retraite , qu'on ne payoit pas fore exactement. Ne fe croyant pas rccom- penfé à proportion de (ts mérites, il voulut traiter avec la cour de Ver- failles. On intercepta les lettres*, on l'arrêta ; on le conduiiit au confeii pour fubir l'interrogatoire. Tranf- porté de fureur, il demande à parler au fecrétaire d'état Saint- Jean , vrai- femblablement pour le poignarder. On lui refufe fa demande. Comme Saint- Jean étoit loin de lui, il fe jette fur Harley en s'écriant : Hé bitn y à toi ! il lui porte deux coups de canif, & reçoit aulîitot plufieurs blefTures , dont; il mourut quelque temps après. Les foupçons injurieux au miniftre s'évanouirent, dès qu'un ennemi de l'état eut attenté contre fa perfonne. Les deux chambres firent l'éloge de fa fidélité & de Ton zèle ; elles accu- ferent le papifme j &c la reine ordonna l'exécution des lois contre lespapiftes. Harley devint comte d'Oxford, grand tréforier j l'adminifiration paiïa tottt- çntiere entre fes mains. A N >r B. 55 î II fit créer une compagnie de coni- Ccmpasnî» merce de la mer du ftid , qui dévoie ^" ^^' payer les dettes de la marine , moyen- nant les fonds qu'on lui atlignoic. La nation fe flattoit vainement de pou- voir trafiquer fur la cote du Pérou ; ]e miniilere comptoir peut-être en obtenir la permilîion du roi d'Efpi- gne par le premier traire de paix : efpérance chimérique , fur laquelle étoit fondé rétablifTement de la nou- velle compagnie. Le comte d'Oxford vouloit mettre .J^/;°^* fin à la guerre. Ce dellein étoit d'au- lâ' p^47, tant plus raifonnable que l'empereur Jofeph étant mort , l'archiduc C!iar- les fon frère dévoie lui fuccéder. La politique ne permetroit plus d'établir fur le trône d'Efpagne un prince hé- ritier de la puifTance autrichienne. Cependant l'ivrefTe de la viôloire , la pallion des conquêtes échauffoient tellement le peuple , qu'on avoir be- foin d'adreiïe pour lui infpirer des fentimens pacifiques. Il falloir exciter fa haine &c fon mépris contre l'an- cien miniftere, auteur d'uae guerre aufli inutile que glorieufe. Les com- munes fécondèrent les vues fecrettes 55i Anne. On rend de la cour. Elles dirent dans une ffif* odieux J an- j^ontrance à la reine . qu'elles avoicnC cicn mimf- • / r j ui J 1"' teie. acquitte les dettes accablantes de 1 e- tac 3 qu'en remontant à la foarce de ces dettes , elles avoient découvert des fraudes , & un mauvais emploi de l'argent public ; que les pcrfonnes chargées de l'adminiftration, les an- nées précédentes ^ avoient omis plus de trente millions de livres ftetling dont ils dévoient rendre compte j que leurs pratiques pernicieufes avoienC ruiné l'Angleterre ; 5: que , fans ïa prudence de fa majefté , le mal feroit devenu irrémédiable. Enfin elles fup- pîierent la reine de donner fes ordres, pour faire incefiamment rendre les . comptes à ceux qu'elles accufoient. Cette remontrance publiée dans le royaume,iemua les efprits comme on le fouhâiioit. Les miniftres dépofés devinrent (i odieux, cju'on fe iiatta de faire approuver des mefures toutes contraires aux leurs. Marlbo- Cependant il y avoir encore des ifoii!?:h com- niénAgemens à garder avec la Hoi- « rarmée. lande Sc 1 Empire. Marlborough , après avoir perdu fon crédit , conferva le commandeaienc des croupes ^ ÔC Anne. 555 reparut nvec éclat fur le théâtre de fes victoires. Les lignes que le maré- chal de Viilars avoir tirées de Mon- treuil Jufqu'à Valenciennes , fem- bloient mettre la France à l'abri de toute infulce. Le général anglois , par une marche également adroite Se rapide , furprit les François , ik força les lignes. Enfuite il alîiégea Bou- chain , entreorife non moins hafar- deufe qui eut le mêinefucccs. Cette campagne ouvroit la France aux en- nemis. Le duc d'Argyle commanda l'ar- Charles VI mée d'Efpagne.^Onle lailîa manquer empereur. d'aro;ent , & il ne put rien faire de confldérable. L'archiduc partir de Bar- celone^ il fut élu empereur fous le nom de Charles VI. Les Anglois , fi jaloux de maintenir l'équilibre, au- roient agi contre eux-mêmes en s'ob- ftinant à laçuerre. A cette raifon palpable , le joignoit Prélimî- dans le cœur d'Anne un motif d'hu- ^l\[" ^ * manité, le plus digne d'émouvoir les princes , mais trop fouvent étouffe par une politique meurtrière & am- bitieufe : la défolacion _, la mifere , le fang répandu , tous les maux qui 3 54 Anne. fuivent les armes, excitoient la doii- jeur de cette princefTe. Si la France étoit réduite à un état pitoyable J' An- gleterre achetoit bien cher de vains Triomphes, dont elle no. recnei'ioit point de fruits. Elle l'acrifioit fes tré- fors Se fes citoyens pour une caufe inditîérente. La reine , en cherchant la paix, travailloit au bonheur de Ton royaume , autant qu'à celui de l'hu- inaniré. C'étoit le plus noble ouvrage ^ue pût faire un fouverain. Déjà un prêtre françois , nommé Gaultier , avoir été employé pour aflurer la cour de France des favorables difpofi rions de celle de Londres. Le pocte Prier ^ négociateur habile , ( car les talens littéraires deviennent fouvent , chez les Anglois, un titre de plus pour être admis aux places de confiance. ) Prior , dis-je, vint conférer à Fon- tainebleau avec les minillres de Louis XlV. lîrepafTaen Angleterre, accom- pagné de Ménager député de Rouen à la chambre du commerce, à qui l'on avoit donné pouvoir de traiter des préliminaires de la paix. Les pre- miers articles fureftt fîgnés après de longues conférences. Ils portoicnt la Anne* 555 (îcmolirion de Diinkerque : ils afifa^ roient une barrière à la Hollande ; ils ménageoient équirablement les intérêts des alliés. Cependant le mi- iiiftre de Charles VI , à qui on les communiqua , en fit publiet la tra- duction , pour échaufter les efprits & rompre des mefures Ci faluiaires. Il : reçut aullitôt défenfe de reparoître à la cour. L'empereur & les Etats- généraux , oppo,4f ;crt ne fupportant qu'une légère partie du " ^"'^^ poids de la guerre , dont ils retiroient le plus d'avantagesj firent des reprc- fentations à la reine contre iesjprojecs pacifiques. Elle vit avec indifférence les démarches de l'empereur j elle déclara aux Hollandois, par l'organe du comte de StrafFord, fon ambafTà- deur . que s'ils ne concouroient pas immédiatement aux préliminaires, tout délai de leur part feroit regardé comme un refus. Les Etats confen- rirent alors que les conférences fu(^ fent ouvertes à Urrecht , au com- mencement de l'année iuivante Mais scdss'^/h'^ la faction des W-'higs s'agitoit dans le royaume. Des pamphlets fatiriques attaquoient infolemment les vues du '55'» Anne. tniniftere. On craignoit mcme cîe ft'avoir pas la pluralité des voix dans la chambre-haute. Anne créa douze nouveaux pairs pour y faire pencher la balance de fon côté. *■" ■■'-i Tant que Maribofough auroit le 171Ï- commandement des troupes , i! fal- Marlbo— * . , , . '. tough privé loïc S attendre aux plus vives oppo- du comman- fîtions. On faific le moment de liû demerit. , , .,t- • enlever cet avantage. Les commillai- res , pour l'examen des comptes pu- blics, ayant vérifié qu'il avoir reçu annuellemenr une femme confidéra- ble des entrepreneurs du pain de l'ar* mée ; la reine déclara dans fon con- feil , qu'afin que l'on pût examiner impartialement cette affaire, elle ja- geoit convenable d'ôter au duc tous te prince ^^s em.plols. Sur ces entrefaites , ar- Ei.goia en ny^ \q prince Eugène, avec des inf- trudHons de l'empereur , qui ne poii- voient être du goût de la cour. Le* but de fon voyage étoit vraifembla- blement d'anin-jer les Whigs par fa préfence 6c par fes intrigues. Ce grand homme traita Marlborough , comme s'il eût encore joui de la fa- veur. Oxford lui donnant un jour à dîner , fe félicitoic d'avoir chsz lui le Angleterre. Anne. 357 premier capitaine de l'Europe: Si je le fuis , répondit le prince , c'eji à vous que je le dois. On ne pouvoiç mieux faire l'éloge de Marlborough , dont la difgrace étoit principalement l'ouvrage du comte d'Oxford. Quoi- qu'Eugene reçut en Angleterre tou3 les honneurs dus à fon rang & à for^ mérite , il ne réulîir pas dans hs pro» jets. Malgré les égards & l'amitié qu'il témoignoit pour le duc , le par- lement ne ménagea point celui-ci. U fut accufé de pcculat. La foif à^s ri- chefles avoit certainement fouillé la gloire de cet illuftre général ; mai^ il femble que fa gloire & {qs fervices auroient dû couvrir quelques repro- ches 5 dont il fe juftihoit . par des ordres obtenus de la cour. Ce procès ^ traîna en longueur \ Ôc la reine écouta moins la pallion que la prudence : un jugement contre Marlborough n'eût- il pas été une tache fur ce beau règne? De nouveaux bills, qui payèrent Aâtsd^ au parlement, méritent une atten- parlement, tion particulière. Le duc d'Hamilton, écoflois , demandoit à entrer dans la chambre-haute en qualité de duc de Brandon. U s'agilToic de décider Ci le^ ^5^5 Anne. pairs d'EcoflTe , créés pairs d'Angle- terre depuis le traité d'union , avoient dioic de féance au parlement. Quoi- qu'il y eût déjà un exemple favorable fiu duc , la négative l'emporta de cinq voix. Tous les feigneurs qui étoient d'un autre avis , protefterent contre i'ade j Se les pairs d'EcolTe fe plaignirent avec amertume. Le bill de la conjormud occa/îonnelle^ Ç\ long- temps combattu par les Whigs & delîré par l'églife anglicane , palTa en loi j mais plus modéré qu'il ne rétoit dans fon origine. Les com- munes annullerent l'acte de naturali- fation , qui communiquoit pour un fchelling les privilèges des Anglois aux protefrans étrangers, &qui avoit attiré un très-grand nombre de pau- vres, aufli à charge au royaume que \qs citoyens induftcieux lui font utiles. Lespresby. Elles portèrent un bill en faveur tériens peu dcs épifccpaux , toujours cxclus de la pe ag s. tolérance en Ecofle. Ce fut une cruelle mortification pour les presbytériens. On mit le comble à leur dépit, en ordonnant que les cours de judica- ture férialTent aux fêtes de Noël : J'obfervation de ces fctes étoit i Içur^ Anne. 55^ yeux un refte de papifme. » Piiifquç. » la chambre ï}& veut rien changer à » ce bill , dit un des membres , j'y >> acquiefce j mais je defire qu'on Tin- ïf titule : Biil pour établir U Jacobif' V me & la licence des mœurs » Voilà comme l'efpric de fbcle apprécie leç çhofes. Enfin les communes , aigries con- Onmomfie ' » .les HoUan- tie les Hollandois , aicaquerent le dois ; on fe traité conclu avec les Etats quelques P'^'?^*^j**l!r , ,11 penfes del# années auparavant , par lequel on leur guerre, garantilToit une barrière dans les Pays- bas. Elles repréfenterent à la reine, dans une remontrance étudiée , que la Hollande n'avoit point fourni fou contingent de troupes, 6i c^ue l'An- gleterre avoit fourni, au-delâdu fien," dix-neuf millions fterling pendant cette guerre. Les Etats ayant publié un mémoire pour leur juftificationj on le qualifia de libelle faux, fcan- daleux , injurieux à U chambre. De pareilles démarches ^nnonçoient une paix prochaine. Dix- neuf millions fterling ^ au-delà du contingent , pouc une guerre qui n'intérelloit point le royaume! C'eft ainfi que les états fa peinent pouc le malheur les uns ^%% 5^0 Anne. autres j fans même qu'il foït poffible de fe dédommagée par des vidoires & des conquêtes brillantes. Conférences Les confcreuces d'Utrecht com- d'Utrecht. mencerenc néanmoins fans apparence de fucccs. L'empereur ôc les Etats- généraux demeuroient opiniâtrement attachés à leurs prétentions ; ih vou- ioient forcer Louis XIV à foufcrire aux conditions les plas honteufes. jCe monarque vencit de perdre le dauphin fon fils unique , le duc de Bourgogne fon petit-tiis , le duc de Bretagne , fils aîné du duc de Bour- gogne. Pour comble de malheur , le duc d'Anjou , ( aujourd'hui régnant ) étoit menacé d'une mort prochaine. Le roi d'Efpagne pouvoir hériter de la couronne de France. II falloir qu'il renonçât à fes droits fur cette cou- rcMine, pour que la reine Anne con- clue le traité , dont les articles étoienc fecrétement réglés entre les deux cours. L'expérience apprenoic à fe défier de renonciations fi incertaines j mais on efpéroit qu'en cas debefoin, elles feroient foutenues par les puif- fances intérelTées à l'équilibre de l'Ei;- ;tope, Philipe V accorda ce qu'exi- geoil A 1^ N E. 1^1 ^eolt de lui lanécefïité. Anne con- vint d'une fufpenfion d'armes; elle envoya ordre au duc d'Ormond , fon général en Flandre , de finir les hoftilités qui duroient encore ; elle " communiqua au parlement le plan du traité de paix; & malgré les efforts de Marlborough & de Godolpliin , ]es deux chambres l'adurerent de leur approbation pleine de reconnoif- fance. Eugène preflbit le fiege du Quefnoi, L sAraioîa quand le duc d'Ormond abandonna ?'^'"„.7'^^°'^ j II-' n r I ' X lesaUicf. Ses allies. Freique tous les étrangers a la folie de l'Angleterre refuferent de le fuivre ; tant ils fe flattoient de nou- veaux triomphes. Louis livra Dun- kerque aux Anglois pour fureté de fes engagemens ; & attendit avec in- quiétude les événemens d'une cam- pagne critique. Eugène prend le Quef- noni , & allîege Landreci ; des détache- mens ennemis ravagent la Champa- gne ; le royaume eft confterné. Mais il ne faut qu'un moment pour dé- truire l'ouvrage de la fortune. Les lignes du Prince Eugène étoient , dit-on, trop étendues; & les diffé- rens poftes , par conféquenr , trop fé- ' Tome ni. Q ■e ^61 An n h. parés pour fe foutenir mutuellement. Une attaque brufque bien concer- tée fit le falut de la France. Villars force les retranchemens du général d'Albemarle , campé à Denain , fans que le prince puilfe y porter du fe- çours ; il fe rend maître de Mar- f.hiennes , le dépôt des magafins de Tv^nnemi j il délivre Landreci ; re- prend Douai , le Quefnoi , Bouchain , hc acquiert en une campagne la fupé- riorii'é fur ce vainqueur enflé de tanc defucccs. 171 3j» Telle •croit cependant la fureur des tïuhu ^'^* ^'^^'-'s contre la maifon de France , qu'ils réfolurent de poulTerla guerre avec obftination. Mais la plupart fentirent que fans l'Angleterre leurs efforts ferojent inutiles. D'ailleurs Anne n'avoir rien négligé pour leur avantage ; ils ne pouvoient refufer la paix que par uneodieufe ambition. ;Elle Tut enfin conclue à Utrechr. Louis XI V^ reconnut le titre de la reine , abandonna le prétendant ; ga- rantit l'ordre de fucceffion en faveur de la maifon de Hannover ; céda ]a baie de Hudfon , l'île de Terre neu- yp & l'Acadie ^ s'obligea de rafer leç Anne. '^^^ fortifications de Dunkerane : grande partie de feî quêtes duri lei> C-uys -. - vir de barrière aux Hollandoi à'diie, qu'ils y nuroicris g.iriuloti, quoique la propriété demeurac A U maifon d'Autriche:' le duc de Savoie devoir avoir la Sicile : on cédoit a l'empereur Naples , Milan, la Sar- daigne , la Flandre elpagnole : on iaifîbit Gibraltar & l'île de xMinorque aux Anglois , avec des droits ccnd- dérables pour le commerce d'Améri- que : i'Eipagne Se fes poGTelfions dans le nouveau monde demeureient a Philippe V: on ftipuloic les intérêts du roi de Portugal & des autres confédérés. Charles VI refufa d'acquiefcer à Traite as ces conditions, Se ne tarda guère à ^^^^a-^* s'en repentir. Le maréchal de Viîlars paflTa vers le Rhin, prit Landau Se Fri- bourg, défit une armée allemande. Alors l'empereur defira la paix , Se la fit en 1714 par le traité de Raftadt, moins avantageux pour lui que n'eue été celui d'IXtrecht. 11 auroit eu Lan- dau, peut-être même Strasbourg, s'il avoic fu finir la guerre à propos. 'f^i A N M f ; îi ne reconnut point le roi cî'Efp^* gne j qai de fon côté refufa aulH de le reconnoître. Le traité d'Utrechc n'en fut pas moins efficace. 'Anne blâ- Le calme rendu à tant de peuples, «iée en An- ^^g avantages fi précieux affurés à ^' 1 Angleterre , lumloient pour immor-- lalifer la reine Anne. Mais refprif de fadion, qui ne voit les objets que fous de faulfes couleurs , fe plaît â noircir ce que la fageffè doit admirer. Les Whigs déclamèrent injurieufe- ment contre la paix. Selon eux , le traité d'Utrechc étoit Popprobre ôc la ruine de la nation. Leurs invedives, leurs libelles n epargnoient perfonne j & la reine, après le plus grand ferr vice qu'elle pût rendre à l'humanité , fe voyoit en butte aux reproches de fes propres fujets*. jLegEcofTo's Une conteftation dangereufe éler jl^iiQsiieas, vée dans le parlement augmenta (es inquiétudes. On avoir mis un impôt * Peut-être , dit madame Biooke , l'in- térêt de C humanité demcndoit-il qu'on mî( de plus fortes entraves à l'ambluon de la Ffànce. J'avoue que je ne conçoi pas cette jpi u jque j furcout après la guerre de 1 7 ; 5 , À N N 1.' ^é^ fur la dreche, éc ï'Ecoffe n'en écoit pas exempte , quoique les membres écolTois euflènc infifté vivement fiir la pauvreté de leur pays. Ce fardeaii leur parut fi infupportable , qu'ils propoferènt dans la chambre-haute de dilToudre l'union. Les débats fu- rent très-vifs à ce fnjet. Les Whigs Cq déclarèrent contre le traité d^unioA , qu'ils avoient foutenu autrefois avec thaleur. Les Torys le foutinrent auflï fortement qu'ils i'avoient autrefois attaqué. Peu importe aux hommes de parti d'être en coritradiélion avec eux-mêmes , pourvu qu'ils l'empor* tent fur leurs adverfaires. La pliïra^ îité fut pour les Torys ; Kunion fub- filla , ôc les Ecoffois furent fournis a l'impôr. Plus la reine, dont îa faaré s'af^ .Z^^"^* roiDluIoit de jour en jour, avoir be- des Whigs, foin de tranquillité , & avoir lieu d'en attendre , plus l'aigreur des factions lui procura de nouveaux chagrins. On fema le bruit qu'elle penfoit i mettre le prétendant fur le trône ; que la fuccefliion établie pour la maifoa de Hannover étoit en danger ; que Soutes les vues du miaiftere tendoienî 3<5^ Anne, à décruire le fyftème national. Les Whigs prennent feu far ces malignes conjedures, lis renouvellent leurs cla- meurs dans un nouveau parlementa Excès contre Le prétendant , renvoyé par Louis leprécendant XIV, s'étoit retiré en Lorraine. On veut l'arracher de cet afyle; on veut que fa tête foit mife à prix. La cham- bre des pairs délibère de préfencer une adreîTe pour cet objet. Quelques membres fe récrient contre une il grande inhumanité; ils infiftent fur Iqs droits de la nature !k àe la reli- gion j fur la douceur des lois d'An- gleterre. Leurs repréfentations n'a- boutirent qu'à obtenir quelque adou- eilTement : car la récompenfe devoïc être promife a quiconque fe fiiiîrois du prince , en cas qu'il entreprît de defcendre dans le royaume. La fa^efle de La reine , en recevant VadreJJe des la reine n'ob- pairs, leur dit avec une fage modè- lent nen. * • 1 • j' rr • ration , que le vrai moyen d attermic la fucceiïion proteftante , &: de foute- nir le gouvernement aâruel, étoit de bannir les craintes & les jaloufies fri- voles qu'on répandoit artificieufe- ment par tout; qu'elle ne voyoit au- cune raifon d'en venir à de celles. Anne. ^6y extrémités , & qu elle donneroit Çqs ordres quand elle le jugeroic convena- ble. La princeiïe Sophie fon héritière- étant morte , & les Jacobites a.yanc remué , les factieux donnèrent de nouveau l'alarme. Anne publia enfin la proclamation qu'ils deliroient con- tre fon frère. Elle prorogea enfuite le parlement, non fans témoigner com- bien elle étoit fenfîble aux divi.Gons qui en troubloient l'harmonie. Ses chagrins furent envenimés par Brou;ii;.-;e des cabales de cour. Le fecrétaire l"'--'»",'.^ ^^ d'état Saint-Jean , devenu lord Bo- brokc 1-ingbroke , s'étoit infmué dans les bonnes grâces de la favorite , 6c avoir miné fourdement le crédit du comte d'Oxford. Ces deux miniftres fe- brouillèrent avec éclat. Oxford écri- vit à la reine contre un rival , qu'il dépeignoit comme un caradere tur- bulent àc d?.ngereux. Bolingbroke fe défendit , en accufant le tréforier de correfpondances fafpedes avec Marl- borough , qui étoit forti du royaume ; & avec le prince de Hannover , qur àvoit envie d'y entrer malgré la rei- ne. Anne fut témoin d'une difpute violente 3 dans laquelle Oxford perdi?- Qiv' 26S A N N- 1. le rerpe<^, & s'échappa en menacer contre fes ennemis. Elle le dépouilla fur-le-chan^p de fes emplois. Mort de L'agiratioHj l'inquiétude la condui- la reine, firent au tombeau. Elle mourut dans la cinquantième année de fon âge , & la treizième de fon règne. Peu de fouverains ont mérité plus d'éloges que cette princeiTe. Sans avoir ni ds grands talens , ni un efprit bien cul- tivé j ni affez de vigueur dans l'ame pour ne pas laiiïer trop d'afcendanc aux favoris j elle fe diftineua par les qualités du coeur, une pieté fîncere, une vertu confiante , une tendre af- fedion pour fes fujets , une douceur inaltérable dans le gouvernement comme dans le commerce familier. ' On l'appeloit la bonne reine Anne , titre plus glorieux que les victoires qui ont rendu fon règne fî célèbre. ' Marlborough fit trembler la France, j lisais elle pacifia l'Europe. i^9 Uni I , SSBSy GEORGES 1. ss JLiEs Jacobites s'étoient vainement L^éLtieur flattés que \qs droits du lang prévau- Je Hannove» droienc , en faveur du fils de Jacques '^"«>^""*'****^ 11 , fur les motifs qui avoienc fait exclure ce monarque & fa poftérité de la couronne d'Angleterre. Soit que la reine Anne eût formé, ou non , lé projet de changer l'ordre de fuccef- Honbétabli par le parlemeJit j. les coÊt- jondures ne lui avoient pas permis de rien entreprendre poui un frère malheureux. Sa- mort déconcertoic les Torys j Bolingbroke , un de leurS' principaux chefs » reftoit fans pou- voir ; & Ion génie , plus brillant que folide 5 n'étoit point fait pour gou- verner la nation. Tout fe fournit à un étranger. Georges de Brunfwick, cledeur de Hannover , fils de la prin-* CQ^Q Sophie , petite fille de Jacques î^ fut proclamé fans la moindre oppo- fîtion. C'étoitu4î prince de cinquanre- quatre ans , d'un efpric vafle y d'un^ îéputation bien établie , joignant ler ^ ^7© Georges I. mérite milicaire aux qualités poli- tiques j & qui avoir pour maxime de n'abandonner jamais /es amis ^ de rendre jujlice à tout le monde , & de ne craindre perfonne. Le parlement alTemblé en fon abfence lui accorda le même revenu dont avoir joui la reine Anne. Au lieu de cinq mille livres fterling , promifes fous le der- nier règne , on en promit cent mille à quiconque arrêteroit le prétendant, en cas qu'il voulût defcendre dans le. royaume. Le temps avoit fortifié la haine contre les Stuarts. Leur religi^ faifoit oublier ce que Ton. devdjt à, leur perfonne. Gîorgesfe Georges fe hâta d'arriver en An- 1m wlig?."^ gleterre. Un prince jufqu'alors eftimé par fa prudence, paroilToit capable: d*éteindre l'ardeur des fadions , ou de la tourner vers le bien pu- blic. 11 en feroit peut - être venu à boiit, s'il avoit tenu la balance égale entre les partis, & qu'il eût tâché de les réunir en les ménageant. Soit qu'il jugeât la chofe impollible dans une nation turbulente, foit c]ue les préjugés contre les Torys l'entraînaf- îenc au-delà des juftes bornes y il à: cour. Georges I. 371 âonna toute fa confiance à leurs acèil verfaires , comme plus dévoués au nouveau gouvernement. Bolin^broke Révoiucioo'. perdit fa place de mmiitre ; le com- mandement des troupes fut ôré au duc d'Ormond,& rendu à Marlbo- rough j la révolution ( car c'en éroit une pour les Angiois ) s'étendit aux autres emplois de faveur ; enfin les Whigs triomphèrent avec d'autant plus d'infolence, qu'ils étoient tom- bés d^ns une plus profonde difgrace. Ces commencemens ne pouvoient peuple 5 dit- il, feront les princi- j> paux foins^ de ma vie. Je regarderai 35 comme mes meilleurs amis ceux 35 qui m'aideront à fuivre ces me- » fures ; & je ne doute point que je ïj ne me trouve en état , avec votre s5 fecours , derenverfer les projets de » ceux qui voudroient m'enlever le »» bien que j'eftime le plus-, l'affec- Revenu Je » tion de mon peuple ». Les commu- nes fixèrent la lifie civile ou le revenu- laiouronne, G f O R G E s T. 575: de la couronne à fepc cent mille livres fterling , outre les dépenfes extraordinaires. Quelques merAbres eurent le cou- Patriotes; rage de parler en patnores. Un pro- pofa d'examiner la proclamation du roi. Le chevalier Ayindham déclara qu'elle étoic infoutenable , fans exem- ple ,& d'une conféquence dangereufe' pour la coiifticution mcme du parle- ment. A la tour ! à la tour ! s'é- cria-ton auflitôc. Il eut ordre de for- tir \ cent vingt-neuf membres l'ac- coropagnerent. Les autres convinrent qu'il feroit réprimandé par l'orateur, comme ayant abufé indignement de la liberté de la parole On l'auroit comblé d'éloges (ous les Sruarrs. La faction dominante vouloir écra- AccufatiCTa fer fes adverfaires par une veu'^eance Ç?""e'e;an- d'éclat. Un comité lecret rut charge ues. de rendre compte des dernicies né- gociations ; & fur fon rapport, on pourfuivit cruellement les anciens minières. Le fameux Robert W^al- Robtre pôle , préfident de ce comité , hom- ^'v'aipo^e. me habile , qui avoit toute la con- fiance du roi , a.xufe de haute-traîii- &n Bolingbroke retiré en France,;. 3^(? (5 E O R G£ s t. l'auteur du traité particulier conclu avec Louis XIV. Le lord ConiligsSy fe levé auffitôt , &c dit : " Le digne si préfident a accufé la maiïi , &z moi « j'accufe la tece j il a accufé le clerc , »> & moi j'accuie le jugé ; il a accufê » l'écolier, & moi le maître : j'accufs ?» Robert Harley , comte d'Oxford , « de haute-trahifon, d'autres crimes jî &; d'infignes malverfations ». Le frère d'Oxford prend la parole pour le défendre. Ilrepréfente que ce mi- niftre n'a rien fait que par l'ordre de là reine; que la paix d'Utrecht eft âvantageufe ; que deux parlemens l'ont approuvée comme telle,- Ces raifons ne défarment point les com- Procès 'lu tnunes. On porte Taccuiàtion à là comte d'Ox- chambre-haute. Le comre, après ^ avoir protefte de ion innocence , Se obfervé que fi ({es miniftres d'étatlj, qui exécutoient les ordres du fou- verain , étoient refponfables de leut conduite , tous les membres de li chambre pouvoient un jour être ex'- pofés aux mêmes recherches: «Mi- « lord , ajouta t-ilj je vais prendre » congé de vous , peut - être pour » toujours. Je donnerai mar vie avec Georges I, 577 ii joie , pour une caufe que favorifoic j> ma chère mairrelfe , notre dernière 35 reine. Quanti je confidere que je »» dois être jugé par h juftice, l'hon- » neur 8c la vertu de nos pairs , fac- » quiefce volontiers à ce jugemenr. )> La volonté de Dieu foit faite ». 0n le conduifit a la tour , quoique dangereufement malade de la gra»- velie. Le peuple l'acccniipigna en foule, inve lois fondamentales du royaume , »ï difoient-ik , exigent de fréquéns M parlemens ; ils font établis par l'u- sa fage de plulîeurs fiecles , ils inté- » refleni la liberté & la gloire des y> citoyens : quelle confiance les étran- 9> gers pourront-ils avoir en une na- » tion , qui auroit facrifîé lâchement «j fes droits les plus précieux? Les » dépenfes des éleârions , les cabales » qu'elles occafionnent , loin de dimi- » nuer par ce nouveau & dangereux M fyftême , n'augmenteront-elles pas » avec l'intérêt qu'auront les particu- » liers à briguer les places d'un long » parlement ? le minijEbere n'aura-t'il Georges 1. 585' «pas & plus de motifs &c plus de » moyens d'en corrompre les mem- M bres ? & le parlement: ne pourra- is» t-il pas afpirer lui-même à fe ren- ;!' dre perpétuel, après avoir prolongé « fa durée; ce quianéantiroit lespri- » vileges du peuple & la conftitution ,j» de l'état » ? Des argumens fi plaufibles furent " Le parle- trop foibles contre l'influence de la ^'^"'^ ^^^ * r^ JT ^' u a: • fept ans. cour. (Jn diiputa^. on s ecnaurra j mais les deux chambres poiTerent le bill, qui fixoit la durée du parlement à fepc atDiées ; & Georges triom plia en quel- que manière du peuple dont il auroic dû fe faire aimer. La complaifance du parlement lui "Charles Xîï tint lieu , autant qu'il étoit poflîble j ^^"^ ^^^''°' de raffe(5tion de (es fujets. Comme {es affaires l'appeloient en Allema- gne , on annulla une claufe de l'aéle de limitation j qui lui ôtoit la liberté de s'éloigner du royaume. 11 avoir acquis , comme éleâ:eur de Hannover, les duchés de Bremen Se de Werden, dont le roi de Suéde, Charles XII , avoir été dépouillé par (es ennemis. Ce jeune héros aufli brave & plus vertueux qu'Alexandre , mais donc •384 George? L la paillon pour la guerre coûta tant de larmes à l'humanicé , étant forti de fa captivité de Bender , refpiroic la vengeance , & brûioic de réparer fes mallieurs. Irrixé contre le roi d'An- gleterre , il réfolut de le détrôner, de faire une invafion en faveur du prérendant. Celui qui avoir mis Sta- îiiflas Leczinski à la place d'Augufte roi de Pologne , pouvoir efpérer de rétablir la maifon de Stuart , fur le rrône qui lui apparrenoit par fa naif^ fance Le baron de Gôrtz , génie en- treprenant , miniftre abfolu de Char^ les , dirigeoit route l'entreprife. Il négocioir la paix avec le czar, pour accabler les autres ennemis de la Sue* de; il agiffait de concert avec le car- dinal Albéroni, miniftre d'Efpagne; il alla intriguer lui-même en Hollan- de , tandis que le comte de Gillen- burgh , ambaïïadeur en Angleterre , confpiroit fourdement à Londres. Les mefures étoient bien prifes; les diffi- cultés fembloients'applanir; une mul- titude infinie de méconcens defiroient la révolution , difpofés à y concourir avec ardeur. Quoique Georges fe fût mis à .couvert par une confédération avec Georges I. 5S5 avec k couc de France & les Erats- généraux', le danger ctoir imminent fi le fecrer eût éré impénétrable. Liformé de ces intrigues , le roi 17 17. fe hâte de quitter Hannover , (^' de Lcroi nga- \ T 1 II r • A S^ l'Angle- retourner a Londres. Il rait arrêter terre dans les Je comte de Gyllenburgh ; le baron ^^"'■'." , ''" de Gortz elt aulii arrête en Hollande. On trouve dans leurs papiers des preuves certaines du complot j on les met fous les yeux du parlement, Georges demande un fubfîde extraor- dinaire , pour garantir (es royaumes du péril dont la Suéde le menace. Quelques membres fe Eectienc con- tre une telle propofition , foutenant qu'elle ne s'accorde point avec les ufages parlementaires , 'que de nou- velles alliances feroient inutiles, & qu'on ne doit pas les acheter à prix d'argent. Après de vifs débats Se des plaintes ameres contre les miniftres , le fubfide eft accordé. Ainfi l'Angle- terre fe trouva engagée dans les affai- res du continent , parce que la mai- fon régnante polTédoit des états en Allemagne. Inconvénient qui a en- traîné plus d'une fois des fuites fâ- cheufes , furtout en donnant au roi Tome m R 3^*^ Georges I. une armée, que la nacion ne peut voîç qu avec inquiétude. Oxford dé- Le comte d'Oxford languidoit de* ct-.argé de puis deux ans à la tour. il ptohta d'uHC ^ attulan.cn [ -m • t ■ • ,i brouiUene entre les mmiltres , pour demander un jugement. Les deux chambres eurent de violentes concef- tations fur la manière dont il falloit^ y procéder. Celle des feigneursfoutint que c'étoit à elle de régler les procé- dures, comme de prononcer la fen- tence ; ôc l'emporta fur roppofition des communes. Les accufateurs ayant été requis de comparoître, &îie s'é- tant point préfentés, Oxford fut ren- voyé abfous. Mais la chambre- bafle, aniniée par le relTenrimenr , le fit ex- cepter ,, ainfi que Piior &c quelque^ autres , de l'ade de pardon que le roi. accorda tnB.n. Trop de fcvérité avoic précédé cet aéle ^ pour qu'il efuiçât les impre (lions de la rigueur. LJne fage clémence fiiic pardonnera propos, & follicite au repentir. On reprochoit a , Georges de n'avoir pas imité en cela Ces prédccedears. Mer- >îc Un événement imprévu le délivra Enircp.-ifedc ^^ toute inquiétude du cote de la la coût dtr- Sued?. Charles Xil* qui étoit fut le Georges I. 587 point Je s'unir avec le czar Pierre le Grand , fut tué au fiege de Fridérichs- hall en Norwege^ Ôc les états qu'on lui avoic enlevés demeurèrent entre les mains des ponrelfeurs. Georges n'a.voit pas encore reçu l'inveftiture des duchés de Bremen & de Werden. C'étoit pour lui une raifon de ména- ger l'empereur Charles VI , & de le Soutenir contre l'Efpagne. Tandis que Charles faifoit la guerre aux Turcs ^ comme allié des Vénitiens , guerre jfaaieufe par les victoires du prince Eugwie ; Philippe V s'empara de la - -Sardaigne , (bus des prétextes plus fpé- cieux que folides. Le cardinal Albé- roni fon miniftre , dont les projets ambitieux tendoienr au renverfemenc de l'ordre établi par la paix d'U- irechr , attira fur la monarchie efpa- gnole un orage ,que la prudence fem- bloic devoir éviter. L'empereur , la Qua^iru^ie France, l'Angleterre 6c la Hollande a^i'»'*-'^» conclurent un traité célèbre , pour maintenir la tranquillité de l'Europe. Cette quadruple alliance rég'oit le partage de quelques états.- Philippe en fut mécontent ; on fe prépara bkurçc à la guerre. Rij iîS Georges I. taioîmar- Le parlement fixa le nombre de» tiâic rétablie troupes à feize mille hommes , &c pafla un bill pour punir la mutinerie ik la défertion. En rirabliflanc !a loi martiale , on enlevoit au rxîagiftrac civil la connoilTance des crimes que commettroient les foldr^rs ou les offi- ciers de l'armée. Un acte fi contraire au génie anglois prouve l'altération aes principes, mais il paroîc convenir au génie de la difcipline militaire. '- ^_jg — Le but de la quadruple alliance L'am'iral çtoit d'obligct le roi d'Efpagne à faire r<:ng bar les j^ p^àx avec l'c.Tipereur , à qui le duc de Savoie devoir céder la Sicile en échange pour la Sardaigne. Ce traité , trop avantageux à la maifon d'Autri- che , dont il augmentoit le pouvoir en ItaHe , fut rejeté par la cour d'Ef- pagne. Georges , pour foutenir fa médiation avec la force des armes , fit partir une flotte de vingt vaifTeaux de ligne, fous le commandement de l'amiral Bing. Les Efpagnols fai- foient des conquêtes en Sicile. Déjà maîtres de Palerme & de Mefline, ils pouvoienc le devenir prompteraent île rîle entière. L'amiral anglois at- jtanua leur flotte plus nombreijfe nuf Georges I. ^ ^S^ la tienne , 8c la détruifit prefque fans etforc. La guerre n'étoit pas encore déclarée. On réclama en Efpagne le Laguerra droit des gens , violé par cette action. ,.c''.''*!^L* Quelques membres du parler, ont, Walpole en particulier qui l'éroit plus en faveur , la blâmere iC avec chaleur. On fe plaignit hautement du tort que faifoit au coriin. '-roe une tupuire il itréguliere , fi irécipitée. Les plaintes eurent peu d'effet. L-e parlement docile aux impreflions de la cour , approuva tout ce qu'elle voulut , &c h guerre fut déclarée à l'Efpagne. Peu de temps après , le duc d'Or- Projets «îu 1 / 1 ' • 1 ^ ^ ' cardinal AU ieans découvrit un complot trame tâoni, par Albéroni contre fa perfonne. Cet audacieux miniftre ne fe propofuic rien moins que de bouleverfer legou- vernement de France: il vouloit mal- gré la renonciation de Philippe V , lui procurer la régence de ce royau- me ; & l'on confpiroit pour enlever le régent , héritier préf^mptif de Louis XV. La découverte de l'intri- gue amena une déclaration de guefre. La France qui avoit prodigué fort jQwig & fes tréfors pour Philippe , ik R iij 1719' l<)o Georges 1. trouva tout-à-coup fon ennemie, tant la politique rompt aifément les liens de ^a nature. Albéroni , tou- jours plus ardent à mefure qu'il ren-, controit plusd'obftacles, projette une invafion en faveur du prétendant. 11 le fait venir d'Italie , concerte avec lui , & prciTe l'exécution de l'eiître- prife. Dix vailTèaux de guerre j & quan- les £fpî- tité de bâtiniens de tranfport fe mec- fRois e- jgj^j g,, j^^çj. ^^^^5 jgg orclres du duc chouenc ' . . partour. d Ormond , impatient de tirer ven- creance de fa dif^^race. Mais Georo;'es avoit la fortune favorable. Une tem- pête difiipe cerre flotte ; trois ceius Efpagnols , defcendusen Ecollejfonc forcés d€ fe reiidre prifonniers \ tou- tes les efpcrances du prétendant s'é- vanouiiïent. Bientôt le comte de Merci, général de l'empereur , fou- tenu par l'amiral Bing , foumet une partie de la Sicile. Le roi d'Efpagne , lie pouvant réfifter à tant d'ennemis , accède enfin à la quadruple alliance , & renvoie fon miniftre , dont la té- mérité l'avoit engagé dans cette guer- re. Si toutes les guerres étoient aufli courtes , elles afïligeroient l'huma- Georges I, 391 liite , fans la réduire rai dcferpoir. n main t.uij Un autre fléau, né de l'infaciable 1710, avarice , mit l'Andererre en combuf- hj^-^- '■- ',"=>,, tal Jclacoiii» non. Les dettes nationales moû- pagniediuua toient a plus de quatorze millions dé livres llerling. On cherchoic le moyen de les acquitter. La banque d'une part ; de l'autre , la compagnie de la mer du fad firent des offres pour cet objet. Celles de la compagnie pa- roiflant plus avantageufes j furent acceptées j & le chevalier Blunt, au- teur du fyftème qu'on adoptoic , fe livra tout entier aux foins de l'exé- cution. Le fyftême de Law j qui avoit une bafe plus folide , venoic de bou- leverfer la France. Mais la pafîioii effrénée des richedes eiï trop aveugle pour profiter de l'expérience qu'elle a fous les yeux. Le defir Se refpéran» ce d'une fortune confidérable attirè- rent dans le piège une inhnité de malheureux , dupes de l'artifice & de l'intérêt. Les directeurs de la com- Fureurdî pagnie , leurs partifans mercenaires, ^'^s^^'^ë^'i ayant infatué le public par des chi- mères attrayantes ; les adions mon- tèrent rapidement , de cent jufqu'à mille livres. La manie de V^2}o:2z^ Riy 592- Georges 1. s'empara de toiues les têtes, abforba toutes les idées, Wliigs , Torys ^ Ja- cobites , noblefle, clergé, médecins, jurifconfultes, marchands, les fem- mes ainfi que les hommes , tout pa- rut animé du même efprit. Chacun donnoit fon argent pour du papier , chacun croyoit s'enrichir en fe dé- pouillant. Ce preftige ne fut pas d-^ ••évanouit, ionguc diuee. On vu que le commer- ce du fud, fondement ruineux d'une li énorme entreprife , ne pouvoir ré- pondre aux vœux de la cupidité. Les adtions baitrerepr tout-à-coup prodi- gieufement. Plulieurs projets, entan- tes par une induOrrie avare 5c frauda- leufe , fureiît totalement décriés. L'argent difparut, les payemens ccf- fer«nt, le crédit public fe diflipaj des familles fans nombre fe virent plongées dans l'indigence , & les cris du défefpoir fuccéderent à l'ivrelle d'une joie frivole 6c infenfée. Georges, qui étoit alors en Aile- 4h«it"du cié^ magne, fe hâta de venir remédier au ditpiibJic. défordre. 11 invira le parlement à s'occuper d'une affaire fi importante. Les deux chambres firent éclater le même zèle , quoiqu'il y eût parmi Georges I. 395 îeurs membres des âmes corrompues^ Jatéreiries à tant d'infâmes manœu- vres. On examine les coupables ; on confifque les biens des directeurs de la compagnie , en leur laifTant quelque chofe pour leur fubfiftance j on in- demniie les créanciers , autant que hs conjon6tures le permertenc; on rétablit enfin le crédit public , donc la ruine entraînoit celle du royaume. Le parlement ne pouvoir rendre un plus grand fervice à la nation. Wal- pole contribua beaucoup au fuccès par fon génie & fon travail. 11 rentra dès- lors en faveur , Se fut fait pre- mier commilTaire de la tréforene, C'eft un des grands avantages de l'Angleterre , que la cour trouve le fien à favorifer le mérite. ^ Quoique les difputes de religion lyir. fuîTent prefqu éteintes avec le fana- .Af-^IT?* "*' tiime , quelques artaires ecclelialti- ques occafionnerent des débats dans le parlement. En 1 7 1 8 , il avoir palîé Mn bill pour annuler des aéles reve- rses contre les non-coiiformiftes. L'é- vèque de Bangor avoir fourenu à ce fujer , que de pareils actes étoienç? ^ lois deperféctttlortj ôc que fi l'o» 3 54 Georges !. admertoic en n-ianere cccléhafliqirç les principes de rintolérance , tour-js les perrécutions des païens , & même l'inquiluion papille, poavoieni: être juftifiées. Cependant le progrès de l'impiété ôc de la licence réveilla le 2ele de ceux qu: penchoient pour la rigueur. Un luxe rnonftrueux, d'hor- ribles débauches , un mépris affedé pour la religion & les mœurs , éroiene les fruits du fyfcèir.e, qui avoir fubfti- tué l'or ôc l'argent aux objets les plus dignes de Thomme. L^athéifme le- voit le tïon:. Dieu étant méprifé ou méconnu , il ne relVoic ni frein , ni règle, ni principes à tant d'ames cor- B.î! conrre roiiipues. En conféquence dts repré- * j^-^^''!'.^^^ fentations d'un pair fur ces maux , on "^' ' drelTa un bill contre le bl&fpb.ême Se la profanation , dans lequel fe trou» voient plulleurs articles peu confor- ines d la liberté , accordée préccdenv- ment aux non-conformiftes. Ce fntiio morif d'attaquer le bill. La difpure s'échauffa , ôc ht naître des propos très-fingaliers. Débat» à Un évcquc ayant repréfenté les ee fiijet. derniers malheurs , comme une fuite des vices domiuans j le lord Onilow Georges Î* 39^ tépondic avec dérifion , que ce prélat dévoie être un grand pécheur , puif- qu'il avoir rant perdu au projet de la mer du fud. Le duc de Wharcon , célèbre par fon libertinage , d!ît qu'il faifiiroit volontiers l'occafion de didi- per la calomnie , en déclarant qu'il lî'étoit point le partifan du blafphe- me , ni l'ennemi de la religion^ mais que cependant il ne pouvoit approu- ver ce bill , parce qu'il le jugeoit contraire à l'écriture. Auffitôt il tira une bible de fa poche , &c lut divers palTages dont il conclut que le bill devoit être rejeté. L'opinion du comrs de Pérerborough eut quelque chofe de plus bizarre. Il déclara qu'il voti- loit bien un roi parlementaire , mais non un Dieu ni une religion de la main du parlement ; que fi la cham- ■bre le gênoit à cet égard , il iroit à Rome , & tâcheroit d'avoir un cha- peau de cardinal j aimant mieux trai- ter de pareilles affaires dans le con- clave , qu'au milieu des pairs d'An- gleterre. L'oppofition fut (î violente le bill que le bill ne pafla point. Georges '^^'"''• avoir plus à cœur defe faire donner des fubfides , 6^ il en obtint un pour R vj j^6 Georges I. remplir fes engagemens avec la Sui- de j engagemens où la nation étoit peu intérelfée. Maître de la chambre^ bafTe j il la faifoit fervir à tous fes defTeins» lyij.. L'amour de la liberté ne laifToit Libercé mal pas d'aller quelquefois j ufqu'à rex<:ès. entendue. p^^^ ^^ garantir de la pefte qui défo- loit la Provence , on avoir ordonné de bâtir des lazarets , & de faire des- lignes autour des lieux où la conta- gion auroit pénétré. Quelqu'un re- préfenta qu'enfermer des citoyens dans un hôpital par ordre du gouvef- nement, & tirer des lignes autour d'une place infedée , étoient des prar- tiques intonnues dans la conftitution angleife ; incompatibles avec ladoii- ceur d'un gouvernement libre j odieur fes même , ence qu'elles étoient imir tées du gouvernement arbitraire dô France. Ces raifons , quoique réfu- tées avec force , firent .retram her de l'aéle parlementaire ce qui donnoic ,de l'pmbrage. Un fantôme de liberté remporta fur la fureté publique. La vraie libes|g»peutelleexclure l'unique moyen de'*Vnettre un pays à couvert jde la contagion B GlORGES I. J5)7 Les Quakers occadonnerent aulïi Bill en- quelques difputes dans le parlement. Quak^K,^* Ils avoient obtenu fous le roi Guil- laume , que leur affirmation folen- nelle tînt lieu de ferment en jufticej car roue ferment répugnoit à leurs maximes,& leur réputation de probité étoit fi bien établie , qu'ils pouvoient être crus fur leur parole. Extrêmement fcrupuleux en tait de formules , ils demandèrent encore qu'on retranchât ces mots de leur affirmation j uridique, en préfence du Dieu tout-puijjanr. î^es communes donnèrent un bill en conféquence de leur requête. L'arche- vêque d'York, quelques autres pairs fe déclarèrent contre le bill j le clergé de Londres préfenta uiie pétition pour fe plaindre d'une condelcendance fi fîn- guliere, en faveur degensqui ctoienc à peine chrétiens. Mais le miniftere traitacetrepétitiondelibelleféditieux, &c le plus grand nombre la rejeta. II eft trifte que l'exemple des Quakers faffe la cenfure des chrétiens, & qu'il faille exiger des fermens qui ne fer- vent guère qu'à multiplier le-parjure.*" ? Voici lUie autorité bien retpedlabJe faç ^cjS Georges L Çonfpiration Toufes Ics affaires étant finies aiî Pins^queelou. g^^ jg j,^ ^^^^^^ Georges rompit lô parlement, en convoqua un nouveau* Les éledions furent h bien dirigées , que les membres de Tancien formè- rent la plus grande partie des com* munes. Le roi iîc bientôt part à i'af- fembice d'une confpiration nouvelle- ment découverte. Quoiqu'il n'y en eût aucune preuve certaine , ni même vrâifemblable , l'alarme fe répandit comme dans un péril évident. L'aéte d'Haèeas corpus fut fufpendu pour une année entière^ lanation fut mife en quelque forte à la difciétion du miniftere^ quelques feigncuts & plu- ileurs particuliers turent emprifon- nés. Un manifefte abfurde , attribué au prétendant, échauffa encore les efprits. On porta des bills féveres ce point. 33 C'efl ôter toute la force au fer- ment, que de le rendre trop commun. On ne doit jamais admettre perfo'ine à piêccr ferment, que dans le cas où celui qui jure n'y trouve aucun avantage pour lui-mcmc, & n'en procure aucun ni au juge ni au té- moin >••. ( Infirufiion de l'impératrice de Rullie pour un nouveau code, ) Georges I. 599 contre les catholiques. Les bruits & les préparatifs de guerre répandirent le trouble dans tout le royaume. En fuppofant la conjuraiipn réelle , il falloir fuppofcr, félon la remarque de M. Smolerc , que les confpirateurs n'avoient pas le fens commun , puif- qu*on les accufoit de s'être adrelfés au rj,-ent de France, dont les liai- fons Ultimes avec le roi d'Angleterre étoient (i connues. i_l, 'jj; Cependant les communes décla- ^7-h . rent la certitude du complot pour lerbury. changer le gouvernement, & mettre un papifte fur le trône. Elles pourfui- vent le procès des accufés. Un des principaux eft le fameux Attetbury, évêque de Rochefter, prélat d'une nailfance obfcure , mais d'un mérite brillant; ami des lettres , diPtingué par fes lumières autant que par fes vertus \ odieux à la cour , parce qu'il n'en fuivoit pas les principes ; odieux aux Whigs, parce qu'il avoir les fçii- timens d'un Tory. 11 étoit en prifon. Il déclina la juridiction de la cham- bre , & déclara qu'il produiroit fes défenfes devant les pairs. Les preu- ves contre lui fe réduifoient à deux j^oo Georges j. lettres en chiffres , interceptées par les commis de la pofte , ôc félon toute- apparence fabriquées par fes enne- mis. C'en fut allez pour le condam- ner à perdre fon bénéfice & au ban- niffement. _.^ Le biU des communes excita de d*un pair vivcs réclamations dans la^^hambre- en faveur haute. Le lotd Bathurft déploya toute la force de fon éloquence. « Si l'on foutient de femblables procédés, diç- il , il ne refte d'autre parti à prendre pour moi de pour les autres , que de nous retirer à la campagne , ôi»d'y jouix tranquillement de nos biens, s'il eft poflible , au milieu de ne^ familles. La moindre correfpondan- ee, la moindre lettre interceptée peut nous rendre criminels ». 11 infifta fur l'exemple du cardinal Mazarin , qui difoit qu'avec deux lignes de l'é*- criture d'un homme , jointes à un pe- tit nombre de circonftances prouvées par témoin , il étoit maître de fa vie. Se tournant enfuite vers les évêques trop peu favorables à leur confrère , il témoigna fon indignation de la haine envenimée de quelques per- Ibmies contre 1& favant évêque> de Georges î. 401 Rochefter ; haine inconcevable, " a » moins qu'ils nefuiTenc pénécrés de » la ridicaîe opinion de quelques » fauvages, qui croient héricer , noia- » feulement des dépouilles ,mais des M talens d un illuftre ennemi , iorf- » qu'ils l'ont tué dans une bataille ». Ces oppofîtions n'empècherenr pis le bill de palFcr. Atterbury fe réf-igia en France , où il trouva le repos, l'ef- rime , ôc tout ce que la fociéié offre d'àgréniens aux efprits fupérieurs Se aux belles âmes. Le roi accorda le pardon du lord Bolingbroke , en mê- me-temps qu'il fit tranfporter l'évc- que hors du royaume. Il n'y eat qu'un leut homme exécuté pour la eonfpiration. Où étoient donc iss Gon foira te urs ? i .111 1 ■ lii» On ne fauroir mieux employé': la 172-;. rigueur des lois y qu'à punir ceux qui clianceiîêr'^'' abufent de l'autorité des lois mêmes. MacdesfisJ. Tel étoit le comte de Macclesfied , chancelier , homme intérelfé , donc les pratiques vénales exciroient les murmures de la nation. Chargé de la haine publique j il réfigna volon- tairement les fceaux. Mais cette dé- maxcl^ ne le mit point à couvert. Qsi, 402, Georges I. l'accufa au parlement d'avoir envrJii les biens de la veuve & de l'orphe- lin ; d'avoir porté les places de la chancellerie à des prix exorbitans; d'avoir abandonné à fes fabalternes de grolFes fommes appartenantes aux plaideurs , afin. que ces officiers paf- fent fatisfaire fa propre rapacité. On inftraifit le procès. Le chancelier, con- vaincu de pratiques frauduleu fes , fut condamné à une amende de trente mille livres fterling , &c à demeurer en prifon jufqu'au payement. Si la corruption pénètre dans l'ame des premiers magiftratSj quel ravage doic- elle faire dans le corps de la nation î L'exemple du châtiment devientalors néceffaire. Malheureufemenc il eft plus rare , à mefure que le vice eft plus commun. Subficîes Le roi prorogea le parlement / ponr des af. jiprès lui avoir témoigné une fatis- gères. lacfcion pleme de reconnoittance. Des fubfides confidérables qu'il en tiroic fans néceifité , méritoienc ces fenti- mens, Les communes fe montroient auffi prodigues , qu'elles aVoienc été autrefois dures de économes. La na- tion étoic moins accablée d'impôts » Georges I. 40^ dans les temps où l'on ne cefToit de crier au defporihrje. Georges , comme cledleur de Hannover, ay.m: des inté- rêts étrangers à ceux de Ton royau» me , fa grande politique confilla tou- jours à les foutenir aux dépens de l'Angleterre. 11 la dé^iloya bientôt dans de nou- Traire '. On ne lailfa pas de Tlécider que le? Georges I. 407 mefures du roi écoient honorables j jiiftes Se néceiraires. Une proteftation de dix-fept pairs prouva feulement qu'il y avoic encore des âmes allez couragcufes pour fe roidir contre des réfolutions qu'elles ne pouvoienc ap- prouver. La harangue du roi lui attira une ,,^^^2m{i efpece de démenti public. Le comte niûi-edei'em- de Palms , miniftre de l'empereur à p"'"''* Londres ^ eut ordre de lui préfenter &c de publier une remontrance , dans laquelle on imputoit à Georges d'a- voir avancé comme certains , pluiieurs faits tronqués ou mal rendus , ou def- ritués de fondement ; on foutenoiç que l'article fur le prétendant étoit faux ; qu'il n'y avoit aucune alliance otfcnlîve entre l'empereur & l'Efpa- gne ; que le traité de Vienne ne doti- iioic aucune atteinte aux droits légi- times de l'Angleterre: ondemandoic enfin réparation de l'injure faite à. fa majellé impériale par ces impu- tations calomnieufes. Le parlement s'éleva contre un mémoire fi hardi ; Paltns fut renvoyé j les deux fouve- rains s'attaquèrent à la diète de l'em- pire par des écrits pleins de perfonna- ^.oS Georges ï. lités Se d'amertiime ; tout annonçoît une guerre violente ôc opiinacre. Georges contraria de nouvtc.ux en- gagemens avec la France , ia Suéde , le Danemarck , le prince de HeiTe- CaiTel. 11 fe ménagea des fecour^ en Allemagne , mais qui dévoient coû- ter de grolTes fommes à l'Angle- terre. reparlement ^ p^^5 j^y^j^ jq^^^ obtenu du parle- ges l'emploi ment , il ne lui reiroit qu a le rendre fies fubiîdes. n^aître de l'emploi des fubfides , em- ploi donc le parlement avoir été fi ja- loux. Le fecrétaire de la tréforerie propofa dans la chambre des commu- nes, qu'on donnât pouvoir au roi d'appliquer l'argent qu'il jugeroit né- ceflaire pour fournir aux dépenfes j & pour remplir les engagemens con- tradés, ou qui pourroient l'être avant la fin de l'année. Cette propoficion éioit de nature à foulever les efprits. On ne manqua pas d'obfervier que la prudence des parlemens avoir cou- jûurs pris des précautions contre le mauvais ernploi des deniers publics ^ que jamais , dans un gouvernement libre , il ne s'éroit donné de pouvoir Cl illimité & d'une conféquence C\ dangereufe . I Georges Î, 'j{.q^ iJangcreufe , qu'il étoit eflentiel pouf îebien de l'ctat de conferver les for- mes parlementaires ^ d'accorder les f'ecoLirs fur des eftimations , & d'ap- pliquer ces fecours à des objets avoués publiqueoient ,& reconnus nécelfai- res j enhn, que (î l'on dcrogeoit aujç ufages , aux maximes ctab^es , de pareils exemples deviendroicnt fré- quens, les miniftres & la couronne dcquerroient un pouvoir abfolu de lever des taxes, & la conftitution an- gloife feroit bientôt anéantie. Il en fut de cette affaire comme des autres cgitces fous ce règne. L'oppofitioii ne put contrebalancer le parti de la cour , & le bill palFa dans les deux y hambres. Cependant les Efpagnols forme- siega Ja ren.t le fiege de Gibraltar. Mais leurs GibraU^r, mefures étoient trop mal prifes , ôc la place trop bien défendue , pour Cju ils pudènt réuflîr. Les puiflances , armées l'une contre l'autre n'avoienc pas, malgré l'aigreur du relTèntimenr, cette paffionde la guerre qui prolonge les calamités du genre humain. La France employa utilement fa média- îAon pour rendrç le calme à l'Europe» Tome IIL S 4T0 Georges I. Préiimînai- Oïl coiivint des articles préliminaires , resdepaix. porcaiic quc les hoflilités celferoienc d'abord, que la compagnie d'Oftende feroic fufpendue pour fepc ans , &: que l'on tiendroic dans quatre mois un congrès où tous les diftérends fe- roienc terminés. Le roi , après avoir établi une régence j s'embarqua , &: Mort de prit la route de Hannpver. Il fut atta- Georgesi. q^^ gj-^ chemin d'une maladie donc il mourut à Ofnabrug, dans la foixante- huitieme année de (on âge , & la trei- zième de fon règne, Spacaraflere Georges I avoir de grandes quali- tés , beaucoup de génie , de difcerne- menc , de politique , de talent poui* les négociations ; il étoic ennemi du fafte , ôc grave dans fa conduite , quoiqu'on lui reprochât avec raifou d'avoir donné à fa maîtreflTe la char- ge de grand-écuyer. La réputation de fage(Te , dont il jouifToic avant que de parvenir au trône , fut ternie aux yeux des Anglois, par un gouverne- ment peu conforme à leurs princi- pes & à l'intérêt de la nation. Adoré par {çs peuples d'Allemagne , com- me Guillaume 111 l'étoit en Hollan- de j il éprouva ^infi aue Guiilauîne « Georges I. "411 combien l'Angleterre eft plus diffi- cile qu'âucLUi autre état à gouverner paifiblemenr. Mais il eut le talent de s'y rendre prefque abfolu, ou plutôt d'y amener tout au but de fa politi- que. Les confeils de i^es miniftres l'entraînèrent peut-être au-delà de (es propres mefures; 8c d'ailleurs , il eft fi naturel aux princes de vouloir étendre leur autorité ! En devenant maître du parlement , il perdit l'af- feclion de fon peuple , le. plus grand tréfor que puilTe avoir un fouverain. Brouillé avec le prince de Galles ,' ( Georges II ) fon fils unique ôc fon fuccefleur, il ne lui donna jamais de part au gouvernement. Le fils a paru, plus digne de la couronne que le père. Nous terminerons cet ouvrage par obr».c\'aû3aj quelques obfervations fur le gouver- nement, les mœurs & la littérature d'Angleterre ; objets plus intéreflans pour la plupart des ledeurs , que les iîeges , les batailles & les traités politiques , dont les détails minu- tieux fatiguent la mémoire fanj je:i^ercer la raifon, Sii 412, Georges I. Pouvoir de Depuis l'expulhon des Stuarts , îa laccuronne. pj-^^rogative royale étoic relTerrée dans des limites plus étroites j les actes d'autorité arbitraire furent moins communs , la liberté civile mieux af- fetmiej mais le fouveraiii n'en fut guère moins puillanc. Il avoic tou- jours en main les relTorts oui re- tnuent les pallions. Maître des offi- ces , des dignités , il pouvoir attirer à lui cette multitude d'ames ambi- tieufes ou vénales qui adoient la for- Cçrrupton. tune. Une corruption contagieufe , produite par les richeiïes & par l'in- trigué , infecta dès le temps de Guil- laume III ce peuple altier, (i jaloux de fa liberté. Deux partis inconcilia- bles employèrent l'un contre l'autre l'art funefte de féduire les citoyens , & d'acheter les fufFrages. Pour do- miner dans le parlement , ils ne rou- girent pas d'altérer les principes du parriotifme; & la cour fut protiteir d'un mal qui favorifoit (gs delT'eins. Lcparlemerc Elle vint à bout de. remplir de roi.ru:s à la ^gj partifans la chambre-balfe , d'eu diriger les délibérations, d'en tirée des fubiïdes énorpies , plutôc pomi ks oropres intérêts 5 que cela ne fe vérifiera jamais. Ce- » pendant la nation peut erre aOTez >î malheureufe pour voir fur le trône M un tel prince , livré à un tel minif- jî tre , & le miniftre foutenu par un « tel parlement. Les lois humaines » ne peuvent changer le cours de la » nature. 11 ne dépend pas de nous » d'empêcher l'exiftence d'un tel prin- JB ce ni d'un tel parlemenr, Er coni- 39 me il eft. bien plus vraifemblabla S iij 4T4 Georges I. 35 qu'il exiftera fi la loi des fcpt an- 35 nées, fubfifte , que fi elle efl ancan-'" >• tie , je conclus à demander avec j> toute l'ardeur poffible que cette loi » foit annulée jj. La propofition de "Windham fut débattue &c le plus grand nombre la rejeta. Lepsrtides II y cut toujours en Angleterre de paçriorcspius ^es hommcs vigilans , zélés j incor- inptibles , qui ont fans ceHTe la patrie devant les yeux , qui luttent contre Je torrent des intérêts étrangers , & qui parlent en citoyens au milieu de l'afiTemblée la plus corrompue. Un gouvernement , où de tels hommes peuvent dire librement leurs pen- feeSjOÙils la. difent fans crainte & fans détour , a dans foi-mème un grand principe de vie & de vigueur. Mais depuis que la couronne a une 'armée permanente y depuis qu'elle a des intérêts qui ne touchent point la nation j depuis qu elle peut comp- ter fur les fuffrages d'un long par- lement i l'équilibre des pouvoirs qui forment la conftitution angloife , eft devenu plus difficile à maintenir. Des atteintes violentes à la liberté révol- ter oient un peuple ombrageux ôc ter- "Georges î. 415 tlble dans fes cm porte mens. La cor- ruption, en détrinfant les principes 5 fera peut-être un jour pîus de mal que n'en feroient les violences du defpotifme. Cette corruption , à là vérité, mife en œuvre par les deui partis , fait une efpece de contre- poids entre l'un & l'autre. Malheur à une nation où un tel vice feroic un mal néceflaire ! La vraie liberté tient efientiellement aux mœurs : il faut qu'elle périlTe Un jour fi ce fon- dement s'écroule. On admire dans rEfpric des lois Sentîmpnsda (l.XI,C.6.1.X>AjC.17.) la pein- A,rleeoi.ver. tare du gouvernement d'Angleterre, nsmsnt an- Le génie lublune qui l a tracée , de- " veloppe tous les nvânrages de cette inftitution politique, ficlareprcfente comme un des chefs- dœuvre de la légiflation humaine. L'en imofué des partis , les excès même de tout genre lui fourniffent une preuve de la force interne de l'état. <« Toutes les paf- j> fions y étant libres , dit il , la hai- 35 ne, l'envie, la jaloufiej l'ardeur 3-> de s'enrichir & de fe diftinguer pa- J5 roîtront dans toute leur étendue 5 30 & fi cela étoit autrement , l'étal S ïv 41^ Georges 1. 3î feroic comme un homme abAtiti « par la maladie , qui n'a point de j> paflîons j parce qu'il n'a point de 3) forces». Sans examiner fi les An- glois jouident adaeilemenc de leur Jiberté , ou non , il montre qu'elle eft établie par leurs lois , & il n'en cherche pas davantage. »> Je ne pré- sj rends point , ajoute-t-il , ravaler »» les autres gouvernemens , ni dire ï> que cette liberté politique extrême » doive mortiher ceux qui n'en ont « qu'une modérée. Comment dirois- « je cela , moi qui crois que l'excès » même de la raifon n'eft pas tou- » jours déhrable , & que les hommes »> s'accommodent prefque toujours î> rpieux des milieux que des extré- >j mités ? ^3 En effet , pour peu que l'on réfléchille fur la fermentation , le& cabales , \qs difcordes , les trou- bles , l'inquiétude, la défiance, les partions orageufes qui agitent perpé- tuellement le peuple anglais ; le François , protégé par des lois fages , attaché par amour comme par devoir à la perfonne de fon roi, fidèle fans contrainte , & obéiflanc avec hon- neur, le François, dis- je , lors même Georges I. A ^7 t\\iQ le cours des événemens lui arra* çhera quelques plaintes, pourra encore fe féliciter ëc s'honorer de fa patrie; Le pouvoir de dire & d'écrire ce Liberté Ja qu'on penfe, en fe renfermant dans P^^^''^<^'^' les limites de la loi, eft fans doute , comme l'obferve M.deMontefquieu, une fuite nécefifaire de la liberté. Ce devroit être le moyen d'éclairer le peuple & ceux qui gouvernent j de faire fen tir les abus,& d'y apporter du remède ; de foutenir les intérêts de la patrie , & d'en écarter les périls» Ge précieux avantage , l'Angleterre l'éprouve complettement : aulîi peut- - on dire que nulle part les citoyens , en général , ne font Ci éclairés fur les affaires civiles ou politiques , donc ils s'occupent même fans paroître s'occuper. Mais la licence abufe des droits les plus légitimes. Chez les Anglois une fatire envenimée ne ref- pecte 'ni les particuliers , ni les mi- niftres , ni le gouvernement. Non con- tens de diftiller leur fiel dans les con- verfations ou dans les libelles , ils l'ont fouvent répandu avec fureur fur les théâtres. Et de-là combien d'in- convéniens dangereux ? Sv 4^8 G E O R G ï s T. Licence du Une farce contre le miniftere ayanc- tbéàcre, ^^^ dénoncée , foas Georges 11 , à la -chambre des communes j on propofa \m bill pour alfujetcir les éciivains dramatiques à l'infpedion du cham- bellan , de manière qu'ils ne puflenE faire jouer aucune pièce fans per- miirion. Le comte de Chefterfield fit à ce fujet un difcours très-remarqua- ble. En convenant que le théâtre dé- voie avoir âss régies, il foutinc qu'il falloit s'en tenir aux lois établies j ôc ne pas mettre de nouvelles entraves Dîrcowrs ^ '^ liberté. » Si une pièce , dit-il > fur cet objet, jj femble être un libelle, ou contre » le gouvernement, ou concre quel- j» que particulier j les tribunaux fonE n ouverts j les lois fufHfent pour pu- » nir les criminels. S'\ les poètes ôc 31 les comédiens méritent d'être rc- j> primés , qu'ils le foient par la lé- »ï gislation connue : s'ils fe rendent » coupables, qu'il foient jugés, com- » me tous les autres Anglois , par les » lois de Dieu & par celles du pays. 3» Ne les afTujettidons point à la vo- » lonté arbitraire & au caprice d'un M homme. Le pouvoir d'unfeul pour » juger ^ déterminer fans limitatioi^ loi Georges Î 4î| a fans appel , eft un pouvoir inconnu » dans nos lois , incompatible avec j> nocre conftitucion ,un pouvoir plus }j grand , plus abfolu que nous n'en » accordons au roi même ». Ce dif- cours fuc admiré j mais n'empêcha point le bill des fpedacles de padèt en loi. Plus la législation eft douce , lia- Amour ^es maine, impartiale , plus les lois font aimées &c refpeâées. Rien peut être ne fait tant d'hcnneur aux Anglois. Ils fencent que les lois font le gags de leur bonheur j ils les connoiflenr. Jufques dans fes emporremens , le peuple fc montre jaloux de les main- tenir. Un juge de paix , un bas offi- cier de police ar né d'un bâfon ^ l'.ir- rêtenr quelquefois : un appareil mili- taire auroit moins de force. En d'au- tres pays, le nom de loi n'infpire guère au peuple que des fenrimens de crainre: à peine y attache t il une idée de proteétioni Là , au contraire , on facrifieroit tout pour ladéfenfe des lois. Quelle heureufe révolution un grand législateur pourroir opérer ., dans les états mêmes où la Hbetîé civile eli moins étendue ! S vj 410 Georges I. Carafceredu Georges I fuppriiiia en 1717 , I peupic. \^ requête de l'univerfité de Cam- bridge , l'ufage ridicule de brûler en effigie le diable , le pape, le préten-' danCjle duc d'Ormond ôc le comte de Marr. Un tel ufage fait connoître le cara6tere du peuple , la vivacité de fes haines , ôz fon mépris des bien- Peu de féances. La politefTe n'a point encore roiueffe. ^({'g2 adouci cette âpreté de mœurs, que les Anglois tiennent du climat , de la forme du gouvernement , & de leur pofition dans une île. Des hom- mes accoutumés à la mer , enflammés par l'efprit de fadion , orgueilleux de la liberté Ôc de la fortune , livrés à des difputes politiques, tout occu- I pés de leurs intérêts &z de leurs fyftê- mes ; ardens , fougueux , moins par faillies que par principes , dédaignent trop l'art de plaire pour ne pas fran- chir fouvent les bornes de l'honnê- teté. T r- C'eft une chofe commune parmi jmitenr fou- cux , que les leigneuts mêmes , con- rent le peu- fonJus avec le peuple , prennent part à (es excès & à {es emportemens. Les richefles rapprochent les états j la grande aiuorité des communes enfle Georges I. 41 î le cœur de la bourgeoifie. Chacun fe regardant comme un perfonnage , & ne craignant aucun citoyen, la fierté de tous met une forte d'égalité entre tous. Aujourd'hui on aperçoit quel- changement que changement^ les campagnes font ^^ mœurs, inoins habitées par la noblelîe ; elle court davantage aux plaifirs de Lorr- dres ; les modes ou les ufages de France s'introduifent de jour en jour. On en deviendra fans doute plus poli , mais plus efféminé , plus cour- tifan : y gagnera- t-on beaucoup ? L'humeur, le caprice, la bizarre- Himeiir ca- ne j doivent necellairemenc éclater dans une nation , où les citoyens ne fe foucient de plaire à perfonne. La plupart ^ avec de Vefprit, feront tour- mentés par leur efprït même , félon la remarque de Montefquieu ; dans le dédain on le dégoût de toutes cho- fes , ils feront malheureux avec tant dcfujets de ne l'être pas. De là vient Sukldeffé. fans doute la manie du fuicide, dont «luent. les exemples font fréquens en Angle- terre. Un Anglois s'ennuie de vivre, & fe tue de propos délibéré. Richard Smith & fa femme fe pendirent en .17315 l'uQ à coté de l'auue, aptes 4ii Geo r. g es h avoir tué leur enfant erîcore au bef* ceau , & avoir recommandé par uil billec leur chien & leur chat aux bon- tés de leuir hôteire On trouva une lettre écrite . non-feulement de fang froid , mais avec une forte de gaîté ^ par laquelle ils juftiiioient leur réfo- lucion Ik le meurtre de leur fille. Ils lui avoient ôté la vie , difoient ils , pour lui en épargner les maux*, ils vouloient fe délivrer avec elle de la Inifere oii ils étoient tombés fans reffource j ôc ils fe confioient en la bonté de l'Etre fuprème qui ne pou- voir fe complaire dans le malheur de fes créatures. Le défefpoir de ces deux infortunés eft moins étrange que ce- lui d'un grand nombre d'autres An- glois, qu'on a vus fe donner la morÉ au fein de l'abondance , pat triftefîe ou par dégoût de la vie. PuifT nre& Sj \q couraç^e Se h politique , l'agri- inchtiies du , „ 1,- 1 n • I ^ °a royaume. cuiture & 1 mduitne, le commerce o^ la marme ont porté la puilTance des Anglois au plus haut point où il fem- ble qu'elles puiiïenr parvenir ; ce n'eft peut-être peur eux qu'un préfage de décadence. A force de s'étendre en Amérique, ils y ont fondé un empire Georges 1^ 42^ q'ai femble prêt à fe dérachet de la métropole : leurs guerres de commer-» ce , Cï contraires aax vrais principes du commerce , ont chargé l'état d'une dette énorme que les fruits de la vic- toire ne rendent pas moins accablan*» te; les richetres & les taxes ont tel- lement haulfé le prix de tout , qu'ils femblent ne pouvoir foucenir la con- currence des autres peuples commer- cans. En un mot , ils ont à craindre le poifon lent , mais toujours Funefte^ d'une excellîve profpérité. Les fciences & les belles-lettres . ..^'''^^.^^^ cnt rendu leur gloire plus durable. Nul peuple ne les furpafle dans les méditations favantes^ Leurs mathé-* maticiens , leurs philofophcs , ont ouvert une immenfe carrière à l'ef- prit humain. Il fufHt de nommer Newton ôc Loke ; génies d'autant plus admirables qu'ils fe renfer- ment dans la fphere de la nature p«ur en percer les fecrets , au lieu de fe perdre dans les f;ftcmes fan- taftiques pour créer de nouvelles er- reurs. Plufieurç philofophes en An- gleterre ont fui vi les faulTes routes de l'impiété j malheur prefque inévisa- phiiolopifii»« 42-4 G £ O R G F s I. ble lorfque la raifon n'a aucun freîili Théologie. Mais la religion a trouvé parmi les Anglois des défenfeurs fans préjugés & fans fanatifme , aufli forts par le raifonnement que refpe£tables par l'é- I e clergé tendue des lumières. Le clergé ayant édairé. perdu fon ancien crédit, s'eft livré aux travaux qui attirent l'eftime per- fonnelle. 11 a très -peu d'influencô dans les affaires ; mais il porte la lu- mière dans les efprits. La fcience , les talens conduifent aux dignités ecclé- fîaftiques; ôc l'émulation nourrit des ralens, qui feroient étouffés fous l'empire de la faveur. Goûc des . ^^"^ "" P^ys ^^^ ^''^" préfère Tu- expériences, tile a l'agréable, les recherches, les expériences relatives aux befoins de la fociécé , fixent principalement l'at- tention du public. Perfonne n'ignore combien les Anglois ont travaillé en ce genre j & combien ils y ont eu de fuccès. En perfeétionnanc l'agricul- ture & la navigation, ils fe font af- fûté des relTources inépuifables. Par l'inoculation de la petite vérole, ils ont confervé des milliers de citoyens. îjttoculatlon. Elle fut effayée fur des criminels en jj 2.1 y de depuis elle eft devenue pref- Georges I. 415 que générale dans le royaume. Ce n'eft pas à nous de pefer les raifons pour & contre cecre pratique. Mais fous quelque point de vue qu'on l'eii- vifage, il paroîc que l'exemple d'un peuple éclairé eft en ce genre la plus forte de toutes les preuves j Ik que , (1 le particulier peut craindre l'inocu- lation , le public doit la defirer. La littérature eft devenue dans ce Belles let- fiede un des principaux ornemensde ^"^* l'Angleterre. Les auteurs célèbres qu'elle a produits font aujourd'hui trop connus , pour qu'il foit néctf'^ faire de les déiigner. Des idées neu- ves , des réflexions profondes , des penfées hardies , un ftyle mâle , éner- gique , fouvent obfcur à force de pré- ,ci(îon , les caradérifent prefque tous. Le lord Bolingbroke , le comte de Shaftesbury, Addifon fecrécaire d'é- rat , &c. ont moins brillé par leu^ rang que par leurs ouvrages. » Pope, js dit M. de Voltaire > a réduit les fif- » flemens aigres de la trompette an- »i gloife aux fons doux de la flûte », Pocte fublime , élégant , philofophe, tradu6teur & émule d'Homère, il eft admirable quand il s'élève à des obr 42.<^ Georges ^ jers dignes de (on génie ; il eft au- delfoiis de lui-même quand il fe plonge dans le bourbier de la fatire. Les Anglais ont enrichi leur théâtre des dépouilles de celui de France, qu'ils affedent de déprimer , &z dont l'Europe re:onnoK les avantages fur le leur j mais iîs nous ont appris à penfer plus fortement , à donner hioins d'entraves au génie , à répan- dre les vérités utiles jufques dans les genres frivoles ,à changer les romans mêmes en école de moral c-. Rendons jiiftice à leurs excellens écrivains: les nôtres n'en feront pas moins les déli- ces de toute l'Lnrope. Hiftoire. Un genre où ils excellent aujour- Hiime& d'hui , c'eft l'hiftoire ; ^enre le plus Utile peut-être de tous j puilque c elt le plus propre à répandre la lumière bienfaifanre de la vérité. MM. Hume &: Robertfon réuniiïent tout ce qui diftingue les grands hiftoriens : ils intérelTent Çc inftruifent également. Ecoflois l'un de l'autre, ils vengent en quelque forte leur patrie du tort que lui ont fait tant de fiecles de ftupidité, de barbarie j de fiiperfti- tion & de fanatifme. Dans quel cli-» @£ ORGES L 4^7 mat ne peuvent pas éclorre les fruits de la raifon, les chefs-d'œuvre du goîit ? Dans quel climat les fciences ne peuvent - elles pas produire des miracles? Si quelqu'un ofe encore fe déclarer partifan de l'ignorance, qu'il voie ce que l'EcolTe étoit jufques dans le dernier fiecle , Se ce qu'elle eft de- venue depuis qu'on y cultive les coiu noilTances utiles au sente hua^ain. 13^ Fin du troïjiems & dernier Foiumé» 41? .j^-^^^.jLu TABLE DES MATIERES. SOMMAIRES DU TROISIEME VOLUME. CHAPvLES I^ chap. i. page i. i^REMiERES hoftilités : fiege de Gloceftei par le roi : les communes intraitables : èlies envoient au fecours de Glocefter: bataille de Newbury : mort dt Falkland : les Ecof- fois pour le parlement : covenant commun : trêve du roi avec les Irlandoi'^ : parlement d'Oxford oppofé à celui de Weftininfter : soavelles hoftilités: autres batailles: poli- tique du parlement : feâe des Indépsndans: caratjere de Ctomwel : projet de réformer l'armée : artifice fîngulier des Indépendans : ordonnance du renoncement à foi-méme : Fairfax générale Cromwel fous lui : négo- ciations inutiles : conditions honreufes que le parlement propofoit: fanatifme des par- lementaires : Laud exécuté injuftement : différence des deux armées : bataille de Nafeby décifive contre la couronae : on pu- blie les lettres du roi à la reine : les affaires empirent : négociation en Irlande, qui ir- rite encore les rebelles : le parlement change le gouvernement eccléfiaftique : Presbytériens: fyftéme de tolérance: rejeté par les Puritains : le roi fe livre aux Ecofr DES MATIERES. 4^7 fois : comment ils le reçoivent : infoience des miniftres: les Ecolfois vendent le roi au parJement : on le traite indignement : révolte de l'armée contre le parlement : parlement militaire: l'armée enlève le roi; le parlement devenu odieux : l'armée exercé à (on tour le defpotirme : elle domine à Londres : le roi Te fauve dans l'île dé Whits : fadtion des Levellers ; leurs prin4 cipes extravagans: Cromwel les réprime: articles qu'on veut faire foufcrire au roi : on perd tout refpeél pour lui : féconde guerre civile: négociation entre le roi & le parlement: on ne peut s'accorder fur deS points de religion: entêteitieiit infenfédes feétaires: progrés de l'armée : exécutions: traits de courage : l'armée veut Ce défaire du roi : le parlement réduit aux Indépen- dans : bill qui renverfe la conftitution : dif- cours hypocrite de Cromwei j le roi devant (es juges : réponfe du roi: il eft condamnq à mort : quatre feigneurs s'offrent à mou- rir pour lui : le roi fe prépare au fupplice: Fairfax trompé par les régicides : douleui; de la nation : lettre de Charles I à fon fils: l'Icon de Charles I: arts, littérature : Ben<'_ Jolxnfon dans la mifere, ^ . . ■ I RÉPUBLIQUE, page 47. La monarchie abolie : plusieurs partis dans la nation : Fanatiques : Charles II proclamé en EcolTe ; fon parti en Irlande : révolte des Levellers : gouvernement tyrannique: Cjçmwel fubjugue l'Irlande: exécution d'^ 4îO TABLE brave Montrofe : paroles de ce" héros: Charles II en Ecofle : il eft forcé de prendre le langage du fanatifme : zele des Ècoflois contre les Torciers : Cromvel eft général, & marche en EcofTe : le clergé EcolTois af- foiblit l'armée par la bigotterie : bataille de Dunbar : Cromvel réfute les rêveries des Ecolfois presbytériens : Charles à l'armée : il pafTe en Angleterre: Crom\s7el vain(]ueur à Worcellet : fuite du roi à travers les plus grands périls: puiflance de la République: roumiflion de l'Irlande & de l'EcofTe : rup- ture avec la Hollande : la comtefTe de Der- by : aéles de navigation : hoftilités: progrès étonnans de la Hollande : projet de Crom- vfel contre le parlement : il le caHe avec outrage : ce trait donne l'idée la plus jufte de Cromvk-el ; parlement fanatique de Ba- rebonne ; harangue fînguliere de Cromwel: aéles dignes d'une telle aiTemblée : diffolu-- îion de ce parlement : Cromwel proteéleur: Ton autorité : fuite de la guêtre avec la Hollande: le protecteur fait la paix : par- lement bientôt diflbus : affaire de Pauta- léon-Sa : alliance avec la Suéde : guerre de Irance avec l'Efpagne : Mazarin brigue l'alliance de Cromv/el : Cromwel préfère la France à l'Efpagne : le zèle de religion y contribue : expéditions maritimes contre l'Efpagne : conquête de la Jamaïque : mort de Blake : gouvernement intérieur de Crom- wel : il dompte les Puritains : il fe garantit de l'afTallinat : patlement voiié à Cromwcl ; on lui offre la couronne : il la refafe : pour- quoi : on règle fon autorité : il cafle ||^ DES MATIERES. 43 ï parlement dès qu'on l'incjuiete : Dunkerque remis à Cromwel : Mazarin le courtife : Crom\)/el dévore de chagrins: fa derniers maladie : il Ce raifure coivre les remords : il prédit fa gaérifon : il meurt : portrait d'Q- livier Cromwel : les circonflances l'entraî- nèrent ; Richard Cromwel protedeur : ca- bales dans l'armée : Richard Te démet : i} vécut heureux dans la retraite: le Rump, parlemeut ridicule : coufpiration en faveur de la maifon royale : Lambert fauve le par- lement & le calfe : Charles II fans rellource à la paix des Pyrénées : Monk fe déclare pour le parlement : fa prudence : le parti d§ l'armée abattu: Fleetwood fans vigueur: Lambert ptifonnier; Monk dans la capitale: parlement libre convoqué : reftauration de la monarchie : proclamation de Charles. Mœurs , fanatifme : les républicains auf- teres : les royaliftes gens de plaifir : mœurs & opinions des Quakers : leur premier fa- natifme : déiftes , littérature : Hobbes : Hafvey : Milton : finances: troupes , leur paye : commerce : noble/Te commerçante : réduction de l'incérêt : l'argent devenu le rellort des gouverneçnens. CHARLES II, page igk Bonnes qualités du roi ; confeil bieij compofé : Hyde , comte de Clarendon : adle d'amniftie : revenu de la couronne plus fort qu'autrefois : procès des régicides ; leur fa- natifine jufqu'à la mort : l'armée congédiée: |e parlement diffous : offre étonnante gij 45i TABLE ioi : l'épifcopat rétabli avec modération ; foulèvemens de fanariques : les Presbytér henstrop difficiles à fouraettie: parlement t a<île en faveur de la couronne : bill d'uni- formité : cet ade propre à aigrir les feétai- tes : fuWîde extraordinaire : procès de Vane !c de Lambert : défenfes du premier : Dun- kerque vendu à la France faute d c-'ono- mie : les presbytériens vexés : le roi favo- rable à la religion catholique : déclaratioa de tolérance défapprouvée parle parlement: guerre avec la Hollande : batailles navales: Louis XIV pour les Hcllandois: combat de quarre jours : Ruyter battu : petle & in- cendie de Londres : on accufe de l'incendie les catholiques : négociation de Breda^:' entreprife hardie des Hollandois: trait^cfe Breda : difgrace du comte de Clarendon : il eft accufé & banni : fa retraite en France: alarme qu'infpire l'ambition de Louis XIV : triple alliance négociée à la Haie : de Wic n'attend pas le confentement des villes: niodeftîe du chevalier Temple : paix d'Aix- la-ChapeJle : commencemerr des troubles : à(5le contre les conventiciles ; le roi mé- content : nouveau miniftere r.l: -•'•-aie: ^•-ftéme du roi pour Ce paffer du parlenieut: il fe ligue fecrètement avec Louis XIV: il îrt^mpe le parlement : deux fautes du roi : (^utrage fait à un gentilhomme: fcélérat ea faveur: autres imprudences: guerre avec i^ Hollande fous de frivoles prétextes : deux faârions en Hollande : le prince d'6- j-«inge : combat naval de i|>Jebay : Louis ^^V cl] Hollande: le prince d'Orange fta- thouder ; DES MATIERES. 4îj Aouder : mafl'acre des Wit ; Guillaume anime les Hollandois : parlement lafl'em- blc : Sliaftesbury chancelier : on attaque la déclaration d'indulgence ; le roi eede : ferment du teft: infidélité de Shaftesbury: la Hollande délivrée : paix avec la Hollan- de : confeils du chevalier Temple au roi : Louis continue la guerre avec fuccès : dif^ putes parlementaires : ferment qu'on veut exiger : conteltation des communes avec les pairs : les cafés fennés & rouverts : puif- fance de Louis XIV : conduite de Charles à fon égard : paix de Nimegue : l'Ecolfe lyrannifée : traits d'opprelllon : le roi n'y remédie point : confpiration abfurde attri- buée aux catholiques: Oates accufateur: fes déportions contre les jéfuites : lettres de Coleman au père de la Chaife : la conf- piration jugée certaine : on dénonce la conjuration au parlement : Oates récom- penfc : autre délateur fufciré par exemple: mefures violentes du parlement : Danby accufé de trahifbn pour une faute du roi ; le parlement eft prorogé Si caiTé ; procès de Coleman, du P. Ireland, &c. le com- plot papifte eft une chimère : nouveau par- lement : on en veut au duc d'York : le roi l'oblige de fe rerirer : on pourfuit l'affaire de Danby : nouveau confeil : Shaftesbury préfident : le duc d'York exclus de la cou- ronne : bill d'exclufion : autres aéles des communes ; bill d'Habeas corpus, pour les emprifonnemens : le parlement calTé, exé- cution de cinq jéfuites iniiocens : révolte des presbyicrieçs en Ecolfe : "Whigs &c To-> Tome m, T 454 TABLE lys : pailemenc: exhortation du roi: vio- lences des comaiiuîes : réfiftance de StO' \/ei : procès de ScafFord, pour le complot papifte ; il meurt avec courage : Charles taire le parlement : parlement d'Oxford : mutinerie ; le roi plus ferme : impofteu? protégé par les communes : le parlement caflé; le roi devient abfolu : efpionage & délations ; le duc d'Orraond en Irlande : Shafcesbury raccufe; le comte d'OlToiy le défend : l'ïrlande paiiible fous fon gouver- lîement : affaires d'Ecofle : Argyle contre le duc d'York: excès du gouvernement : lé âac d'York redouté & haï : Londres dé- pouillé de fcs privilèges : confpiratiou de Shaftesbury : fin de ce confpirateur : la confpiration découverte : comment la tra- hifon doit être prouvée félon les lois: pro- cès & mort de Rufiél : p.-ocès de Sidirey ; fes écrits fervent de témoin : fort d'Elfe Jt &,de Montmouth : le roi abfolu : propor- tions condamnées à Oxford : autorité du duc d'York: irjort de Charles II : fon ca- raélere : méprife des Stuarcs : ils fe légloienc imprudemment par des exemples étrangers; le duc d'York fucceileur de fon frère. ■ I I I II « JACQUES II, pa^e 191. Difcours de Jacques au confeil : adrelTe des Quakers au roi : les Quakeis en Penftl- vanie : conduite du roi peu conforme à fon dîfcours : fon zèle blâmé à Rome: mot de î'ambart'aJeur d'Efpagne: parlement dévoué au rai : difcours imprudent de 7^c(jues BES MATIERES. 4fy Ôates puni ; révolte de Montmouth : il eft pris& exçeuté : exécutions barbares : Jefre- ries , mag^iftrac inhumain : affaires d'Ecolfe : tout s'y fait au gré de la cour; parlement: difpenfe du tefi : haine pour les catholi- ques: examen du pouvoir de difpenfer des lois: les catholiques en faveur: le P. Pé- ters : zèle imprudent du roi pour fa reli- gion : Innocent XI en prévoit les fuites : procès de fix évcques ; mauvais effet qui en réfulre : foupçons fur la naiifance du prince de Çalles : politique du prince d Orange : ligue contre Louis XIV : Guillaume défap- firouve la conduite de Jacques : préparatifs fecrets de ce prince : Jacques rejette les offres de Louis XIV : il eft furpris & trem- blant : manifefte de Guillaume : Jacques abandonné : il perd la couronne fans com- bat : jugement de Hume fur ce roi : parle- ment : on déclaie le trône vacant : pre- mière fource de révolution : le prince d'O- ïange déclare fes intentions : établifreijient de la couronne : les droits de la nation : nouveaux fermens : pourquoi on ne refferra pas davantage la prérogative. Marine 3 commerce fous les derniers reis: mœurs , irréligion : philofophie , littératu- re : Butler , Dryden , Otway : prefque plus de duels 5 pourquoi; préjuge contre les fi- nanciers. GUILLAUME III & MARIE, page 114. Pouvoir de la couronne après la révolu- lion : Burnet évéque : la convention chan* Tij 4V« T A I5 L E gée Pli parlement : parti contre Guillaume ; fubfides avec précaution : le roi veut établir ia tolérance: le clergé y met obftacle : re- venu de la couronne fournis à l'examen des communes : Guillaume reconnu en EcofTe : S.Ù.C contre le roi Jacques : griefs des Ecof- fois : lords des articles : l'EcofTe entièrement foumife : conduite de Jacques protégé par Louis XIV: fa dévotion mal entendue: préparatifs de guerre: Jacques en Irlande : iîege mémorable de Londondery : nouvelles fautes de Jacques : les proteftans vexés : faulTe monnoie , &c ; Guillaume envoi* des troupes en Irlande : il plie fon caraéte- re : le clergé anglican contraire à Guillau- me : le parlement l'inquiète auffi : débats d'un nouveau parlement : fauffe nouvelle de fa mort : bataille de li Boyne : morÈ de Schomberg : retraite de Jacques : fuite des fuccès en Irlande : guerre contre Louis XIV .* l'Irlande foumife : conditions accor- dées aux Irlandois : plufieurs s'expatrient : parlement: plaintes contre le roi : fermen- tation en EcofTe : mafTacre de Glencoe : nouvelle tentative en faveur de Jacques: déclaration qu'il publie : la reine Marie s'oppofe à fon père : combat de la Hogue : campagne de Flandres : prife de Namur par Louis XIV : bataille de Steinkerque ; confpiratiou contre Guillaume: méconten- tement des Anglois : corruption dans le royaume : débats dans le pailement : fabfide prodigieux ; vains projets du parlement : Guillaume battu à Nerwinde : autres avan- tages ftériles de la France : pertes des alliés bES MATIERES. 45^ fiu* p.er : machine infernale : le roi obtient rout du parlement: manèges de cour: af- faires du parlement: bill pour la naturali- iation des proteftans : le parlement trien- ïial ; mort de la reine : prife de Namur par Guillaume : bombardemens: nouveau par- lement : adle concernant les procès de haute- trahi Ton ; réforme des raonnoies : confpirarion en faveur de Jacques : décou- verte du complot : mefures pour le diffiper : aflbciation en faveur du roi : difpute fur le titre du roi : fupplice des conjurés : procès de Fewick : fi le témoignage d'un abfent peut écre admis : fuite de la guerre : traite de Rifwick : la France re- connoît Guillaume : Louis avoit bcfoin de la paix : Guillaume vent une armée fubfif- tante: raifons pour lefquelles on s'y oppo- fe : féconde compagnie des Indes ; on de- mande la réformarion dcs mœurs : fociété pour la reformation: le roi obligé de ren- voyer fa garde hollandoife: le parlement chagrine le roi: affaires de la compagnie des Indes: traité de partage pour la monar- chie efpagnole : nouveau traité de partage: teftament du roi d'Efpagne : Louis XIV accepte le teftament : ade de limitatioa f>our la l'ucceiTîon à \û couronne : droits de a maifon de Hannover à la couronne: le parlement blâme le traité de partage : difpofition à la guerre: miniftres accufés j troubles civiles : libelle contre le parle- ment: mouvement contre la France: ligue de l'Angleterre & de la Hollande avec l'em- fereur : Louis reconnoît le fils de Jac<:juts T iij- 438 TABLE II pour roi d'Angleterre : harangue de Guil- laume : le parlement entre dans les mefures du loi ; more de Guillaume III : fes grandes entreprifes : taches de fa réputation. ANNE, page 197. Anne digne de la couronne : la guerre déclarée à la France : Marlborough , tout- puifTant : état de la France : campagne de Flandres : expédirions maritimes : trait de courage : la reine gagne la confiance du parlement : la mémoire de Guillaume ou- tragée : aéles parlementaires : penfion de Marlborough : traitement du prince de Da- nemark : les Torys dominent & perfécu- tent : conformité occafionnelle : raifons pour & co:i:re : difputes des partis : troubles en EcoiTs : Ecoflois oppof.'s à l'union des deux royaumes : difconrs hardi dans leur parlement : aftaires d'Irlande : campagne malheureufe des alliés: défeélion du duc de Savoie & du roi de Portugal i efforts de i'Angieteire : querelles des deux chambres 1 afte de fureté en EcofTe : danger de l'em- pereur : bataille de Hochftet ou de Blen- heim: fuites delà vi